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Les rencontres se suivent

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Published : November 01st, 2010
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Category : Editorials

 

 

 

 

A l’image de celle des ministres des finances et des chefs d’Etat et de gouvernements – bien que sur un pied plus modeste – la vie d’un chroniqueur de l’actualité de la crise permet de beaucoup voyager. Nous étions à Bruxelles et nous nous dirigeons maintenant les uns et les autres vers Séoul, pour le G20, après une brève escale à Washington, à l’occasion de la réunion du comité de politique monétaire de la Fed.


Pour être clairement formulées, les conclusions du sommet de Bruxelles devront toutefois attendre une nouvelle rencontre, prévue en décembre prochain. Il est pour l’instant sorti de celui qui vient de se terminer l’adoption du principe d’un mécanisme de crise permanent, destiné moins à sauver tel ou tel pays – car des conditions drastiques devront être acceptées pour en bénéficier – que la zone euro elle-même, car elle pourrait être en fin de compte menacée d’éclatement. Entérinant l’apport du FMI dans le dispositif financier et envisageant de mettre à contribution les banques européennes, détentrices d’obligations d’Etat appelées à être dépréciées ; s’efforçant donc de minorer l’apport des Etats eux-mêmes.


Une procédure simplifiée, prévue au traité de Lisbonne, devrait permettre de formaliser le principe de ce mécanisme en l’amendant tout en évitant la tenue de référendums, sans toutefois supprimer l’étape ultime de la ratification par les Etats, toujours susceptible de donner lieu à des surenchères et des demandes de compensation compliquant et retardant les choses.


Les désaccords à propos de la nature des sanctions encourues par les Etats fautifs ont été provisoirement écartés – celles-ci suscitant elles-mêmes des controverses – mais il est envisagé d’adjoindre le déficit prévisionnel des régimes de retraite, sous une forme qui doit encore être étudiée, au ratio de déficit budgétaire (3% par rapport au PIB).


Tout en ayant dû s’adapter à l’éventualité d’accidents de parcours, de plus en plus prévisibles, la ligne dure adoptant comme priorité absolue la réduction des déficits publics a donc été réaffirmée. Les modalités de mise en œuvre du cofinancement public-privé de la restructuration de la dette des pays ne pouvant éviter de faire défaut vont cependant donner beaucoup de fil à retorde à ceux qui vont devoir les définir. Les banques européennes risquent en effet d’être simultanément dans l’obligation d’appliquer de nouveaux ratios correspondant au rapport fonds propres/engagements (Bâle III), tout en devant enregistrer une décote sur certains de ceux-ci, pourtant jusqu’à maintenant réputés les plus sûrs. Nul doute qu’elles vont à nouveau brandir la menace d’une diminution future du volume du crédit bancaire, afin de préserver autant qu’il sera possible la rentabilité des capitaux immobilisés au titre de leurs fonds propres.


Une course de vitesse est désormais engagée entre la détérioration de la situation des pays européens entrés dans la zone des tempêtes et la mise au point du nouveau mécanisme de crise. Le délai d’un peu moins de trois ans qui est pour l’instant octroyé est-il vraisemblable, les événements risquant fort de se précipiter ?


La guerre des monnaies, quant à elle, n’attendra pas de telles échéances lointaines. L’accord de façade des ministres des finances du G20 va être au cœur des débats des chefs d’Etat et de gouvernement au G20 proprement dit, mais comment aller au-delà des proclamations générales alors que la guerre se poursuit et que les contradictions d’intérêt s’accroissent ?


A son tour, la banque centrale indonésienne vient d’annoncer qu’elle réfléchissait à des dispositions interdisant les aller-retours à court terme des capitaux sur son territoire, dans une tentative de juguler le carry-trade dont elle est victime, comme de nombreux pays émergents. Depuis le début de l’année, 12 milliards de dollars sont entrés dans le pays, la Bourse de Djakarta connaissant une envolée de ses cours de 40%. La roupie indonésienne se valorisant par rapport au dollar (et au yuan qui y reste arrimé).


