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Je suis un pécheur, mais je ne suis pas repentant.
Rendez-vous compte, je ne pratique pas l'écologie et je n'y crois pas.
Je ne recycle pas et je ne conserve rien - sauf quand ça peut
rapporter de l'argent. J'aime l'air propre - vraiment propre, comme celui des
climatiseurs. J'aime les intérieurs sans insectes. J'aime le
développement comme celui qu'on trouve dans les immeubles, le
béton, le capitalisme, la prospérité. Je n'aime ni les
marais (et ceci vaut pour tous les "marécages", même
les "Terres marécageuses" dont on nous bourre le
crâne), ni les jungles (les "forêts tropicales"). Je
considère tous les animaux, à l'exception des chiens et des
chats, comme porteurs potentiels de maladies, à moins qu'ils ne soient
dans des zoos.
Quand PBS parle de l'intelligence animale, je reste
indifférent. Je suis content pour les dauphins qu'ils puissent pousser
de petits cris. Je suis heureux pour les singes qu'ils puissent faire signe
pour avoir leur nourriture. C'est charmant de voir les abeilles s'organiser
si bien pour leur travail. Mais ça ne leur donne aucun droit sur moi.
Leur seule véritable valeur vient de ce qu'ils peuvent faire pour
l'Homme.
D'après la doctrine politique et religieuse
moderne, toutes ces idées font de moi un pécheur. Les
principales Églises sont devenues depuis longtemps quasi-Manichéennes,
prêchant la sainte pauvreté et jurant de ne jamais perturber la
nature par les taches de l'action humaine. Et nous connaissons tous la vogue
des religions du New Age. On enseigne aux enfants des écoles publiques
l'éco-sentimentalisme.
Même le nouveau Catéchisme catholique semble
de la bouillie sur le sujet. "La domination de l'Homme sur le monde
inanimé et sur les autres êtres vivants créés par
Dieu n'est pas absolue... elle demande un respect religieux de
l'intégrité de la création" (paragraphe 2416). Je
ne sais pas ce que cela veut dire. Ca ressemble à un clin d'œil
au nouveau paganisme. Est-ce que les abeilles et les bactéries tueuses
ont une "intégrité" qui dicte un "respect
religieux" ? A mon avis, la nature n'a de valeur que si elle sert les
besoins de l'Homme. Sinon elle doit être transformée.
Même dans les cercles libre-échangistes, on
me demande de célébrer la beauté et
l'intégrité morale de la nature avant que je ne discute des
droits de propriété et du marché. En fait, les
"écologistes du marché libre" insistent pour me faire
accepter les objectifs des Verts, en rejetant seulement certains de leurs
moyens étatiques comme manière de parvenir à ces buts.
Je ne prends pas. Les écologistes dénoncent tout ce que j'aime,
et la lutte entre eux et nous est fondamentale.
On ne peut compter que sur les Randiens pour rester
logiques sur cette question. Ils affirment ce qui était la position
chrétienne il n'y a encore que quelques décennies : que
l'Homme, en fait, occupe la place la plus haute dans le grande chaîne
du vivant. Les intérêts des animaux, des espèces, des
choses vivantes ne devraient jamais prendre le dessus sur le besoin de
prospérité humaine. Mais, à cause d'un tel discours, les
Randiens ont été bannis par de nombreux libertariens sous le
prétexte que leur stratégie serait totalement erronée.
Un sage Randien m'a une fois
supplié d'examiner de près le terme
"d'environnement". A quoi se réfère-t-il ?,
demandait-il. Eh bien, vous pouvez dresser la liste des sujets
d'intérêt des écologistes : l'air, l'eau, les animaux,
les arbres, l'ozone, etc. Mais où cela s'arrête-t-il ? Quelles
sont les limites de ce qu'on appelle l'environnement ? Ce que ce terme veut vraiment
dire, disait-il, "c'est tout sauf l'Homme". Il avait raison. Un
environnement parfait serait un monde sans Homme. Combien monstrueux est le
fait de permettre aux Verts d'avancer vers cet objectif !
