Ce sont les pays qui détiennent officiellement le
moins d’or qui conduisent l’effort de remanier les DTS (droits de
tirages spéciaux) du FMI. Et ce sont paradoxalement les nations avec
la plus forte croissance et le plus fort engagement à l’export.
Et ce qui m’a particulièrement étonné a
été de m’apercevoir que les pays de la zone Euro
détiennent plus d’or que les USA. Bien sûr, on peut
discuter l’unité de la zone euro quant à l’or. Mais
les gros détenteurs d’or sont clairement au cœur de
l’union, comme le montre le graphique ci dessous.
Il faut toutefois remarquer que graphique ne permet pas
de répondre à la question des stocks d’or qui auraient pu
être prêtés en leasing et qui seraient cependant toujours
listés comme actifs des banques centrales.
Il est également fascinant de constater que les niveaux bruts des
réserves d’or des pays ont constamment chuté
jusqu’à l’année dernière.
Comme il existe une augmentation annuelle des stocks d’or mondiaux du
fait de l’extraction minière et que l’or utilisé
par l’industrie est recyclé pour la plus grande partie, il est
clair qu’il y a eu un transfert à long terme des stocks
d’or du secteur public vers le secteur privé.
Le secteur privé a absorbé toute la production d’or et
les ventes officielles depuis des années, et cela pose la question de
ce qui a bien pu déclencher ce spectaculaire marché haussier de
l’or (de 250 $ en 2001 à plus de 1.100 dollars
aujourd’hui).
Je peux vous assurer que les banquiers centraux du monde
entier y pensent constamment.
Etant donné que le cours de l’or est établi en dollars
américains, il existe une corrélation négative
évidente quand le dollar fluctue dans sa valeur perçue par le
monde entier. Mais cela n’explique pas le fait que l’or
s’inscrit dans un marché haussier dans presque toutes les
monnaies mondiales.
Allons-nous vers une bulle spéculative sur l’or ?
En tant qu’observateur des bulles spéculatives
de ces dix dernières années, les données ne
prêtent pas à cette conclusion. Et ce qui est le plus
étonnant est que ce sont les personnes qui, pour la plupart, ont
nié l’existence de bulles financières dans le domaine de
la technologie, de l’immobilier, de la banque et du crédit,
bulles qui étaient pourtant juste devant leur nez, qui se trouvent
être les membres à part entière d’une
fraternité internationale de l’argent, qui sont les défenseurs
les plus véhéments de l’idée qu’il existe
une bulle spéculative sur l’or.
Quelles conclusions en tirer ?
C’est l’offre et la demande qui m’intéressent. Et
cela intéresse également les puissants qui semblent se
prononcer fortement en défaveur de l’or et de l’argent
à intervalles réguliers quand ils commencent à devenir
inquiets et sentent les rênes des marchés financiers mondiaux
leur glisser des mains. Et plus leurs commentaires deviennent stupides et
sans fondement, plus ils deviennent intéressants.
Une approche scientifique implique la recherche d’indices. Vous pouvez
vous poser des questions sur la trajectoire probable d’un camion qui
dévale une pente en direction de l’endroit où vous vous
trouvez. Tout ce qui compte, c’est la vitesse et la masse du camion et,
en ce qui vous concerne, votre habileté à vous ôter de
son chemin pour sauver votre peau.
Compte tenu de la hausse continue de l’or depuis
10 ans, il est pratiquement impossible de trouver un actif aussi
« populaire » que l’or, - populaire au sens que
les gens ont décidé de l’acheter-, et aussi, -apparemment-,
impopulaire dans les cercles officiels.
L’or est l’objet d’une véritable antipathie
de la part des banquiers centraux, une apparente anomalie rarement
notée par le public.
Et
j’aime les anomalies. Elles sont si intéressantes. Comme Sherlock
Holmes le faisait remarquer :
-
Gregoire, de Scotland Yard: « Y a t’il un autre
point sur lequel vous voudriez attire mon attention ? “"
-
Holmes: "L’incident curieux avec le chien cette nuit
là."
-
Grégoire :
"Le chien n’a pas aboyé cette nuit là."
-
Holmes: " C’est précisément ce qui est
curieux”
Je me souviens pas d’un seul autre
phénomène économique plus intéressant dans un
passé récent (disons ces cent dernières années),
que l’évolution du commerce mondial et les réserves
officielles de change qui en sont la conséquence naturelle.
Si l’on comprend que le contrôle de la
monnaie permet de contourner toutes les questions désagréables,
notamment celles des politiques fiscales et de prélèvements, il
n’y a rien de plus important que l’évolution de la monnaie. La
valorisation et la détention du « standard
monétaire » est la clef de voute du système. Et
c’est pourquoi il n’est pas politiquement correct ou envisageable
d’en discuter publiquement.
J’essaie de résister à la tentation de suspecter les
étatistes de vouloir nous conduire vers une économie totalement
contrôlée et planifiée. Je ne crois pas que cela soit
formellement à l’ordre du jour des discussions officielles, sauf
peut-être dans les couloirs de Davos. Il y a une tendance nette vers
toujours davantage de pouvoir et de contrôle, mais il n’est pas
toujours nécessaire d’avoir un cadre formel de discussion. Les
ingénieurs financiers et les banquiers vont aisément rechercher
davantage de contrôle et de pouvoir parce qu’ils recherchent
à maîtriser quelque chose qui est une portion de la nature
humaine et qui ne se prête pas facilement à la manipulation
linéaire. Comme leurs plans échouent, ils doivent continuer
leur expansion pour éviter un effondrement et une humiliation personnelle.
Cela est inhérent à leur activité. Voilà comment
une dictature se constitue.
Mais il est évident que l’évolution de nos
sociétés depuis les années 1980 est la croissance exponentielle des
lois et des réglementations pour permettre aux plus puissants de faire
ce qu’ils veulent et s’approprier une plus grande part des
richesses de ce monde aux dépens des autres.
Et mon hypothèse est que les réserves
d’or sont un poste clef de cet ordre du jour.
Un grand jeu est en cours.
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