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Le
numérique concentre aujourd’hui de nombreuses attaques. Il est
accusé de tuer à petit feu le livre papier – et ce,
même si les chiffres des ventes d’e-books n’ont pas de quoi
impressionner,
surtout dans l’Hexagone.
Au centre des
critiques contre le livre numérique, se trouve Amazon : cette
entreprise de commerce électronique a réalisé
l’exploit de provoquer l’unanimité de la droite et de la
gauche françaises… contre elle. À l’heure où
le Président Hollande et ses ministres « maltraitent »
les entreprises en les accablant d’impôts considérables,
certains poids lourds de la droite, comme Hervé Gaymard et Guy
Geoffroy ne trouvent rien de mieux à faire que de proposer
une loi « anti-Amazon »… que la gauche
s’est empressée d’adopter ! Cette collusion
d’intérêts malsains ne peut malheureusement que nourrir
les propos de Marine Le Pen lorsqu’elle moque
l’« UMPS ».
Cette loi a
été votée cet hiver. Il s’agit d’un texte interdisant
aux vendeurs en ligne de livres papiers de cumuler la gratuité des
frais de port et le rabais de 5% sur le prix de vente fixé par
l’éditeur. La raison invoquée par le ministre de la
Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti ?
La nécessité de proposer une concurrence plus juste en
privilégiant la place des petits libraires. Un objectif louable, a
priori. Mais surtout démagogique, antiéconomique et oubliant
les intérêts d’une autre caste de masse : les
consommateurs. Ces derniers ont saisi
les conséquences de ce texte. En outre, ils pâtissent déjà
de la Loi Lang qui, justement, empêche toute concurrence sur les prix,
l’absence de compétition en la matière suffisant à
mettre en pièces les justifications d’Aurélie Filippetti puisque, justement, il avait été
décidé en 1981 de faire échapper les biens culturels de
l’économie de marché.
Funeste
erreur ! Car ce sont bien ces consommateurs, lésés par les
multiples réglementations sur les livres, qui « règnent »
sur l’économie de marché en accordant les votes –
ou en les refusant – aux entreprises, quelles qu’elles soient. En
l’espèce, les consommateurs avaient plutôt
« plébiscité » le système Amazon
qui leur permettait de réaliser de nombreuses économies en tous
points, ce qui n’est pas négligeable, surtout en ces temps de
crise. La gratuité des frais de port était un moyen, pour
certains d’entre eux, de ne pas avoir à se déplacer et de
recevoir les ouvrages papier à la maison. En effet, comment des
villageois, habitant parfois à des dizaines de kilomètres de
toute librairie et disposant de revenus pas toujours aisés, vont-ils pouvoir acheter des livres à prix
réduits ? La France rurale est, une fois de plus,
sacrifiée sur l’autel d’un lobbying destructeur, comme
l’indique, entre les lignes et à juste titre, le
président d’Amazon France, Roman Voog.
Amazon permettait donc de redynamiser, en quelque sorte, la vente de livres
en ne la concentrant plus uniquement sur la France urbaine mais en autorisant
tout un chacun à participer à ce marché fécond.
En outre, dans
une ère où la préservation de l’environnement fait
office de priorité, il est plutôt étonnant de voir tant
de personnes s’émouvoir de la possible disparition du livre
papier à laquelle Amazon participerait. Il s’avère, comme
le rappelle cet auteur
sur Agoravox, que les industries du papier et de
l’imprimerie sont parmi les plus polluantes qui soient, outre le fait
qu’elles ne sont pas particulièrement économes en
ressources naturelles.
Enfin,
Internet, par le biais de l’ISBN
(International Standard Book Number) – qui
est la carte d’identité des livres –, permet des
recherches d’ouvrages plus efficaces. Il est ainsi
complémentaire des bibliothèques traditionnelles qui
travaillent de concert avec lui pour indiquer aux
« chercheurs » s’ils disposent du livre
souhaité.
Au final, les
« procès » intentés au web sont souvent
dénués de fondement et ne sont que le reflet de la nostalgie
d’un ancien temps fantasmé.
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