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L’orpaillage
illégal en Guyane française est depuis quelques années l’objet
d’une importante attention médiatique. Dans un ouvrage paru aux
éditions Calman Levy en 2007 (La Guyane française :
l’or de la honte), le journaliste Axel May fait état
d’environ 8 000 orpailleurs illégaux (en majorité
des garimpeiros, originaires du nord
du Brésil) et estime que la production illégale d’or, en
plein croissance, s’élèverait à 16% de la production
officielle située aux alentours de 3 tonnes par an. Ce sujet est
régulièrement repris par les grands quotidiens nationaux (voir Le Monde en 2011
et 2012,
et Le
Point en 2012.
Les
critiques de l’exploitation aurifère soulignent qu’elle contribue
à la déforestation amazonienne et s’appuient en
général sur plusieurs études menées dans cette
région, notamment à partir d’images
satellites montrant que le taux de déforestation attribué
à l’exploitation aurifère aurait été
multiplié par six entre 2006 et 2009, par rapport à la
période 2003-2006.
A
ce constat s’ajoute l’observation habituelle concernant
l’impact environnemental de l’orpaillage. L’or est souvent
récupéré par un procédé de cyanuration, qui permet de le séparer de l'argent en
l’immergeant dans une solution de cyanure alcaline. L’amalgamation
des particules,
poussières et paillettes d'or, est par ailleurs facilitée par
le mercure, qui est ensuite extrait par chauffage et évaporation.
Lorsque le mercure n’est pas récupéré par
condensation mais libéré dans l’environnement proche, il
s’infiltre dans le sol, les nappes phréatiques et les cours
d’eau. La contamination en mercure des cours d’eau se propage
ensuite dans la chaine alimentaire par l’intermédiaire des
poissons.
Les
conséquences environnementales de l’orpaillage ne sont donc pas sujettes
à débat. Les solutions proposées pour limiter ces
conséquences, en revanche, font l’objet de désaccords.
En
2008, à la suite d’une visite du président Sarkozy en
Guyane, le ministère de la Défense a mis en place le dispositif
Harpie,
destiné à lutter contre l’orpaillage illégal. Plus
récemment, en novembre 2011 (à la veille de la dernière
visite du Président), les députés ont voté une
forte augmentation de la redevance aurifère au cours de l’examen
du projet de loi de finance pour 2012. La redevance communale est
passée de 41,9 à 125,7 euros par kg d’or. La redevance
départementale a quant à elle augmenté de 8,34 à
25,02 euros, provoquant
les protestations de la part de Fedomg
(Fédération des opérateurs miniers de Guyane).
Force
est de constater le caractère contradictoire de ces décisions
politiques. Tandis que la conséquence escomptée de la
première mesure est d’augmenter les coûts d’opportunité
des opérateurs miniers illégaux (en leur démontrant que
les risques encourus sont maintenant plus élevés), la
deuxième mesure provoque exactement l’effet contraire, car elle
ne fait que diminuer les coûts d’opportunités des
orpailleurs clandestins. La principale conséquence de
l’augmentation de la redevance est que d’autres opérateurs
miniers légaux peuvent trouver l’orpaillage illégal plus
profitable que leur propre activité. Sachant qu’une
différence importante entre orpailleurs légaux et
illégaux consiste à payer ou non la redevance,
l’augmentation de la redevance donne des raisons supplémentaires
d’éviter les canaux légaux.
Les prochains
billets détailleront d’autres propositions faites par le bureau
de World Wide Fund (WWF) en France, qui soutient
une traçabilité de l’or, pour mettre en évidence
les limites de ces solutions et indiquer comment les problèmes
environnementaux précédemment mentionnés pourraient
être plus simplement et plus efficacement résolus.
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