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À
l’heure où l’on parle partout de réformes, il peut
être bon de prendre pour exemple les meilleurs en la matière.
D’après la Banque mondiale, c’est de la Géorgie
qu’il s’agit.
Depuis la
Révolution aux Roses de 2003, l’ancienne République
Soviétique devenue État fantôme (failed state) est en effet passée, par un effort jugé
« sans précédent, » du marasme complet
à la tête du classement mondial des économies en termes
de taux de croissance. Sur les huit dernières années, celui-ci
a été supérieur à 6% en moyenne, permettant au
PIB par habitant d’augmenter de 79,5% sur la période, et cela
malgré les conflits militaires et économiques avec la Russie,
ainsi que les déboires de l’économie globale. Les crises
successives n’ont certes pas manqué de se faire sentir, freinant
l’expansion qui est passée de 12% en 2007 à -4% en 2009.
Mais elles n’ont pas eu raison de la vitalité de l’économie
géorgienne, qui augmenta à nouveau de 5,5% en 2010.
Mais, comment
est-ce possible? Quelles mesures ont-elles permis un tel
« miracle »? Celles-ci peuvent être
regroupées en quatre catégories.
La
première est politique, et regroupe des actions de lutte contre les
dysfonctionnements institutionnels et la forte corruption qui gangrenaient le
pays avant 2003. En 2011, la Géorgie occupait désormais la
8ème place du baromètre européen en la matière,
devant des pays tels que l’Autriche (11ème), et juste derrière
l’Allemagne (7ème). De fait, le gouvernement n’y est pas
allé par quatre chemins, licenciant par exemple en une journée
les 30 000 fonctionnaires de la police routière!
Un second
groupe de mesures, plus directement économiques, visèrent
à faciliter la création d’entreprises. Il fut ainsi
décidé de diminuer de façon drastique le nombre
d’activités requérant des licences et de lever nombre de difficultés
imposées à l’entreprenariat. Aujourd’hui, trois
procédures, pouvant être complétées en trois
jours, suffisent pour créer une entreprise alors qu’il en faut
le double aux USA, et 6 fois plus en Allemagne.
La
troisième série de réformes est fiscale. Entre 2004 et
2011, la Géorgie a réduit le nombre total de taxes existantes
de 21 à 6, faisant notamment disparaître toute forme de charge
sur le travail en incluant les cotisations sociales dans un impôt sur
le revenu au taux universel de 20%. Dans la foulée, les recettes
fiscales ont été démultipliées, et un
déficit chronique - en fait, maladif - s’est transformé
en excédent budgétaire.
Mais ce
n’est pas tout: l’impôt sur les bénéfices
s’établit maintenant à 15%, et la taxation des dividendes
et des intérêts à 5%. Les gains de capitaux, eux, sont
exemptés. Tout comme les successions. Pas d’impôts sur la
fortune non plus. Pas de salaire minimum.
Quant au
quatrième type de mesures, il concerne les échanges
extérieurs, et visait notamment à attirer les flux de capitaux
internationaux. Entre 2004 et 2008, ceux-ci sont passés de $520
millions à $3,143 millions entre 2004 et 2008 (+600%). S’ils ont
baissé depuis, pour des raisons externes (crise), ils
s’élèvent toujours à $1,600 millions en 2011, soit
plus du triple de leur valeur sept ans plus tôt.
Opération
réussie, donc, une nouvelle fois. Et, là encore, parce que le
gouvernement Géorgien a certainement fait ce qu’il fallait.
Outre l’éradication des quotas et la réduction des droits
de douane (qui enchérissent les importations de biens
nécessaires au développement), celui-ci a par exemple
créé des zones franches dénuées de taxe
foncière, de taxe sur la valeur ajoutée, ou encore
d’impôts sur les sociétés. Mais il est allé
plus loin encore en autorisant les investisseurs internationaux à
formaliser leurs obligations contractuelles dans la législation du
pays de leur choix, ainsi qu’en se hissant parmi les pays offrant la
meilleure protection aux investisseurs.
Un tel
compte-rendu d’étape du miracle Géorgien est
nécessairement incomplet, et cela à tous points de vue.
Impossible de tout dire, de même que de tout évaluer.
Généralement,
la première critique entendue lorsque l’on évoque les
bénéfices de la libéralisation est que ceux-ci ne sont
pas partagés, mais profitent uniquement au reste du monde et/ou aux
« riches » du pays. Sans entrer dans le débat de
fond, on notera, dans le cas de la Géorgie, que le salaire moyen est
passé de $220 à $350 entre 2007 et 2010, une augmentation de
59% !
Quant à
l’avenir, celui-ci semble sourire à la république du
Caucase, dont les ressources naturelles notamment, sont encore largement
inexploitées. Pour autant, c’est sans doute son exemple, comme
un rappel de la valeur et des bienfaits de la liberté, que le
reste du monde, à commencer par l’Europe de l’Ouest,
devrait importer.
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