Le président sud-coréen Lee Myung-Bak, hôte du prochain G20, a pour sa part estimé que les pays doivent avoir le pouvoir d’agir unilatéralement afin de contrôler l’afflux de capitaux étrangers. Selon lui, ces mesures ne devraient pas être perçues comme un contrôle des capitaux, mais comme « une politique macro-prudentielle », sous l’égide du G20. Voilà qui annonce de sérieuses discussions.


En réalité, personne ne sait comment arrêter la guerre qui a été engagée, le marché monétaire étant largement incontrôlable et n’obéissant qu’aux règles qu’il se donne empiriquement. Une chose est donc que la Fed ne mette pas dans l’immédiat de l’huile sur le feu, en limitant sa nouvelle émission monétaire. Une autre est de rendre sages des capitaux habitués à faire comme ils l’entendent, dans le cadre du libre établissement des parités de change par le marché et de la spéculation à très grande échelle qui en tire profit.


La tenue de la réunion de la Bank of Japan, au lendemain de celle de la Fed, n’est pas faite pour calmer le jeu : les Japonais n’ont pas le choix et doivent résister à l’appréciation du yen qui se poursuit et que les décisions de la Fed devraient encore amplifier.


En conséquence, le G20 pourrait se traduire par une montée en puissance des critiques envers la politique américaine, de plus en plus directement mise en cause par les Chinois. Chen Deming, le ministre du commerce, a déclaré que l’émission des dollars par les Américains « n’étaient plus sous contrôle », important de l’inflation en Chine, tandis que Xie Xuren, le ministre des finances, expliquait que les émetteurs des « grandes monnaies de réserve » – nom de code du dollar dans le langage diplomatique chinois – devraient suivre une politique économique responsable.


Sans doute rejoignait-il ainsi, sans le dire, l’analyse qu’a servi tout cru Bill Gross, le directeur général du fonds obligataire américain PIMCO, l’un des plus grands créanciers privés des Etats-Unis. « La dette publique, en réalité, a toujours eu des ressemblances avec une escroquerie à la Ponzi. A ceci près que les Etats-Unis ont parfois remboursé leur dette nationale, accréditant le postulat que tant qu’on pouvait trouver des créanciers pour rembourser les emprunts anciens, et en acheter de nouveaux, le jeu pourrait continuer indéfiniment », a-t-il expliqué. « Désormais, la croissance étant mise en doute, il semble que la Fed a poussé la logique de Charles Ponzi un peu plus loin », a-t-il poursuivi, faisant référence au programme d’achats de titres de la dette publique que la Fed s’apprête à engager.


« La Fed, dans les faits, est en train de dire aux marchés de ne pas s’inquiéter de nos déficits budgétaires, dont elle sera l’acheteur de premier et peut-être de dernier ressort », a-t-il conclu, en s’exclamant finalement : « Je vous le demande: y a-t-il jamais eu de machine de Ponzi plus éhontée ? Non, jamais. Celle-là est tellement unique qu’elle exige un nom nouveau. Je l’appelle la machine de Sammy, en l’honneur de l’Oncle Sam et des hommes politiques (ainsi que des citoyens) qui nous ont conduits à ce moment critique de l’Histoire ».


Dans l’immédiat, ce sont les Chinois qui vont sauver la mise des Américains, leur réalisme les amenant à ne pas vouloir précipiter le mouvement. Fu Ying, vice-ministre des affaires étrangères chinoise, a ainsi déclaré au Figaro : « Je pense que la présidence française devrait avoir la patience d’écouter chacun, notamment en ce qui concerne la réforme du système monétaire ». En référence aux intentions proclamées par Nicolas Sarkozy de faire avancer durant la prochaine présidence française du G20 la réforme du système monétaire international – parmi de nombreux dossiers – elle a précisé : « Nous avons une année devant nous. Nous verrons bien quelles sont les propositions qui pourront aboutir à un consensus, ce qui n’a rien d’évident avec la présence de pays aussi divers ».




Billet invité : François Leclerc

 


Paul Jorion

pauljorion.com



(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.



Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).


 

 

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