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« Mon
modèle à moi, c’est la France, ma référence
c’est la République. » Oui, merci Monsieur le Premier
Ministre. C’est bien. Mais ça n’apporte pas grand-chose de
dire ça. À vrai dire, tout le monde s’en moque. Si vous
aviez dit : « Mon modèle à moi, c’est
Frédéric Bastiat, ma référence, c’est Ayn Rand », là oui. Non seulement cela
aurait eu « de la gueule », comme on dit
familièrement, mais vous auriez vraiment rué dans les brancards
et annoncé quelque chose qui sortait enfin du gloubiboulga
politique actuel. Mais vous n’avez rien dit ce 20 mars à l’Assemblée
nationale en réponse à la motion de censure
déposée par Jean-François Copé au nom de l’opposition.
Il n’y a
pas que vous d’ailleurs qui soyez resté silencieux malgré
le verbiage politique. Monsieur Copé, malgré ses formules et ses
incantations, n’a rien dit non plus. Il ne suffit pas de déposer
une motion de censure contre le gouvernement, d’égrener à
l’envie la liste des « y a qu’à »,
« faut qu’on », de dérouler les formules médiatico-compatibles trouvées par des collaborateurs
pour être le leader de l’opposition. Ça c’est de la
politique de grand papa. La seule chose bien dite, qui ressemble à un début
de programme sérieux, c’est votre : « Arrêtons, comme le disait Georges Pompidou,
d’emmerder les Français ! » Chiche.
Ecoutez donc
votre lointain collègue député, l’économiste
Frédéric Bastiat, qui siégeait sur ces mêmes bancs
de l’Assemblée en 1849. Lui était beaucoup plus moderne
que vous. Il vous aurait
donné tout de suite la ligne directrice pour arrêter
d’emmerder les français : « le travail produit,
la politique détruit ; et voilà pourquoi le travail
n’a pas récompense. » Instauration du contrôle
fiscal volontaire pour les entreprises avant déclaration
d’impôt, augmentation des taxes sur les CDI, charges patronales,
sécurisation de l’emploi, garantie-jeune, emploi d’avenir,
contrat de génération, emplois francs, renforcement du RSA, la
litanie est longue des mesures sociales qu’il faut financer en grevant
le travail privé car il n’y a que celui-là qui produit.
Le travail n’a tellement plus sa récompense que beaucoup
d’entre nous quittent un pays qu’ils aiment afin de garder un peu
d’argent de leur travail et vivre mieux dans des pays qui offrent davantage
d’opportunités.
Vous voulez
que l’État s’occupe de tout. Mais non, surtout pas. Ce
qu’on demande à un État est très simple :
rendre la justice pour protéger la propriété et assurer
la sûreté intérieure et extérieure. C’est
tout. C’est suffisant. Le reste, croyez-moi, on saura faire. Bastiat
vous le rappelle : « pourvu que la personne fût
respectée, le travail libre et les fruits du travail garantis contre
toute injuste atteinte, nul n’aurait rien à démêler
avec l’État. Heureux, nous n’aurions pas, il est vrai,
à le remercier de nos succès ; mais malheureux, nous ne
nous en prendrions pas plus à lui de nos revers que nos paysans ne lui
attribuent la grêle ou la gelée. »
Mais l’un
comme l’autre, Monsieur le Premier Ministre et Monsieur Copé,
vous êtes des socialistes au sens étymologique du terme. Ne
soyez pas choqué, cher Monsieur Copé, c’est la
réalité car vous aussi vous n’imaginez pas un
gouvernement minimum. Écoutez : « le socialisme, comme
la vieille politique d’où il émane, confond le
Gouvernement et la Société. C’est pourquoi, chaque fois
que nous ne voulons pas qu’une chose soit faite par le Gouvernement, il
en conclut que nous ne voulons pas que cette chose soit faite du
tout. »
Eh bien oui, Monsieur
Copé, tout comme Monsieur Ayrault, vous ne concevez pas que les
français puissent entreprendre sans vous. Relisez le discours que vos
collaborateurs vous ont écrit et que vous avez lu le 20 mars :
vous parlez toujours de ce que le gouvernement ferait pour les français
si vous étiez en charge, mais vous ne dites rien de ce que les
français pourraient enfin faire sans gouvernement omniprésent,
qu’il soit celui de Monsieur Ayrault ou le vôtre. Cette
idée ne vous effleure même pas d’ailleurs.
Monsieur
Ayrault, vous êtes Premier Ministre. Il vous a fallu plus d’une très
longue demi-heure pour ne rien dire alors qu’en quinze secondes vous
auriez pu révolutionner la France, relancer notre économie,
diminuer les dépenses publiques, arrêter l’exode des
entrepreneurs. Tout ça en deux phrases que votre collègue
Bastiat vous aurez permis de reprendre, sans droit d’auteur. Quel
talent, quel courage, si vous aviez dit, ce 20 mars, à la tribune de
l’Assemblée nationale : « Je vous donne avis que
mon ministère est supprimé. La République supprime en
même temps toutes les entraves dans lesquelles mes
prédécesseurs vous ont enlacés, et tous les impôts
qu’il faut bien faire payer au peuple pour mettre ces entraves en
action. Je vous prie de me pardonner le tort que vous ai fait. »
Mais au lieu
de cela, comme d’habitude vous avez fait beaucoup de bruit pour rien.
Et aux frais des contribuables français en plus. Vous êtes
encore loin, très loin, de la politique moderne.
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