Lettre d’Hugo Salinas Price à Alexis Tsipras

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Published : March 31st, 2015
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Category : Today's Editorial

 

 

 

 

Cher Monsieur Tsipras,

 

Bonjour ! Je m’appelle Hugo Salinas Price ; je suis un citoyen mexicain et entrepreneur à la retraite qui vit actuellement à Mexico. En 1996, alors que je prenais ma retraite, j’ai fondé la Mexican Civic Association Pro Silver, dont je suis aujourd’hui le président.

 

Depuis 2002, cette association fait pression sur le Congrès mexicain afin qu’il approuve une loi qui autoriserait l’entrée en circulation d’une pièce d’argent que la population pourrait utiliser comme monnaie, en parallèle au peso – notre devise actuelle. Je reviendrai un peu plus loin sur les bases fondamentales de ce projet et les raisons pour lesquelles je pense qu’il puisse avoir une grande utilité pour vous et pour la Grèce.

 

Cette proposition a obtenu le soutien du peuple mexicain et de législateurs de tous bords politiques au Congrès, sur trois périodes législatives consécutives depuis 2002. Nous sommes à plusieurs reprises passés très près de son approbation, bien qu’au dernier moment, le projet ait été rejeté – sans même parvenir jusqu’au vote – en raison de l’opposition de la Banque centrale du Mexique.

 

Au début du mois de juin de cette année, alors que j’étais en voyage en Europe, je me suis rendu à Athènes avec Max Keiser et sa collègue, Stacy Herbert. La raison de notre visite en Grèce, qui n’était pas prévue, était de discuter avec vous au sujet de quelque chose qui pourrait être très important pour votre pays. Malheureusement, il ne nous a pas été possible de vous rencontrer, parce que vous étiez occupé à organiser les élections à venir.

 

Si nous avions eu l’opportunité de nous entretenir avec vous, Max et moi-même vous aurions dit qu’il nous semblerait évident que la Grèce se déclare en banqueroute et abandonne l’euro. Max et moi-même avons discuté avec des amis grecs qui sont très informés sur la situation, et qui nous ont dit qu’il était impossible d’exprimer une telle opinion à l’époque, en raison des élections imminentes.

 

Vous avez cependant récemment déclaré qu’un retour à la drachme était inévitable, c’est pourquoi je vous écris aujourd’hui.

 

Voici ce que j’aimerais vous dire :

 

Monsieur Tsipras, la situation désespérée de la Grèce vous offre l’opportunité de faire quelque chose de fondamental pour votre pays et de vous élever au rang de grand dirigeant national. Vous êtes un jeune homme, ce qui vous confère l’opportunité de vous construire une longue carrière en tant que chef d’Etat – pas en tant que politicien, mais que chef d’Etat.

 

Le retour de la drachme permettrait en effet à la Grèce de se reconstruire une fois de plus. Il ne pourrait en rien aggraver la situation de la Grèce, qui est si mauvaise aujourd’hui qu’une nouvelle drachme pourrait offrir à votre pays un répit immédiat.

 

Le cœur monétaire de la Grèce recommencerait de nouveau à battre et à apporter à l’économie la liquidité dont elle a besoin pour se relancer.

 

Cette mesure impliquerait inévitablement une inflation monétaire au travers de la création de quantités accrues de drachmes pour couvrir le déficit budgétaire du gouvernement grec pendant un certain temps, et cette inflation apporterait avec elle la dévaluation constante de la drachme.

 

Voilà qui donnerait lieu à un renouveau des exportations grecques et une renaissance du tourisme en Grèce, puisque les Européens préfèreraient se rendre en Grèce en raison des avantages que présenterait le taux de change de la drachme.

 

Il est clair, cependant, qu’une inflation permanente ne soit pas acceptable et ne puisse offrir la stabilité politique à la Grèce.

 

C’est pour adresser cette question que je présente ici à votre gouvernement une alternative qu’aucun économiste accrédité n’a jamais eu la volonté, ou la compréhension nécessaire en termes d’affaires humaines, de considérer.

 

Tous les économistes accrédités du monde vous diront que le gouvernement grec devrait « éliminer son déficit fiscal » pour mettre fin à l’inflation pernicieuse. Mais ces économistes ne font pas partie du gouvernement ; ils ne sont pas des politiciens ou des hommes d’Etat, et ils ignorent  le problème qu’est de convaincre une population qui a l’habitude de dépenser de commencer à épargner. Les Keynésiens, qui représentent une majorité des économistes d’aujourd’hui, n’apprécient pas l’idée d’une population qui épargne ; ils cherchent à régler tous leurs problèmes par la hausse des dépenses, jusqu’à ce que l’économie s’effondre. L’économie grecque s’est effondrée parce que l’argent disponible aux dépenses, qui provenait des prêts étrangers en euros, a fini par disparaître : il n’y a plus d’argent à dépenser.

