Luzi Stamm
fut élu au Conseil National Suisse en 1989, où il
représenta tout d’abord le parti
libéral-démocrate. En 2001, à la suite de l’ouverture
des débats quant à une éventuelle entrée de la
Suisse dans l’Union Européenne, Luzi Stamm
changea de parti politique et rejoignit
les rangs du parti populaire Suisse. Au cours des élections
tenues en 2007 au Conseil National, il arriva deuxième de son canton
– celui d’Aargau, et fut réélu en tant que membre
du Conseil. Aujourd’hui, monsieur Stamm,
ainsi que trois autres membres du Conseil National Suisse, lancent une
campagne visant à rapatrier les réserves d’or Suisses
placées à l’étranger. L’initiative, portant
le nom 'Sauvez l'or de la Suisse', s’est fixé l’objectif
de récolter un minimum de 100.000 signatures. L’entretien
ci-dessous a été originellement publié en Allemand sur
le site internet wirtschaftsfacts.de.
Mr Stamm,
j’aimerai commencer cet entretien par une question
générale. Quelle est selon vous l’importance des
réserves d’or des banques centrales en temps de crise
financière ?
LS : Très importantes !
L’indépendance d’un pays est très
étroitement liée à l’indépendance de sa
banque centrale nationale. Une banque centrale ne maintient sa
crédibilité que tant qu’elle possède des
réserves de valeur capables de préserver
leur pouvoir d'achat – et tout particulièrement de
l’or.
Votre initiative vise
à une protection accrue des réserves d’or de la Suisse.
L’or Suisse n’est-il pas assez sécurisé dans les
coffres de la Banque Nationale Suisse ?
LS : L’or Suisse est parfaitement
protégé dans les coffres de la Banque Nationale Suisse. Ce qui
est inacceptable, c’est de ne pas savoir où l’or Suisse se
trouve. Il est inadmissible que les citoyens Allemands, Américains,
Suisses etc. ne soient pas tenus au courant de l’endroit où se
trouve l’or de leur pays – leur ‘richesse nationale’.
Comment une banque
centrale telle que la Banque Nationale Suisse peut-elle justifier une telle dissimulation
d’informations ? N’est-ce pas là un comportement
anti-démocratique ?
LS : Cette situation inacceptable a pris place il y
a des décennies. Il me surprend beaucoup de voir que ce
problème n’est abordé qu’aujourd’hui par le
public. Une telle loi du silence devrait effectivement être alarmante
dans une démocratie.
Pourquoi pensez-vous que
la Banque Nationale Suisse dissimule les informations relatives à
l’emplacement de stockage de son or au public Suisse ?
LS : Si nous voulions offrir à la Banque
Nationale Suisse le bénéfice du doute, nous pourrions dire que
sa volonté d’indépendance politique implique
également un droit au secret. Mais je ne suis pas d’accord avec
ça.
Selon les critiques, les
banques centrales publieraient de fausses statistiques quant à leurs
réserves d’or. Ils répètent sans cessent que les
banques centrales ont par le passé vendu ou prêté bien
plus d’or aux banques commerciales que ce qu’elles ne daignent
admettre. Quelle est votre opinion sur la question ?
LS : Compte tenu du refus des banques centrales
à fournir quelque information que ce soit concernant leur or, il
n’est pas surprenant de voir se développer de telles rumeurs. Il
est particulièrement alarmant de savoir que l’or puisse être
prêté. Nous oublions trop souvent le fait qu’un prêt
puisse s’avérer tout aussi dangereux qu’une vente (par
exemple au cas où le débiteur ne pouvait plus rembourser
l’or d’un gouvernement, ou simplement ne comptait plus le faire).
Afin de mettre en avant
votre initiative, vous prévoyez de tenir un référendum
national. De combien de signatures auriez-vous besoin pour que ce
référendum devienne réalité ?
LS : Malheureusement, nous n’avons
jusqu’à présent collecté que la moitié des
signatures dont nous avons besoin (50.000). Nous accepterions bien entendu
toute aide extérieure qui pourrait nous permettre d’en collecter
davantage.
Pourquoi les banques
centrales conservent-elles leur or à l’étranger ?
LS : Notre banque nationale justifie cela par son
désir de conserver autant de flexibilité que possible si besoin
se faisait sentir pour elle de se lancer dans des opérations
commerciales sur l’or.
Quelles seront les
conséquences de la monétisation continuelle de la dette des
gouvernements et des banques par la Fed, la Banque d’Angleterre et la BCE
sur le marché des devises ?
LS : Elle finira soit par placer de trop importantes
dettes sur les épaules des contribuables, soit par
générer l’inflation. Tout ceci affecte indirectement la
classe moyenne, tout particulièrement dans les Etats riches tels que
l’Allemagne.
La Chine, en raison des
problèmes auxquelles font actuellement face l’Amérique et
l’Europe, est perçue par beaucoup comme étant le
‘dernier espoir’ de l’économie globale. Les
données publiées par la Chine concernant son or sont-elle correctes
? Que se passerait-il si, comme le pensent de nombreux observateurs, la Chine
était frappée par un effondrement financier ?
LS : Sur le long cours, la Chine ne résoudra
certainement pas les problèmes de l’Europe, ni ceux des
Etats-Unis. D’ici quelques temps, lorsque la population Chinoise
commencera à vieillir du fait de la politique de l’enfant
unique, le pays rencontrera à son tour des problèmes. Si nous
détruisons le dollar et l’euro à l’Ouest, la Chine
ne nous sauvera pas.
La zone Euro est sur le point
d’être disloquée. Quelles en seraient les
conséquences sur l’économie Suisse ?
LS : Utiliser l’euro comme devise commune dans
des pays dont les développements économiques sont
inégaux était incontestablement une grave erreur.
L’introduction de l’euro était un projet politique
contredisant toute logique économique. Un abandon de l’euro
serait bénéfique à tous sur le long terme –
même à la Suisse, dépendant particulièrement de la
situation économique en Allemagne.
Mr Stamm,
je vous remercie énormément de m’avoir accordé cet
entretien, et je vous souhaite à vous et à vos collègues
le meilleur succès pour votre initiative sur l’or.
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