Alors que la course aux Jeux Olympiques de 2024 continue et que seuls
Los Angeles et Paris sont encore dans la course, je vous propose de revenir sur
ceux de 2012 qui eurent lieu à Londres et qui, conformément à ce qu’on
pouvait en attendre, se soldèrent par de belles cérémonies et… un bilan
économique franchement mitigé. Or, si les Anglais firent preuve, à
l’occasion, d’une relative maîtrise de leur budget, la façon dont se profile
l’affaire avec Paris laisse augurer de soucis financiers autrement plus
aigus, détaillés par un récent article de Capital qui ne laisse
aucun doute planer sur le fiasco financiers que nos amis socialistes sont en
train de nous préparer avec notre argent.
Dans quelques semaines, Londres et les Londoniens auront l’immense bonheur
d’accueillir les Jeux Olympiques et permettront au monde d’oublier les petits
soucis quotidiens en regardant de frêles jeunes filles lancer des poids avec
grâce dans l’azur ensoleillé de la capitale britannique, ou de fringant
jeunes hommes trottiner sur 100 m à 36 km/h de moyenne sans l’aide d’aucune
potion magique. Et puis après, le monde s’effondrera.
Enfin, pour le monde, je ne sais pas. Mais pour l’équilibre budgétaire de
la municipalité de Londres, en revanche, là, je suis sûr qu’il va morfler
sévère.
« Rooh », se dira le lecteur habituel et blasé. « Encore
une dose de méchanceté et de mauvaise foi ! Qu’a-t-il donc à reprocher à
cette magnifique manifestation d’entente planétaire dans une compétition
saine et colorée ? Tout ça, c’est bien sûr, parce que la France n’a pas
décroché la timbale en 2005 lorsque les jeux furent attribués à Londres
plutôt qu’à Paris ! »
En fait, rien de tout ça, mais avant d’entrer dans le sujet, revenons
rapidement en juillet 2005 : après un suspens insoutenable, le Comité
Olympique annonce que bah non, Paris ne gagne pas le droit d’organiser les
jeux de 2012, ce sera Londres.
C’est la déception dans les rangs français, emmenés, on se le rappelle,
par Bertrand Notre Dame de Paris Delanoë, qui va d’ailleurs s’épancher dans
le journal de France 2, snif snif, c’est terrible de voir tout ce
vivrensemble qui vient de se prendre une tarte maousse pas du tout bisounours
:
Eh oui, comme le dit Bertrand, « une défaite un peu inexplicable »
compte-tenu du graissage de patte quasi-industriel qui avait eu lieu avant
mais qui n’a pas suffi devant la distribution de bonbons encore plus forte côté
britannique, et qui a donc plongé le Maire de Paris dans un désarroi
lacrymogène. Sur le coup, donc, euphorie londonienne et pleurnicheries
parisiennes. Enfin, officiellement.
Officieusement, côté britannique, certains avaient déjà fait des calculs
et commençaient à tirer une tête bien sombre. En France, pas mal (dont
moi-même) poussèrent un ouf de soulagement en apprenant la défaite de Paris,
suivi d’ailleurs immédiatement d’une joie un peu sadique en constatant la
mine défaite de l’improbable maire parisien. Nous aussi avions fait nos
calculs.
Nous voici sept ans plus tard, au moment où les jeux vont débuter.
On peut déjà parier que ces jeux seront, sur le plan sportif et
événementiel, parfaitement organisés, et il est probable qu’ils seront une
belle réussite. Les touristes, venus pour l’occasion, en auront pour leur
argent, au moins en ce qui concerne le sport (pour la bonne chère, ça reste
l’Angleterre, tout de même, n’exagérons rien).
Mais pour le reste, on comprend déjà que tout ne va pas être aussi génial.
S’il y a bien quelque chose qui va décidément être sportif, ce sera le
rétropédalage des autorités lorsqu’il s’agira d’expliquer que l’opération
globale des jeux olympiques menés à Londres n’est pas un gouffre financier.
Non pas que les Jeux Olympiques devraient, par nature, représenter un
bonus économique important. De loin en loin, depuis les jeux de Los Angeles
en 1984, pas une seule fois les Jeux n’ont rapporté un kopeck à ceux qui les
avaient organisés.
