Peu après avoir pris le
pouvoir, M. Mulroney, premier ministre du Canada, s’est attelé à la
tâche de réaliser ses promesses électorales de «rapprochement»
des relations canadiennes-américaines, qui s’étaient
sérieusement détériorées sous son
prédécesseur, Pierre Eliot Trudeau. Voir e.g.,
K.R. Nossal, The Mulroney Years: Transformation and Tumult, Policy
Options (June-July 2003). Le
nouveau premier ministre, en dépit de son opposition antérieure
à l’accord de libre échange,
s’est engagé avec son gouvernement dans la campagne qui a
culminé avec l’Accord
de Libre Échange entre le Canada et les États-Unis
(signé le 2 janvier 1988; entré en application le 1er janvier
1989) et plus tard l’Accord
de Libre Échange d’Amérique du Nord (effectif le 1er
janvier 1994).
Le gouvernement canadien a
nommé son responsable des négociations en novembre 1985, et les
négociations avec le représentant des É.U. ont
commencé en mai 1986 à Ottawa. Mais un an plus tard, les
négociations n’avançaient plus et l’appui des
Américains pour un accord diminuant, l’aboutissement demeurait
en doute. Alors, comme Michael Hart le rapporte dans son A History
of Canada-US Free Trade (Conférence 1999, partition 8):
Les
experts et les pessimistes dans les deux pays ont toutefois eu tort. Le
gouvernement canadien a maintenu le cap, déterminé qu’il
devait obtenir un accord. Aussi surprenant, autant l’administration des
É.U. que le Congrès ont démontré qu’ils
étaient prêt à régler les
points fortement en litige pour regarder vers l’avenir plutôt que
vers le passé. Dans une série d’évènements
dramatiques durant l’automne 1987, les dirigeants politiques des deux
côtés ont concocté une entente satisfaisante qui avait
éludé les négociateurs professionnels jusque là.
L’affaire Iran/Contra a
éclaté en public à l’automne 1986, propulsant une
forte hausse du prix de l’or qui a été contrée par
de fortes ventes soutenues sur le marché des biens marchands (COMEX)
à New York autant que des indications d’intervention dans le
marché aurifère par le Fonds de Stabilisation des
Échanges des É.U. (ESF). Voir Complaint
(la plainte), paragraphes 49 et 63. Le crash boursier d’octobre 1987 a donné une
nouvelle impulsion au prix de l’or qui a déclenché plus
de ventes officielles.
Le gouvernement des
É.U. est toujours sensible aux augmentations du prix de l’or
d’ampleur suffisante pour avoir un impact négatif sur le dollar
américain. Le prix de l’or est monté de $300
É.U./once en janvier 1985 à $500 en décembre 1987 avant
de se rabattre à $360 à l’automne 1989 pour clore
l’année juste au-dessus de $400. À la lumière des
évènements extraordinaires accompagnant la montée
à $500, la vente d’or canadien qui a été
initiée durant cette période doit avoir été une
bonne nouvelle pour l’administration Reagan.
Que ces ventes ou les ventes
postérieures aient un rapport direct ou indirect avec le vif
désir du gouvernement canadien d’obtenir un accord
général de commerce avec les États-Unis demeure une
conjoncture dans l’état actuel des faits connus. Toutefois, ce
qui ne laisse aucun doute, même si cela n’apparaît
évident que vers le milieu de la décennie 1990-2000,
c’est qu’en général le libre
échange avec les États-Unis a transformé
l’économie canadienne et substantiellement augmenté la
richesse des Canadiens. Vu sous cet angle, si le quid pro quo pour
l’accord de libre échange était
125 tonnes de réserves d’or vendu de 1986 à 1989,
plusieurs sinon la majorité des Canadiens auraient probablement
considéré que c’est du bon argent bien
dépensé.
Le graphique suivant montre la
croissance importante du surplus de la balance commerciale du Canada et de
ses réserves de devises étrangères depuis 1989. Il
illustre aussi que si la vente d’or du Canada a été
significative jusqu’à ce point, elle peut aussi
vraisemblablement se justifier uniquement sur la base de la diversification
des réserves officielles. Toutefois, le graphique montre aussi
qu’à la fin de 1989, la vente d’or du Canada venait juste
de commencer une longue pente qui s’accentue de 1991 à 1995
avant de s’adoucir en approchant de zéro où elle se trouve
aujourd’hui. (Note: Un communiqué de presse
du Ministère des Finance, les réserves en or du Canada
s’établissaient autour de 175 000 onces au 31
août 2003.)
Reg Howe
GoldenSextant.com
Reginald H. Howe est le
fondateur de Golden Sextant Advisors LLC, qui
fournit des services de consultation, de management et de banque
d’affaires à des societies et
particuliers ayant un intéret pour
l’or.
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