La dette globale a récemment
été estimée à 223 trillions de dollars. La dette globale a gagné quelques 40%
depuis la crise financière de 2008-2009, date à laquelle elle s’élevait à 157
trillions de dollars. Ces 223 trillions de dollars représentent la dette
effective, et n’incluent pas la dette potentielle représentée par les
produits dérivés de cette dette, qui s’élèvent à des sommes astronomiques et
pourraient se transformer en dette si ces 223 trillions de dollars faisaient
l’objet d’un défaut.
Une dette globale de 223
trillions de dollars. Comme un gros nuage gris dans le ciel.
Pour le monde de la finance
tel qu’il existe aujourd’hui, il est vital de laisser flotter cette dette
dans le ciel sans jamais la soumettre à une liquidation.
Liquidation et remboursement
sont deux choses bien différentes.
Une liquidation signifie que
des détenteurs de dette cherchent à échanger la dette qu’ils possèdent contre
du liquide.
Le problème, pour les
banquiers centraux du monde, est de maintenir le nuage de la dette dans le
ciel et d’éviter un déluge de liquidations. C’est-à-dire qu’il ne doit jamais
y avoir d’échange trop important d’obligations contre du liquide.
La dette globale continuera
d’être un nuage gros dans le ciel tant que les investisseurs conserveront
leurs obligations ; et puisque les banques centrales ont porté les taux
d’intérêt jusqu’à des niveaux incroyablement bas – voir négatifs – les prix
de ces obligations ont atteint des sommets absurdes et offert des profits
substantiels à leurs propriétaires.
La dette mondiale n’est pas
remboursée et doit continuer de grimper, parce qu’elle est constamment remise
à plus tard, et que ces reconductions incluent les intérêts à payer. Le nuage
de la dette ne peut que se faire plus menaçant.
Quand les intérêts grimpent,
comme ils l’ont fait récemment, les marchés font preuve d’une préférence
accrue pour les devises plutôt que pour les obligations.
Cette hausse embryonnaire des
taux d’intérêt indique que nous pourrions un jour voir un désir grandissant
de la part des investisseurs de se débarrasser de leurs obligations ; ce
qui signifie qu’une hausse des taux d’intérêt pourrait faire baisser les prix
des obligations, et que cette baisse de prix pourrait forcer les détenteurs
d’obligations à enregistrer des pertes sur leurs obligations et autres
instruments de crédit qui forment le nuage de la dette. Une vente hâtive
d’obligations aggraverait la perte de valeur et renforcerait la hausse des
taux. Comme c’est toujours le cas en période de panique, ceux qui paniquent
les premiers auront de meilleures chances d’échapper aux pertes.
Mais il y a un autre
problème : une grande majorité des investisseurs et les fonds
d’investissements ont investi sur les obligations, sur lesquelles ils ont
réalisé de gros profits quand les taux d’intérêt ont commencé à baisser. Mais
si les gros investisseurs sont des détenteurs d’obligations, à qui vont-ils
vendre leurs obligations lorsqu’ils chercheront à les liquider ? Ces investisseurs
enregistreront de lourdes pertes, parce que les prix des obligations seront
forcés de s’effondrer. Et cela se produira dès que les investisseurs
penseront voir les taux grimper plutôt que baisser.
Les systèmes bancaires
investissent sur les obligations, et les obligations représentent une grande
partie de leurs actifs. En Europe, si les actifs du système bancaire
baissaient de 4%, le système bancaire européen se retrouverait en
banqueroute. Un effondrement du prix des obligations généré par une hausse
des taux d’intérêt serait létal pour le système bancaire européen, et si
l’Europe s’effondrait ; le reste du monde ne pourrait qu’en faire de
même.
Les taux d’intérêt devront tôt
ou tard grimper. Les banquiers centraux tremblent lorsqu’ils pensent voir
grimper les taux. Bien évidemment, la Fed et la BCE ne peuvent pas se
permettre de les rehausser. Elles sont coincées et attendent la peur au
ventre le déluge de liquidation que fera pleuvoir sur elles le nuage de 223
trillions de dollars qui plane au-dessus d’elles.