 

Monsieur Tsipras, le seul moyen que vous aurez de guider le peuple grec jusqu’à la stabilité est la monnaie saine, et non la monnaie fictive qu’est l’euro, et qui vous a guidés jusqu’au chaos actuel. Le désastre européen d’aujourd’hui était garanti depuis le jour de la naissance de l’euro, d’une monnaie fictive - fiduciaire – et de nature symbolique.

 

Ce n’est qu’en offrant aux Grecs une pièce d’argent en parallèle à la drachme que votre parti et vous-même pourrez éventuellement rétablir l’équilibre fiscal de la Grèce. Votre gouvernement devra profondément modifier la mentalité des Grecs avant de parvenir à cet objectif. Pensons ensemble aux grands chefs d’Etat que le monde a pu connaître. Tous ont su gouverner au travers des idées qu’ils ont pu inspirer à leur nation.

 

Avec une pièce d’argent en leur possession, les Grecs ressentiront une fierté immense envers leur pays, et il en naîtra un nouvel espoir pour un avenir meilleur, une condition qui est indispensable à la reprise. Les économistes modernes ne mentionnent jamais la fierté et l’espoir comme étant des facteurs importants pour l’économie. Mais leur importance est capitale !

 

Grâce à ce nouvel espoir, les Grecs seront plus enclins à accepter les mesures que votre gouvernement pourrait vouloir mettre ne œuvre, et à tolérer la difficile transition nécessaire à l’équilibre fiscal ; une période au cours de laquelle votre gouvernement devra contrôler graduellement les niveaux de dépenses et d’investissements gouvernementaux jusqu’à ce qu’un équilibre soit atteint.

 

Plus encore : les plus conservateurs – pour qui vous devrez aussi gouverner – observeront la dévaluation continuelle de la drachme (qui sera nécessaire en termes de planification gouvernementale) avec désapprobation, et feront tout leur possible pour vous relever de vos fonctions, à moins qu’ils ne voient en vous celui qui aura donné à la Grèce une pièce d’argent, qui pourra être utilisée par ceux qui voudraient protéger leur épargne et qui, pour la plupart, seront des conservateurs. Les conservateurs voudront donc vous voir demeurer au pouvoir, pour que vous puissiez continuer de mettre de l’argent entre les mains des Grecs.

 

Une pièce d’argent qui circulerait en parallèle à la drachme serait la formule nationale de l’unité et de la reconstruction. La reconstruction de la Grèce demandera une certaine quantité d’épargne, et rien ne garantit mieux l’épargne qu’une monnaie d’argent.

 

Comment une pièce d’argent pourrait entrer en circulation en Grèce ?

 

Voici quelques principes clés :

 

1. Cette pièce d’argent circulerait en parallèle à la drachme. La drachme demeurerait l’unité monétaire de la Grèce. La pièce d’argent aurait une valeur monétaire libellée en drachmes (note ajoutée le 17 mars 2015 : alternativement, elle pourrait avoir une valeur monétaire exprimée en euros ou en dollars).

 

2. La Grèce pourrait frapper une petite pièce d’argent de symboles grecs : Athènes d’un côté, et la chouette de l’autre, pour que perdure une tradition millénaire.

 

3. Cette petite pièce contiendrait par exemple 1/10e d’once d’argent, composé d’un alliage de cuivre à 0.9166 pour assurer sa rigidité.

 

4. Cette pièce se verrait conférer une valeur monétaire par les autorités monétaires, préférablement le Trésor grec. Elle ne porterait aucune valeur nominale, sans quoi elle sortirait de la circulation à mesure que le prix de l’argent grimperait, que ce soit en drachmes, en euros ou en dollars (c’est ce phénomène qui a causé la disparition de la monnaie d’argent de par le monde au XXe siècle).

 

5. La valeur monétaire conférée à la « chouette » d’argent devrait être légèrement supérieure à la valeur de l’argent qu’elle contient. Cette condition est nécessaire à son maintien en circulation et afin d’empêcher que certains la fondent pour en tirer une plus grande valeur en tant qu’argent qu’en tant que monnaie.

 

6. Si le prix de l’argent grimpait, les autorités monétaires réviseraient la valeur de la pièce à la hausse, afin qu’elle soit toujours supérieure à la valeur de l’argent qu’elle contient.

 

7. En revanche, si le prix de l’argent baissait, les autorités monétaires maintiendraient la valeur de la pièce. Nous savons par expérience qu’une population ne craint pas une baisse de la valeur de l’argent contenu dans une pièce.

 

8. La population aurait recours à ces pièces pour épargner ; elles ne pourraient pas être déposées au sein du système bancaire ; il n’y aurait pas de compte en banque dédié aux pièces d’argent.

 

9. Les banques pourraient mettre en place des « comptes titres » pour ceux qui désireraient placer leurs « chouettes » à l’abri. Il s’agirait d’un service de stockage, et les pièces demeureraient la propriété de la personne à laquelle appartient le compte.

