Goldman Sachs dit encore une
fois s’attendre à ce que le prix de l’or chute, et fixe sa prévision de
moyen-terme à 1050 dollars.
En laissant de côté le gène schizophrène
nécessaire à la compréhension des prédictions en constante fluctuation de
toutes ces grosses banques, il est incroyable de voir que les gens continuent
de les écouter malgré leurs bilans abyssaux et leur campagne ouverte contre
l’or.
Il ne fait aucun doute que les
too-big-to-fail peuvent faire bouger les marchés – mais elles ne
font que dire ce qui est bon pour elles, pas pour nous.
Lors de ma visite en Chine il
y a deux ans, devinez de qui personne ne parlait ? De Goldman Sachs. On
en entendait bien entendu parler des Etats-Unis, mais le régime
journalistique consistait majoritairement en des informations sur l’activité
Chinoise, et non la situation en Amérique du Nord. Et, surprise, l’opinion de
l’autre côté du grand mur bleu est très différente de ce que l’on peut
entendre aux Etats-Unis – et parfois même diamétralement opposée.
Non seulement la ménagère
Chinoise, peut-être l’espèce d’épargnant la plus précautionnée du monde, n’a
presque jamais entendu parler de Goldman Sachs et de ses prévisions d’un prix
de l’or à 1000 dollars, mais si elle en avait eu vent, elle se serait
certainement exclamé 垃圾!
(Balivernes !)
En voici la preuve. Depuis le
premier janvier, les investissements en ETF ont perdu 26%. Mais les ménagères
Chinoises ne cessent pas d’acheter de l’or, et ne vendent certes pas celui
qu’elles possèdent déjà.
La ligne en pointillés rouges
représente les flux sortants enregistrés par GLD la semaine dernière. Les
barres de couleur or représentent les importations mensuelles d’or de la
Chine via Hong Kong. Nous pouvons voir que la Chine a absorbé plus de deux
fois ce que les investisseurs Américains en ETF ont vendu, voire bien plus,
parce que nous ne disposons que des données d’importations depuis Hong Kong
jusqu’au mois de juillet.
Et les choses vont encore plus
loin.
En creusant un peu plus, on
s’aperçoit que les importations cumulées de la Chine jusqu’au mois de juillet
ont dépassé les 26,7 millions d’onces (831 tonnes) sur l’année 2012.
Cela signifie que plutôt de
s’être éloignés de l’or après l’effondrement de son prix plus tôt cette
année, les Chinois ont continué d’acheter du métal jaune à chaque fois qu’ils
en ont eu l’occasion. L’an dernier, les sociétés minières Chinoises ont
produit 12,9 millions d’onces d’or (403 tonnes de métal) dont aucune n’a quitté
le pays.
En observant les livraisons de
métal physique du SGE et celles du COMEX et les comparant
à la production globale, la tendance est claire :
Les livraisons du SGE sont
beaucoup plus importantes que celles du COMEX. Les ratios de livraison sur le
COMEX ont toujours été inférieurs avec 10% contre plus de 30% sur le SGE.
Entre janvier et juin, le SGE a presque égalé le total de livraisons de l’an
dernier.
Plus intéressant encore :
les livraisons du SGE sont proches de la production minière globale. Au cours
des six premiers mois de cette année, elles ont atteint 35,3 millions d’onces
(1098 tonnes), soit 20% de moins que ce que les sociétés minières du monde
ont produit l’an dernier.
Et ce sont des informations
comme celles-ci auxquelles les Chinois prêtent attention – et pas à ce
qu’écrit Goldman Sachs.
Et ce n’est bien sûr pas que
les Chinois. L’Inde demeure le plus gros marché de l’or du monde. Malgré les
restrictions imposées par son gouvernement, Madame Singh a acheté plus de
bijoux et d’or au cours du dernier trimestre que la ménagère de n’importe
quel autre pays.
La Chine et l’Inde
représentaient environ 60% du marché global de la bijouterie lors du dernier
trimestre, et approximativement la moitié du marché des barres et pièces
d’or. Les deux pays ont vu leur demande augmenter de 50% au cours de la
première moitié de l’année par rapport à la même période en 2012.
Et les deux pays continuent
d’enregistrer des records…
- La
Chine a acheté 8,8 millions d’onces (275 tonnes) d’or, soit 87% de plus
que l’an dernier
- L’Inde
a acheté 9,9 millions d’onces (310 tonnes) d’or, soit 71% de plus que
l’an dernier
Il est vrai que les
importations officielles de l’Inde ont chuté en août pour passer à 0,08
million d’onces d’or (2,5 tonnes), soit une baisse de 95% par rapport au
million et demi d’onces enregistré en juillet. Il n’est pas certain, en
revanche, que les autorités Indiennes soient réellement parvenues à contrer
les importations, compte tenu de l’ampleur des activités de contrebande. La
saison des mariages approche, et la demande a de fortes chances de rebondir.
La demande physique a
également augmenté en Thaïlande, en Indonésie et au Vietnam, avec des hausses
de 20 à 40%. Les pays Asiatiques représentent donc le gros de la demande en
or, avec 70%.
Les Asiatiques sont-ils plus intelligents
que Goldman Sachs ?
Que cela signifie-t-il pour
nous, investisseurs ?
La structure du marché de l’or
se transforme. L’or se déplace depuis les mains des plus faibles – qui
recherchent le profit – aux mains les plus fortes, qui achètent avec une
vision de long terme.
L’or se déplace d’ouest en
est. Vous le savez certainement déjà, mais c’est ce que nous indiques les
point développés plus haut – et la tendance ne présente pas de signe de
ralentissement.
L'est finira par avoir un
impact bien plus grand sur les prix. A mesure que les pays Asiatiques
absorbent le marché, leur influence sur les prix ne pourra que croître.
Le marché haussier de l’or
n’est pas terminé, contrairement à ce que nous dit Goldman Sachs. Quand j’ai
lu son commentaire sur le marché de l’or, je me suis posé la question de
savoir s’il le comprenait réellement. Il faut dire que leurs analystes ne
possèdent pas d’or.
Madame Chang, je suis de votre
coté.