Limiter les conséquences environnementales de l’orpaillage

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Published : April 04th, 2012
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L’orpaillage illégal en Guyane française est depuis quelques années l’objet d’une importante attention médiatique. Dans un ouvrage paru aux éditions Calman Levy en 2007 (La Guyane française : l’or de la honte), le journaliste Axel May fait état d’environ 8 000 orpailleurs illégaux (en majorité des garimpeiros, originaires du nord du Brésil) et estime que la production illégale d’or, en plein croissance, s’élèverait à 16% de la production officielle située aux alentours de 3 tonnes par an. Ce sujet est régulièrement repris par les grands quotidiens nationaux (voir Le Monde en 2011 et 2012, et Le Point en 2012.


Les critiques de l’exploitation aurifère soulignent qu’elle contribue à la déforestation amazonienne et s’appuient en général sur plusieurs études menées dans cette région, notamment à partir d’images satellites montrant que le taux de déforestation attribué à l’exploitation aurifère aurait été multiplié par six entre 2006 et 2009, par rapport à la période 2003-2006.


A ce constat s’ajoute l’observation habituelle concernant l’impact environnemental de l’orpaillage. L’or est souvent récupéré par un procédé de cyanuration, qui permet de le séparer de l'argent en l’immergeant dans une solution de cyanure alcaline. L’amalgamation des particules, poussières et paillettes d'or, est par ailleurs facilitée par le mercure, qui est ensuite extrait par chauffage et évaporation. Lorsque le mercure n’est pas récupéré par condensation mais libéré dans l’environnement proche, il s’infiltre dans le sol, les nappes phréatiques et les cours d’eau. La contamination en mercure des cours d’eau se propage ensuite dans la chaine alimentaire par l’intermédiaire des poissons.


Les conséquences environnementales de l’orpaillage ne sont donc pas sujettes à débat. Les solutions proposées pour limiter ces conséquences, en revanche, font l’objet de désaccords.


En 2008, à la suite d’une visite du président Sarkozy en Guyane, le ministère de la Défense a mis en place le dispositif Harpie, destiné à lutter contre l’orpaillage illégal. Plus récemment, en novembre 2011 (à la veille de la dernière visite du Président), les députés ont voté une forte augmentation de la redevance aurifère au cours de l’examen du projet de loi de finance pour 2012. La redevance communale est passée de 41,9 à 125,7 euros par kg d’or. La redevance départementale a quant à elle augmenté de 8,34 à 25,02 euros, provoquant les protestations de la part de Fedomg (Fédération des opérateurs miniers de Guyane).


Force est de constater le caractère contradictoire de ces décisions politiques. Tandis que la conséquence escomptée de la première mesure est d’augmenter les coûts d’opportunité des opérateurs miniers illégaux (en leur démontrant que les risques encourus sont maintenant plus élevés), la deuxième mesure provoque exactement l’effet contraire, car elle ne fait que diminuer les coûts d’opportunités des orpailleurs clandestins. La principale conséquence de l’augmentation de la redevance est que d’autres opérateurs miniers légaux peuvent trouver l’orpaillage illégal plus profitable que leur propre activité. Sachant qu’une différence importante entre orpailleurs légaux et illégaux consiste à payer ou non la redevance, l’augmentation de la redevance donne des raisons supplémentaires d’éviter les canaux légaux.


Les prochains billets détailleront d’autres propositions faites par le bureau de World Wide Fund (WWF) en France, qui soutient une traçabilité de l’or, pour mettre en évidence les limites de ces solutions et indiquer comment les problèmes environnementaux précédemment mentionnés pourraient être plus simplement et plus efficacement résolus.



 

 

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Marian Eabrasu est professeur d’économie et d’éthique à l’ESC-Troyes. Il a été chercheur à l’International Centre for Economic Research (Turin, Italie) et à l’institut Ludwig von Mises (Auburn, Etats Unis). Il est l'auteur de nombreux articles publiés dans des revues à comité de lecture comme La Revue Française de Science Politique, Quarterly Journal of Austrian Economics, Business and Society, etc. Son dernier article publié en 2012 dans Raisons Politiques s'intitule "Les états de la définition wébérienne de l'Etat"
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