 

10. Le public aurait le choix de payer en drachmes ou en « chouettes » en fonction de leur valeur monétaire. Une majorité des Grecs conserveraient leurs pièces d’argent et dépenseraient leurs drachmes – ce qu’on appelle la Loi de Gresham.

 

Voilà l’essentiel de la formule qui vous permettra de redonner vie à la Grèce et à son esprit.

 

Je suis prêt à parier que cette nouvelle pièce grecque d’1/10e d’once d’argent sera plus désirable aux yeux des Grecs que n’importe quelle autre devise étrangère. Votre gouvernement n’aura plus aucun problème de fuite de capitaux, parce que les Grecs préfèreront posséder des « chouettes » que d’autres unités de devises étrangères. Et les banques n’auront nul besoin d’offrir des taux d’intérêt élevés pour attirer des épargnants ; la pièce d’argent sera tant désirable que les gens la conserveront simplement pour sa supériorité et sa hausse de valeur potentielle.

 

Et les Grecs ne seront pas les seuls à vouloir en posséder. Toute l’Europe, qui n’utilise pas l’argent, en voudra. La Grèce verra donc affluer le capital venu d’Europe ; l’achat d’argent est sujet à des taxes, mais l’achat de pièces d’argent est exempté.

 

(Note du 17 mars 2015 : le gouvernement grec pourrait autoriser les individus à lui envoyer des objets d’argent, qui leur seraient renvoyés sous forme de « chouettes », ce qui bénéficierait à la reprise économique.)

 

Monsieur Tsipras, pouvez-vous imaginer le pouvoir que cette joie et cette fierté d’appartenir au peuple grec et de posséder une monnaie supérieure aux autres pourraient apporter à votre gouvernement ?

 

Comme vous pouvez le voir, je ne vous parle pas ici d’économie, mais des leviers fondamentaux qui motivent les êtres humains, des leviers qui ont toujours, et partout, pu produire de grandes choses, et que nous, Hommes d’aujourd’hui, avons oublié lorsque nous nous sommes laissés absorber par nos fantaisies électroniques.

 

J’ai ici souligné les bases de l’introduction d’une pièce d’argent qui pourrait circuler en parallèle à la drachme.

 

J’ai tenté de vous convaincre qu’il s’agit d’un projet que vous pourriez suivre dans votre quête de grandeur en tant que chef d’Etat ayant pu rétablir la prospérité et la joie dans son pays.

 

Si vous souhaitez vous entretenir avec moi, je reste à votre entière disposition.

 

Avec tout le respect que je vous dois, bien à vous,

 

Hugo Salinas Price
Président,
Mexican Civic Association Pro Silver, A.C.

 

(Publié en espagnol sur www.plata.com.mx, 23 février 2015)

 

 

 

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Monnayer des chouettes d'argent en parallèle avec la nouvelle drachme serait très bénéfique à la Grèce. Le système imaginé par H. S. Price est excellent et il y a deux ajustements a y apporter pour le rendre encore meilleur :
- En parallèle avec la future drachme, oui, mais en parallèle avec l'euro tout de suite c'est mieux.
- Ne pas indiquer de valeur faciale dans une quelconque devise éviterait de devoir échanger des chouettes contre une quantité de cette même devise différente de ce qui est écrit sur les pièces d'argent. Le fait de toujours pouvoir échanger ses chouettes contre leur valeur faciale en devise dépréciée n'est pas indispensable.
Une dernière chose à prendre en compte, A. Tsipras est de gauche donc il va commencer par matraquer d'impôts les classes moyennes ce qui plongera inévitablement son pays dans la misère. C'est être très optimiste d'attendre autre chose d'un socialiste.
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Bien tente Hugo! mais quelquechose me dit que c'est un coup d'epee dans l'eau, malheureusement...
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Depuis le temps, ce monsieur devrait remarquer ce qui se passe lorsque l'on essaie de revenir à une monnaie tengible, même en parrallèle à du papier, certains en sont morts.

De plus les Grecques ne feront que thésauriser cette pièce d'argent, ce qui réduira très vite à néant cette lueur d'espoir.

Certains ? Tous, oui !

Tsipras en donnant leurs fonctions à ses ministres leur a demandé d'être prêts à verser leur sang pour la Grèce s'il le fallait.
Avec ce genre de décision, ils y passeront c'est sûr. Comme trois présidents américains avant eux.
Effectivement, l'auteur a raison, c'est un bon critère pour trier les politiciens des chefs d'Etat... et pour passer à la postérité, pour connaître la gloire à titre posthume.
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Certains ? Tous, oui ! Tsipras en donnant leurs fonctions à ses ministres leur a demandé d'être prêts à verser leur sang pour la Grèce s'il le fallait. Avec ce genre de décision, ils y passeront c'est sûr. Comme trois présidents américains avant eux. Ef  Read more
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