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Les
socialistes français restent fondamentalement prisonniers de leur
subconscient marxiste et cette emprise est encore plus déterminante
chez les écologistes et au front de gauche. Or l'analyse marxiste est
totalement orientée vers l'objectif de destruction du capitalisme,
inscrite selon eux dans les contradictions propres de l'économie
capitaliste, mais que la dictature du prolétariat pourra
considérablement accélérer.
Cet
objectif conditionne les concepts, le vocabulaire et les méthodes de
la pensée marxiste, interdisant une prise en compte objective des
faits économiques au service d'une compréhension plus fine de
la réalité économique. De là vient la
méfiance quasi pathologique envers l'entreprise, le marché, les
patrons, la bourse, les sponsors, l'argent voire la liberté
individuelle assimilée à la jungle. La ministre de la Culture,
Aurélie Filippetti, ne s'est-elle pas
déclarée choquée par l'irruption du sponsoring dans le
financement de certaines manifestations culturelles?
Dans ces conditions, comment peut-on espérer que les socialistes au
pouvoir puissent parvenir à relancer la croissance d'une
économie qui reste, et restera, fondamentalement une économie
de type capitaliste? Encore faut-il comprendre et accepter les
mécanismes intimes de la création de richesse avant de pouvoir
prétendre la redistribuer.
Parvenu au pouvoir, François Mitterrand s'était donné
100 jours pour « rompre avec le capitalisme ». Aujourd'hui,
à défaut de renverser le capitalisme, le gouvernement
français s'efforce d'accompagner la mise en place d'un capitalisme
d'État, qui est une déviance du capitalisme fondé sur
l'économie de marché, ou de multiplier les
réglementations de tous les phénomènes économiques
(prix, loyers, épargne, investissement, entreprises, travail, etc.).
Comme les phénomènes économiques ne sont que les effets
de nos comportements et de nos décisions, cette inflation
réglementaire revient en fait à un encadrement de plus en plus
serré de nos comportements qui limite toujours plus le champ de nos libertés
individuelles, censées être protégées par
l'État de droit.
Et
comme l'économie repose sur la capacité de faire des choix et
de prendre des décisions (la science économique n'est-elle pas
la science du choix?), la réduction du champ de nos libertés et
des incitations à prendre des décisions affecte
nécessairement la dynamique économique. Aux choix individuels
se substituent les choix collectifs prisonniers des calculs politiques,
eux-mêmes soumis aux poids des lobbies et des corporatismes soucieux de
préserver les rentes acquises.
Dans les années 1960-70, les pays « en voie de
développement » tentaient d'explorer une voie alternative
à l'économie de marché, largement encouragée par
l'URSS, en mettant en place des politiques d'industrialisation fondées
sur la substitution aux importations. Il s'agissait de se mettre en autarcie
pour protéger les industries naissantes. Malgré les aides
massives au développement versées par les pays riches, ces
politiques ont abouti à une impasse. À partir des années
1980, et avec l'effondrement de l'URSS, ces pays ont radicalement
changé de cap en s'ouvrant à l'économie mondiale et
fondant leur industrialisation sur les exportations, ce qui donna naissance
aux pays émergents. Ainsi s'explique la croissance vigoureuse de la
Chine, la Corée du sud, l'Inde, le Brésil ou encore la Russie.
Mais les faits ont beau être têtus, les ornières
idéologiques le sont tout autant. Et les gouvernements français
se sont successivement fait élire, depuis trois décennies, sur
la promesse de nous « protéger de la mondialisation capitaliste
». Même la droite française, profondément
dominée par les schémas de pensée de la gauche, n'a
jamais osé appliquer la politique du socialiste allemand Schröder
qui a permis à l'Allemagne de retrouver la croissance fondée
sur sa puissance exportatrice, après avoir digéré
l'ex-RDA.
Mais pour bénéficier des leçons de l'histoire, encore
faut-il avoir les prismes intellectuels les moins déformés.
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