J’ai pu déterminer sept
éléments responsables de l’implosion financière à venir, mais ne me suis dans
mon article précédent concentré que sur deux d’entre eux. A mesure que les taux
d’intérêt diminuent, le fardeau de la dette s’alourdit. Depuis que la chute
des taux d’intérêt a commencé à convaincre les gens d’emprunter, le nombre d’individus,
d’entreprises, de corporations et de gouvernements endettés a bien entendu
gonflé. Quand les taux d’intérêt atteignent zéro, le poids de la dette devient
théoriquement infini.
Aux Etats-Unis, la
tendance baissière des taux d’intérêt demeure limitée (bien que nous ayons
enregistré un pic descendant brutal le 15 octobre, qui les a porté à 1,87%). Le
taux de rendement des obligations américaines sur dix ans est aujourd’hui de
2,3%. En Allemagne, il est de 0,82%, et au Japon, le cancer métastasé n’est
plus très loin de causer la défaillance d’organes, avec seulement 0,46%.
Nous avons ensuite la backwardation
de l'or, qui s’est récemment apaisée. Il est toutefois bon de noter qu’avec
la baisse actuelle du prix de l’or, une backwardation temporaire est de
nouveau réapparue. Le cobasis de l’or pour le mois de décembre était
supérieur à 2%.
Je ne me suis jusqu’à
présent pas beaucoup penché sur le troisième indicateur. Quelle proportion
des émissions d’obligations gouvernementales les banques centrales
achètent-elles ? D’après moi, lorsqu’une banque centrale achète l’intégralité
des obligations émises par son gouvernement, un effondrement est imminent. J’ai
déjà décrit cette situation comme étant une baisse de valeur. Un effondrement
survient lorsque cette valeur atteint zéro, sinon plus tôt. Voici comment j’ai
présenté la situation :
« La différence
entre les émissions moyennes d’obligations par le gouvernement des Etats-Unis
et les achats d’obligations américaines par la banque centrale se rapproche
de zéro. La banque centrale achète donc une proportion accrue des obligations
émises. »
Bloomberg a récemment
publié un article au sujet de l’annonce par la Banque du Japon d’un
nouveau programme de rachat d’obligations. Bloomberg y présente deux
réalités. La première est que la banque prévoit d’acheter 8 à 12 trillions de
yens par mois. La deuxième est que le gouvernement n’émet que 10 trillions de
yens d’obligations par mois.
La Banque du Japon
achètera donc l’intégralité des nouvelles obligations.
La théorie populaire
veut que la valeur d’une devise fiduciaire baisse à mesure que de la monnaie
est émise. De ce point de vue, le yen chute à mesure que sa masse monétaire
augmente. Bien qu’ils n’aient rien de scientifique, il existe certains
graphiques qui présentent la masse monétaire du yen et la valeur du yen en
dollars depuis 1970 jusqu’à aujourd’hui, comme ceux-ci :
Le yen chute désormais
depuis 2012, mais ce n’est pas par la faute de sa masse monétaire. S’il
chute, c’est parce que le marché remet en question sa qualité. L’une des
manières de le faire est d’emprunter des yens, de les échanger contre d’autres
devises, et d’acheter des actifs dans cette devise. Il s’agit d’un carry
trade équivalent à l’adoption d’une position à découvert sur le yen. Tan que
le yen s’effondre et que le taux d’intérêt de l’autre devise est supérieur
aux intérêts générés par l’emprunt de yens, il s’agit d’un échange positif.
Mais que se passe-t-il
si la chute du yen s’accélère ? Contrairement à ce que pensent les
économistes populistes, cette situation n’offre pas un bénéfice aux
entreprises japonaises. Il s’agit en revanche d’un transfert de richesses
vers ceux qui s’engagent dans le carry trade décrit plus haut. Ils peuvent
rembourser les yens empruntés à coût moindre. Lorsque la valeur du yen
atteint zéro, leur dette disparaît complètement.
Voilà à quoi ressemble l’effondrement
d’une devise. Une annulation totale de la dette libellée en cette devise.
Puisque la devise elle-même n’est qu’une fraction de la dette totale, elle
perd l’intégralité de sa valeur. Bien que les débiteurs aient pu sembler
profiter de la situation, il ne s’agit de rien de plus que d’une catastrophe.
Aucun être humain doté d’un minimum de compréhension du coût que cela
pourrait avoir en termes de vies humaines ne pourrait se réjouir de ces
évènements.
La raison pour laquelle
j’écris est d’éviter ce genre de conséquences de se produire. Nous avons
besoin d’une transition vers l’or, et non d’un effondrement abrupt
comme celui survenu en 476 avant J-C. Il est peut-être trop tard pour les
Japonais. Mais j’espère qu’il n’est pas trop tard pour le reste du monde
civilisé.