Trouver une maison à 9 000 euros, voire moins en France c’est possible. Pas partout évidemment.
Par exemple dans Paris, à ce prix-là vous n’achèterez même pas un seul m² la barre des 10 000 euros le m² ayant été dépassée, mais, dans les Ardennes, vous trouverez des maisons, habitables, pas des ruines à moins de 10 000 euros.
Certes le climat des Ardennes est froid, humide. On est loin de tout ou presque, mais l’on peut acheter une vraie maison pour même pas le prix d’une caravane d’occasion!!!
C’est un reportage de BFM TV que vous pouvez voir ou revoir ci-dessous.
« Dans les Ardennes, la ville de Revin se vide de sa population et certaines maisons se vendent pour moins de 9.000 euros
Pendant trois semaines, l’équipe de l’émission de reportages GRAND ANGLE et Thomas Misrachi ont sillonné l’hexagone sur 1 400 kilomètres du Nord Est au Sud Est, à la rencontre de cette France des « invisibles » et des « sans voix ». Le reportage propose aux téléspectateurs une immersion dans ces territoires oubliés ».
Visionnez-le et ci-dessous je partage quelques réflexions d’ordre économico-patrimoniales avec vous.
Quels enseignements tirer de ce reportage?
Premier enseignement, ce n’est pas à Revin que vous ferez des plus values foncières!!
Plus sérieusement, le prix de l’immobilier est ultra variable au sein même d’un pays. Vous allez de 20 000 euros le m² dans certains quartiers parisiens à moins de 10 000 euros la maison à Revin! Les implications d’une telle situation sont évidentes. Vous pouvez « habiter » pour pas cher, vous avez le choix de votre localisation et votre localisation fait le coût du logement en grande partie.
Le choix de votre localisation et c’est pour cela que je l’évoque souvent lorsque je parle du PEL (patrimoine, emploi, localisation) est fondamental dans votre niveau de vie réel comme ressenti.
Le deuxième enseignement, c’est qu’évidemment la démographie est intimement liée à la croissance économique. Vous n’avez pas de croissance économique sans démographie. Lorsqu’une petite ville comme Revin se vide, elle se meurt. S’il n’y a plus d’habitant, il n’y a plus de PIB local!!! Quand il n’y a personne il n’y a plus d’économie.
Mettez même 10 000 personnes au RSA ensemble dans une ville, et vous allez avoir, malgré des faibles revenus, une économie qui va se créer. Elle sera peut être faible, peut-être de subsistance, mais, elle sera réelle. L’économie c’est la démographie, et une grande partie de la crise économique actuelle même au niveau international est profondément démographique. C’est le Japon qui vous donne le plus d’éléments intellectuels pour vous projeter dans notre avenir proche, car les Nippons sont en avance sur nous concernant le dégonflement de leur bulle démographique, car c’est bien de cela dont on parle.
Par extension, si nous avions une véritable vision politique et de l’aménagement du territoire, on devrait créer des zones rurales de peuplement les « ZRP » en offrant pour 10 ans une suppression totale de l’impôt sur le revenu pour ceux qui s’installent dans ces zones par exemple. L’idée? Des zones « franches » pour rééquilibrer la population sur le territoire. Pourquoi?
Parce qu’une économie crée 10 fois plus d’emplois en ayant 10 villes de 100 000 habitants qu’une seule d’un million!! Plus c’est gros, plus vous avez des économies d’échelle. C’est plus économique en apparence, mais dans les faits vous détruisez votre économie. Les hypermarchés créent des emplois, mais ils en détruisent 10 fois plus qu’ils n’en créent et vous avez le même phénomène désormais entre la vente en ligne via Internet et les hypermarchés. Au bout du compte, les centres villes se désertifient, les commerçants disparaissent et avec eux tout l’écosystème aussi bien économique local, que… social, car tout cela c’est aussi du lien social.
Penser l’aménagement du territoire comme une solution écologique et économique de long terme!
Je reste convaincu, que les grandes villes sont en réalité obsolètes. Héritées de la nécessité de regrouper des tas de « bras » pour permettre aux usines la production de masse qui nécessitaient des masses de gens. Les villes vivent sur l’inertie de cette révolution industrielle, mais cet usage de la ville est définitivement derrière nous.
Les progrès techniques permettent presque les usines sans « bras » et tout automatisées pour la même production de masse. Quand ce n’est pas des machines qui font le travail, les usines sont délocalisées dans des pays à bas coûts de main d’oeuvre.
Bref, la ville est devenue obsolète. L’industrie a été supplantée dans le PIB par les « services ».
Les moyens technologiques modernes permettent le télé-travail comme jamais avant, et beaucoup de postes ne nécessitent plus une présence physique. Bref, tout ceci va considérablement changer et si Internet a mis 20 ans pour produire ses pleins effets sur certaines habitudes, le changement managérial commence à poindre. Dans 20 ans, il est fort possible d’imaginer que l’entreprise où des centaines de personnes vont travailler sera un souvenir du passé, surtout que cette mutation est renforcée par la précarisation et le retour du paiement à la tâche sous la forme de l’auto-entrepreneuriat.
Cette réalité du précariat oblige déjà beaucoup de gens (d’où le phénomène Gilets Jaunes) à subir la précarité, et au lieu de subir, il faut évidemment la gérer, la prendre en considération, l’accepter individuellement (à défaut de l’accepter politiquement). Il faut passer à titre individuel du précariat subit, à la déflation personnelle!!
Si vos revenus baissent ou stagnent, il n’y a pas 36 solutions.
Il faut soit augmenter vos revenus, soit baisser vos charges et vos dépenses. C’est là que la maison à 9000 euros de Revin doit vous interpeller en termes intellectuels.
Je ne vous dis pas d’aller vivre là-bas, bien qu’il vaille sans doute mieux vivre dans une maison à Revin, que dans une voiture à Paris pour gagner 1 200 euros… A Revin les minimas sociaux sont les mêmes qu’à Paris, sauf qu’à 9 000 euros la maison, même un type au RSA peut devenir propriétaire!!!
Gérer la précarité c’est exactement cela. Evidemment Revin risque de vous exclure de la possibilité de travailler (mais pas de télé-travailler) parce que les communications ou l’absence de transports en commun vers un grand bassin d’emploi sont très pénalisants.
Mais c’est la logique. L’avenir n’est plus à l’exode rural… mais à l’exode urbain!!
Il n’y a rien de plus obsolète que les transports en avion à l’époque de la visio-conférence et du partage de fichiers en temps réel et les… grandes villes!
J’aurais l’occasion de revenir très largement dans la
lettre STRATEGIES du mois de Mai consacrée à l’immobilier sur ce sujet, sur les grandes tendances, et ce que j’appelle les « obsolescences immobilières ». Pour
plus de renseignements c’est ici.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !