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Pour une fois, je suis
d’accord avec Ségolène Royal, je ne vois pas comment
l’on pourrait être socialiste et libéral, et je me
félicite de ne pas avoir voté pour Madame Royal, qui revendique
la pureté de son socialisme. A ce propos, je ne peux
m’empêcher de sursauter lorsque j’entends Madame Royal
entonner le refrain convenu du libéralisme qui nous conduit au
capitalisme sauvage. Même le capitalisme le plus sauvage
n’arrivera jamais à la sauvagerie des régimes socialistes
qui ont toujours pratiqué les camps de travail (au nom du parti ou de
la réussite de la révolution), la police politique et le parti
unique, sur fond d’exécution de masse et de propagande
d’Etat.
Car si les mots ont encore un sens, le socialisme prône la
collectivisation des moyens de production, l’étatisation du
dialogue social et la disparition de la propriété,
réduisant la société civile réduite à sa
plus petite expression : celle de l’individu nu et
désarticulé face à l’Etat omnipotent.
Dans la nature, les atomes s’assemblent en structures plus
complexes pour former la matière. Il en est de même de la
matière économique et sociale faite d’organisations et
d’auto-organisations complexes (comme les familles, les entreprises,
les fondations et toutes formes de communautés humaines
tournées vers un objectif) fondées sur l'initiative
individuelle.
Les clivages politiques ne sont pas seulement de simples étiquettes
sans contenu. Ils renvoient à une histoire et des théories
politiques qu’il appartient de connaitre si l’on veut comprendre
quelque chose en politique. De ce point de vue, la philosophie
libérale et le socialisme sont fondamentalement distincts et
antinomiques, tandis que le communisme et le socialisme (et le
national-socialisme faut-il le rappeler) se distinguent en degré mais
appartiennent à la même famille idéologique.
Il est regrettable pour notre pays qu’une trop grande partie de la
droite française tourne le dos à ses racines libérales, sans
doute complexée et intimidée par les moralistes de gauche qui
mettent tous les malheurs de la terre sur le dos du libéralisme. Mais
ce n’est pas parce que la droite renie son héritage
libéral que cela fait de la gauche l’héritière
naturelle du libéralisme, alors que les ténors de gauche
n’ont de cesse de diaboliser l’économie de marché
pour reconquérir les électeurs de la LCR. De là à
ce que les libéraux de gauche s’unissent avec les
libéraux de droite pour créer une hypothétique
troisième voie dans un centre politique décidément bien
improbable, c’est un peu le serpent de mer de la politique
française.
Jean Louis Caccomo
Chroniques en
Liberté
Jean Louis Caccomo est Docteur en sciences économiques de
l'université d'Aix-Marseille II et maître de conférences
à l'université de Perpignan. Il intervient comme expert
international dans de nombreux programmes de coopération (Maroc,
Algérie, Ukraine, Thaïlande, Mexique, Syrie, Comores, Chine,
Canada, USA).
Les vues présentées par Jean Louis
Caccomo sont les siennes et peuvent évoluer sans qu’il soit
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