On pourrait, à la limite, se contenter d’un budget à peu près équilibré
permettant d’éviter de creuser les poches des contribuables. Mais là encore,
que nenni : c’est, de façon systématique, un gouffre financier avec,
littéralement, des milliards d’euros, de dollars ou de livres sterling dépensées
sans espoir de retour. « Roooh » va-t-on encore me sortir ici,
doublé d’un « Ce n’est pas possible, avec toutes les retombées
médiatiques, le tourisme, et tout ça, l’opération doit être bien moins
catastrophique qu’il le prétend, cette mauvaise langue ! »
Sauf que lorsqu’on épluche la presse et les chiffres évoqués pour les
chantiers londoniens en cours, on obtient ceci : en 2002, le montant de la
facture des Jeux était estimé à 2.8 Milliards de dollars. En 2012, la
municipalité de Londres avoue en avoir dépensé 15, ce qui fait un joli x5.
Ici, ce sont les contractants qui se frottent les mains, et les contribuables
les yeux : un dépassement de budget d’un rapport cinq, c’est tout de même une
performance assez remarquable. D’autant que la dernière estimation du coût
final, une fois les Jeux terminés, s’établit à présent bien au-delà des 24 milliards de livres
(38 milliards de dollars, à la louche). Là encore, on parle d’un gros facteur
13, ce qui donne un peu le vertige.
Évidemment, la facture finale pour Londres, alors que la crise s’est
déchaînée entre les larmes de Delanoë, en 2005, et maintenant, remet en
perspective les craintes de ceux qui redoutaient ces jeux pour leur capitale
(qu’ils fussent parisiens ou londoniens), notamment lorsqu’on se rappelle
d’une précédente capitale, Athènes, et de sa petite note de 11 milliards de
dollars largement supportée par le peuple grec puis le reste de l’Europe par
le truchement d’une tuyauterie financière qui n’a plus de secret pour
personne.
En réalité, les Jeux, s’ils sont Olympiques, le sont surtout du côté des
dépenses générées. On entend souvent que les jeux se rembourseront, mais la
réalité est que la plupart des équipements sont construits de façon
spécifique pour les sports qui vont y être pratiqués le temps des jeux (un
mois) puis être, purement et simplement, détruits ou abandonnés. Par exemple,
il n’y a pas bousculade de licenciés pour du handball en Angleterre, et le
kayak, en Grèce, n’a jamais mobilisé les foules.
Le fait d’héberger les jeux pendant un mois signifie effectivement que la
ville va voir l’activité économique exploser juste avant, mais cette activité
profite surtout à des contractants extérieurs qui connaissent les besoins,
contraintes et spécificités des infrastructures de ce genre d’événementiels.
Rares sont les contractants locaux habitués à gérer ces paramètres. L’argent
dépensé par les Londoniens dans ces conditions finit donc par quitter la
ville, voire le pays, dans sa plus grosse partie. En outre, les emplois créés
le sont de façon purement temporaire : la folie des jeux retombée, il n’en
reste plus qu’une toute, toute petite partie.
Observation vraie pour les emplois qui s’étend au tourisme : boosté le
temps des jeux, les touristes ne viendront pas plus l’année prochaine à cause
d’infrastructures désertées ou démontées. De surcroît, les touristes qui
peuvent se permettre d’aller aux jeux (avec des dépenses afférentes de
plusieurs milliers de dollars) sont peu nombreux, et ne reviendront pas.
Quant à l’idée que les jeux provoquent une ruée sur les sports ainsi
médiatisés et entraînent donc un regain de consommation correspondante, c’est
juste ça : une idée, fausse de surcroît. Je ne pense pas que vous vous soyez
récemment rué sur une paire de pompes en ayant regardé Usain Bolt réaliser
ses performances. À la limite, ça aurait même tendance à décourager.
Non, pas de doute : les jeux sont des gouffres financiers. Colorés,
joyeux, festifs, forcément citoyens (du monde) adossés à une compétition dans
un esprit de partage et de fraternité évidemment planétaire avec des rafales
de bisous écoconscients en package bonus. Mais ça reste des gouffres.
En ces temps de crise violente, on comprend maintenant mieux les grimaces
des londoniens, et mieux aussi pourquoi le petit Bertrand semble avoir
largement digéré la pilule.
En effet, quand on sait que la Ville de Paris est, techniquement,
dans la dette et les déficits jusqu’au cou, que ses dépenses ont bondi sous
l’ère Delanoë de plus de 44%, en parallèle d’une explosion du nombre
d’employés et de l’absentéisme, bref, que la situation financière de la ville
est proprement catastrophique, on imagine qu’avec les Jeux Olympiques, la
facture finale aurait été démentielle.
Tous comptes faits, les Français en général et les Parisiens en
particulier pourront remercier chaudement le Comité Olympique d’avoir choisi
Londres plutôt que Paris. Les larmes de Delanoë de 2005 prennent un goût
étonnamment sucré.
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