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Toute
politique finit par avoir une conséquence sur l’emploi.
Toutefois, certaines d’entre elles tentent de l’influer plus
directement. C’est le cas de la subvention salariale. Elle vise
à favoriser l’embauche d’un individu. Elle permet au
chercheur d’emploi d’offrir ses services à rabais, sans en
subir les frais, car la facture est refilée aux contribuables.
L’employeur obtient les services d’un travailleur à
meilleur prix, car le gouvernement paie la différence entre ce
qu’il considère adéquat comme salaire pour l’emploi
en question et ce que l’employeur est prêt à offrir pour
ce poste. La subvention salariale, comme toutes les subventions,
bénéficie à certains, mais au détriment de
plusieurs.
Au
Québec, la subvention salariale est offerte essentiellement à
trois catégories de chercheurs d’emploi: celui qui vise une
« première expérience », une
« première expérience canadienne » et
celui qui tente un retour à l’emploi après une
« absence prolongée » du marché du
travail. Il est à noter que les immigrants et les membres d'une
« minorité visible » peuvent également
avoir accès au Programme d'aide à l'intégration des
immigrants et des minorités visibles en emploi (PRIIME).
Cette subvention provient de fonds privés qui sont administrés
conjointement par des organismes publics et privés.
Le concept de
« minorité visible » est
évolutif. Pour l’heure, lesdites minorités
représentent tout le monde sauf l'individu blanc non
métissé depuis une cinquantaine d’années…
Par exemple, un individu de moins de 50 ans, né au Québec
d’un père chinois et d’une mère
québécoise, fait partie d'une minorité visible au sens
de la loi, bien qu’il puisse passer incognito partout où il va.
Les critères
d’admissibilité de ces subventions sont tellement larges et mal
définis qu’à peu près n’importe qui y a
droit. Par exemple, on parle à la fois de « première
expérience » de travail, de « première
expérience signifiante » et de « première
expérience signifiante dans son domaine de
compétence ». Par conséquent, si un individu ne peut
pas obtenir ladite subvention parce qu’il a déjà une
« première expérience », peut-être
l’obtiendra-t-il dans la mesure où l’on considère
qu’il ne s’agit pas d’une « expérience
signifiante », voire qu’il ne s’agit pas d’une
« expérience signifiante dans son domaine de
compétence »!
Les
justifications de la subvention salariale
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Le gouvernement défend sa politique en accusant le marché
d’exclure des chercheurs d’emploi ou de leur octroyer de
mauvaises conditions de travail. Or c’est le contraire qui est vrai. Le
gouvernement aide bien certaines gens avec sa subvention salariale, mais au
détriment d’autrui, et il finit souvent par ne plus pouvoir
aider personne, car il ne sait pas quand s’arrêter. Il se croit
autorisé à aider certaines gens en imposant les contribuables,
car il conçoit la justice comme une plus grande égalité
économique. Cependant, là où la propriété
est compromise, la richesse l’est autant. Cela vaut pour la subvention
salariale, les subventions en général et toutes les
interventions gouvernementales.
Le
marché se fonde sur la liberté individuelle, tandis que
l’esprit interventionniste se fonde sur une conception du bien:
l’utilitarisme. Le gouvernement prétend être capable de
trouver la bonne dose d’imposition pour corriger le marché,
alors que ce qui doit être corrigé est la violation de la
propriété. Le gouvernement suggère la subvention
salariale pour intégrer plus de gens au marché du travail,
alors que cette mesure contribue à en exclure davantage, du moins,
à rendre plus d’emplois précaires. Aider autrui ne suffit
pas pour créer de la richesse, encore faut-il utiliser des moyens
légitimes. Or un gouvernement n’aide pas sans nuire.
Si les consommateurs
ne sont pas prêts à dépenser leur argent pour les
produits et services offerts par les entreprises, les subventions salariales
en inciteront peut-être quelques-uns à revenir sur leurs
décisions, dans la mesure où l’économie ainsi
réalisée leur est transmise. Mais cela se fait au prix
d’un choix global réduit puisque ce sont les mêmes
consommateurs qui, en dernier lieu, paient ces subventions.
Dès lors que
les subventions et les autres interventions gouvernementales seront abolies
ou, à tout le moins, réduites, plus de gens travailleront et
s’enrichiront. Des salaires seront peut-être plus bas, mais
grâce à une plus grande capacité productive les biens et
les services seront moins dispendieux, de sorte que le pouvoir d’achat
sera plus élevé. Au contraire, subventionner plus
d’emplois conduit à appauvrir la société, y
compris les bénéficiaires immédiats des subventions.
Cela est d'autant plus
vrai que l’on paie des fonctionnaires pour distinguer qui est
éligible à la subvention de qui ne l’est pas, alors
qu’en pratique tout le monde l’est, ou presque. Aux subventions
nuisibles s’ajoutent des coûts inutiles. Les économies
réalisées à les éliminer pourraient être
investies ailleurs, dans le but de créer de la richesse plutôt
que de la redistribuer selon les désirs de quelques-uns et de la
réduire pour tous. On ne crée pas de richesse en maintenant des
emplois qui seraient portés à disparaître si ce
n’était de leur protection légale.
Pour créer de
la richesse, il faut rétablir la liberté de choix pour chaque
individu et cesser d’utiliser le pouvoir d’imposition et de
taxation pour établir des services. Pour créer de la richesse,
les politiques d’emploi, comme toutes les autres, doivent s'appuyer sur
le respect de la propriété.
André
Dorais
André Dorais a étudié en philosophie
et en finance et vit à Montréal. Essai originellement
publié par Le
Québecois Libre
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