Effervescence dans tout le pays : l’UMP, probablement fatiguée d’être confondu sans arrêt avec une arme à feu ou une urgence médico-psychologique, a décidé de changer de nom !
On peut comprendre les dirigeants de ce parti politique : ce nom commence à dégager une petite odeur fétide, et comme les couches hygiéniques qui retiennent ce qu’il faut où il faut, mais pas indéfiniment, il devenait indispensable d’en changer. Et pour ceux qui ne sont pas très au fait de la politicaillerie française, rappelons que l’UMP n’est, essentiellement, que le nom de l’ancien RPR (un précédent parti, lui aussi de drouate), fusionné avec Démocratie Libérale et d’autres micro-partis rigolos au début des années 2000 par un Chirac pétillant de sagacité. Après un peu plus de 10 ans dans la vie politique française, le parti change donc encore de patronyme.
Il faut bien ça : la drouate, ce repaire de conservateurs étatistes arc-boutés sur un passé figé, change en effet beaucoup plus souvent de vitrine que la gôche, dépotoir officiel des progressistes et autres forcenés du Changement Maintenant, dont le nom (Parti Socialiste) n’a, lui, pas changé d’un pouce depuis un bon demi-siècle. Que voulez-vous : les progressistes français aiment tendrement leurs habitudes multi-générationnelles alors que les conservateurs français ont la bougeotte. On ne s’étonnera donc pas du pataquès invraisemblable qui s’empare des premiers lorsque les seconds décident de changer le nom d’un parti politique minoritaire, d’autant que son président, Nicolas Sarkozy, a eu un certain culot : il entend l’appeler « Les Républicains » et son logo est déjà prêt !
Quelle audace ! Et surtout, quelle impudence !
En choisissant un tel nom, a-t-il bien mesuré la portée de son acte impertinent ? Morbleu, a-t-il pensé à tous ces gens dont le patronyme familial est, justement « Républicain » et qui se retrouvent ainsi, à leurs corps défendant, horriblement acoquinés avec le parti de l’ex-président, victime d’un abominable amalgame, chose officiellement interdite parce que définitivement pas-Charlie ? Pensez donc ! Jules Républicain, Gérard Républicain ou Régis Républicain (un indécis, sans doute) ne veulent surtout pas être associés avec Les Républicains, parce que c’est sale, c’est honteux d’être répub… Ah non, pardon, c’est parce qu’il est sale d’être dans un parti politique qui se prétend républ… Non plus.
Hum, voilà qui corse l’affaire.
Ah oui, voilà : ce serait parce que ce terme, une fois déposé et pris comme marque et modèle déposé ™ⒸⓇ serait une « appropriation du bien commun », comme si, en quelque sorte, ces salauds de drouate voulaient s’approprier l’air, l’eau et le républicanisme qu’on respire et qu’on boit partout, à chaque seconde de notre vie en France !
C’est intolérable !
Dès lors, comme le souligne avec une lucidité remarquable Christophe Léguevaques, un des avocats portant la plainte, il y a « trouble manifeste » :
« Nous sommes tous républicains de par l’article premier de la Constitution, la France est une République indivisible. Et là, les deux tiers de la population se trouvent exclus ! »
Ben oui, c’est limpide : si le nom était pris par ce parti, ceux qui n’y sont pas encartés s’excluront de fait de cette grande et belle idée, ne participeront pas à la vie républicaine de la société française, et seront donc montrés du doigt, houspillés par le reste de la population et on leur retirera le droit de voter et de payer des impôts, et …
Non, il n’y a pas à dire, voilà un beau (bien que probablement involontaire) trolling de Nicolas Sarkozy. En jouant avec un terme aussi large et fourre-tout, il pensait sans doute élargir son parti d’opposition français. Mais avec les petites éructations de Pierre Laurent, le sénateur communiste (évidemment communiste), son troll est d’autant plus réussi qu’à présent, tous les médias se sont emparés de la micro-affaire pour couvrir l’événement judiciaire : le nom sera-t-il autorisé par la cour ? Fouyaya, fouyaya, épineux problème d’importance capitale dans un pays frais, dispos et en bonne santé, qui devait bien occuper quelques journalistes, avides d’un bon petit papier à l’idée que cette nouvelle marque soit retoquée au grand dam de l’ancien président, et mobiliser un sénateur et une poignée de gogos embrigadés dans cette sombre manipulation politicienne d’un niveau assez consternant.
Las. La justice aura finalement donné gain de cause à Sarkozy et sa fine équipe qui ont donc en définitive le droit d’appeler leur parti Les Républicains™ : le tribunal des référés de Paris a autorisé le nouveau nom et ni le « trouble manifestement illicite », ni le « dommage imminent » invoqués par les plaignants ne sont donc démontrés. Zut, mis à part quelques petits papiers de clôture de l’affaire dans les médias, le feuilleton devrait s’arrêter là. Et encore plus Zut alors, du côté des plaignants, c’est les pleurs et les grincements de dents. Un de leurs avocats estime même rien moins que :
« l’usage du nom “Les Républicains” par un parti quel qu’il soit va très vite poser des problèmes de compétition déloyale, par exemple à l’égard de certains de nos clients. Que vont pouvoir faire les candidats du mouvement Cap 21 de Corinne Lepage ou du MRC face à des candidats qui vont se présenter comme Les Républicains ? »
Effectivement, que faire devant l’arme ultime d’un nom qui fouette l’air comme un coup de sabre laser dans l’eau ? Comment combattre l’hydre de la drouate maintenant protégée par un blase du tonnerre de Brest qui fait de la compèt’ déloyale à Cap21 ou MRC ?
Pour ne pas s’avouer vaincus, les plaignants réfléchissent à faire appel, probablement et malheureusement parce que le ridicule ne tue pas (Corinne Lepage, justement, en étant une preuve vivante) : nos frétillants Républicains pas Républicains™ (mais républicains, hein, oh, attention !) peuvent engager une action sur le fond, le juge de l’urgence n’ayant statué que sur la base du « trouble illicite », non démontré. Ouf, les médias pourront pondre quelques rebondissements dans cette palpitante chronique d’une France apaisée.
Cependant, en toute bonne logique, et en tenant compte aussi bien du programme qui anime les mouvements intestinaux du parti que de son historique extrêmement éclairant, un nom à la fois plus exact et beaucoup plus provocateur aurait été Les Socialistes™.
Moyennant un petit logo ravivant la flamme patriotique, l’ensemble aurait été en parfaite adéquation avec le paysage politique français, dont le spectre n’est plus guère composé que de socialistes plus ou moins musclés de l’interventionnisme étatique. Et puis, question trolling, ça, au moins, ça aurait eu de la gueule…
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