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Les États occidentaux dans la tourmente

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Benoît Toussaint
Published : September 07th, 2011
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Category : Editorials





En quelques semaines, les économies occidentales ont affiché, malgré elles, toute l’ampleur de leurs faiblesses. Dans la précipitation, les dirigeants européens et américains doivent courir après leur dette afin d’en stopper l’hémorragie.


L’Histoire dresse parfois de saisissants contrastes. Il y a à peine un siècle, le monde occidental était au sommet de sa gloire. En 1911, Les menaces de la première guerre mondiale étaient encore loin. C’était le temps insouciant de la Belle Epoque. Cent ans plus tard, en 2011, l’ordre du monde s’est inversé. Les puissances d’antan se sont affaiblies et les pays émergents se ruent avec aplomb à la conquête d’un millénaire qui sera le leur.


Symbole de cet affaiblissement, les Etats-Unis, première puissance économique du monde, ont perdu leur précieux AAA pour la première fois de leur histoire, le 5 août 2011. Une dégradation qui fait suite au douloureux débat sur le relèvement du plafond de la dette qui a mis à jour un clivage profond au sein de la société étasunienne. A Londres, la sauvagerie a régné en maître dans les rues pendant plusieurs jours, début août, et le pouvoir britannique s’est révélé impuissant face aux émeutiers. La scène n’est guère plus réjouissante sur le continent européen. De vieilles démocraties, affaiblies moralement et économiquement, se débattent dans la mélasse où les ont entrainées des décennies de dépenses et de gaspillages. Et pour parachever ce tableau, les bourses occidentales n’en finissent pas de dégringoler. Envolés, les 4000 points du CAC40. Le 11 août dernier, le marché parisien luttait pour ne pas tomber sous la barre des 3000.


Dans le reste du monde, on observe. Mais déjà, l’admiration d’antan a cédé la place à une forme de défiance. Le chef du gouvernement brésilien Gleisi Hoffmann ne déclarait-il pas, lundi 8 août, que les dirigeants européens et américains ne sont « pas à la hauteur » pour faire face à la crise de la dette ? Loin de ces difficultés, les pays émergents continuent à afficher des bons chiffres de croissance : 9,5% en Chine, 8,6% en Inde selon les dernières prévisions. En comparaison, le 12 août dernier, les chiffres de la croissance française tombaient : 0% au deuxième trimestre 2011. Bien sûr, ces chiffres ne décrivent pas tous les aspects d’une économie, mais ils décrivent une tendance où le potentiel de développement économique est en train de changer de camp.


Chez les occidentaux, on cherche les coupables d’un tel retournement. En 2008, les responsables étaient tout désignés : les marchés, les hedge funds, les financiers, les banques. Ils constituaient des boucs émissaires aussi commodes qu’anonymes. Mais à la lumière de la crise de 2011, la cupidité des marchés ne suffit plus à comprendre les fondements des bouleversements qui affectent nos économies. La tempête que traverse le monde occidental n’est pas de nature financière, elle est de nature politique, liée à une  crise des déficits. On a longtemps voulu croire que les Etats répondaient à des règles économiques différentes de celles des autres acteurs et que la course à l’endettement était finalement soutenable. Il n’en est rien.


Bien sûr, l’on peut accuser les marchés ou les agences de notation de tous les maux. Ils ne sont certes pas exempts de reproches. Loin s’en faut. Mais à jeter sur eux une bile vengeresse, nous accablons le praticien qui révèle les symptômes du malade. Nous devrions plutôt tirer les enseignements de leur verdict et procéder au plus vite à la réduction de nos déficits publics. Toutefois, la simple diminution des dépenses des vieux Etats providence ne sera sans doute pas suffisante.


C’est vers un nouveau paradigme qu’il faut s’acheminer, vers une société où l’Etat fera moins, mais mieux. A ce titre, le projet de « Big society » de David Cameron ne manque pas d’intérêt et vise, notamment, à déléguer un certain nombre de services sociaux à des associations de terrain. Reste à savoir comment le mettre en œuvre dans de bonnes conditions. Pour le moment, la politique du premier ministre britannique n’a pas encore donné ses fruits. Mais substituer la société civile à l’action de l’Etat, voilà une idée innovante qui mériterait que l’on s’y attarde.




Benoit Toussaint




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Journaliste en formation au Centre de formation des journalistes (CFJ, promotion 2012). Diplômé d’une Grande Ecole en commerce international, Benoît Toussaint est bloggeur et auteur pour de nombreux sites et webzines sur la toile.
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Cher monsieur Toussaint,
vous terminez votre article par "substituer la société civile à l’action de l’Etat, voilà une idée innovante ".
Que nenni! L'idée n'est en rien innovante, elle a plus de 1 000 (mille) ans.
Le Moyen Âge chrétien, que l'on dit si obscurantiste, appliquait, notamment dans le domaine économique, qui nous intéresse ici, le "principe de subsidiarité" et la gestion de l'économie par les corporations de métiers. L'Etat n'avait qu'un rôle occasionnel d'arbitre en cas de conflit entre corporations , et le rôle de la défense de l'économie nationale vis-à-vis des nations étrangères.
Le second point important est que la chrétienté moyennageuse interdisait le prêt à intérêt; il y a eu, bien sûr, des contournements de cette règle, notamment par les Lombards italiens, et lorsque les rois ou empereurs manquaient de finances pour leurs rêves expansionistes et guerriers. Mais cette règle n'a jamais permis un endettement des états tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Comme vous écrivez bien, et que vous semblez ouvert d'esprit, je vous encourage à étudier la doctrine sociale de l'Eglise, nottamment dans les encycliques de Pie XII, qui sont une merveille d'exposition du sujet.
Bien cordialement,
Paul-Henry REMY
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Cher monsieur Toussaint, vous terminez votre article par "substituer la société civile à l’action de l’Etat, voilà une idée innovante ". Que nenni! L'idée n'est en rien innovante, elle a plus de 1 000 (mille) ans. Le Moyen Âge chrétien, que l'on dit si o  Read more
Paul-Henry R. - 9/10/2011 at 4:47 PM GMT
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