Ce n'est pas seulement Ayn Rand, mais aussi Saint
Augustin, qui croyait que le but de la nature était de servir l'Homme
:
Certains essaient d'étendre ce commandement
["Tu ne tueras point"] aux bêtes et au bétail, comme
s'il nous interdisait de retirer la vie à toute créature. Mais
s'il en était ainsi, pourquoi ne pas l'étendre aussi aux
plantes et à tout ce qui est enraciné et nourrit par la terre ?
Car, bien que cette classe de créatures n'éprouve pas de
sensations, on dit aussi qu'elle est vivante, et par conséquent aussi
qu'elle peut mourir. Et donc, si la violence leur est appliquée, elle
peut les tuer. Ainsi, par exemple, l'apôtre, en parlant des graines de
telles plantes, dit, "Ce que tu sèmes n'est pas pressé
sauf par la mort" ; et dans le Psaume il est dit, "Il tua leur
vigne avec les intempéries". Devons-nous alors considérer
comme contraire au commandement "Tu ne tueras point" de cueillir
une fleur ? Devons-nous ainsi, de façon insensée, admettre les
erreurs folles des Manichéens ? En mettant de côté, donc,
ces divagations, lorsque nous disons "Tu ne tueras point", nous ne
parlons pas des plantes, car elles n'éprouvent aucune sensation, ni
des animaux irrationnels qui volent, nagent, marchent ou rampent, car ils
sont séparés de nous par leur manque de raison, et donc, par la
décision juste du Créateur, ils peuvent, selon notre
volonté, être tués ou laissés en vie pour nos
propres besoins
Comme il est glorieux, écrit aussi Saint Augustin,
de voir les habitats humains se répandent où régnait
autrefois une nature non maîtrisée. C'est également mon
avis. Je ne me soucie pas du nombre d'homélies que j'entends sur les
gloires de la nature, de la chaire, du Congrès ou des medias. Je suis
contre elle, à moins qu'elle ne soit modifiée par l'Homme en
quelque chose d'utile ou de valeur. Les choses qui poussent sont faites pour
la nourriture, les vêtements, la décoration ou les pelouses.
Tous les marais devraient être asséchés. Toutes les
forêts tropicales transformées en agriculture productive.
N'étant pas bricoleur, mon rayon favori des
quincailleries est celui des produits contre les insectes ou la mauvaise
herbe, des pièges à animaux nuisibles et des poisons de toutes
sortes. Ces produits exterminateurs représentent la haute civilisation
et le capitalisme. Les emballages sont décorés avec des images
menaçantes de fourmis, de gardons, d'insectes avec des pinces, et
d'autres choses indésirables, pour nous rappeler que le rôle de
ces produits est d'éliminer la vie des insectes pour qu'ils ne
menacent plus la seule vie qui ait une âme et donc la seule vie qui
compte : celle de l'Homme.
Le seul problème avec les pesticides, c'est qu'ils
ne sont pas assez puissants. "Les anti-fourmis" ne font que
déplacer les sales petites bêtes. Pourquoi ? Il y a un certain
temps, le gouvernement a interdit le meilleur de tous les pesticides : le
DDT. Le résultat, ce fut un pays rempli d'insectes volants et
rampants, menaçants et porteurs de maladies Des pans entiers d'anciens
lieux de vacances merveilleux ont été anéantis parce que
nous n'avons plus de droit d'utiliser le seul produit qui ait jamais vraiment
réussi à éliminer ces choses. Dans le tiers-monde, des
milliers de gens sont morts à cause de l'interdiction d'utiliser le
DDT, à cause de l'augmentation de la malaria et d'autres maladies
apportées par les insectes. Tout ceci parce que nous avons
décidé que les insectes ont un droit à la vie plus grand
que nous. Tout ceci parce que nous ignorons un point clé de la
pensée occidentale : toutes les choses non humaines "peuvent,
selon notre volonté, être tuées ou laissées en vie
pour nos propres besoins."
De nos jours, vous pouvez être arrêtés
pour avoir de telles idées, parce que l'écologie est notre
religion officielle. Considérez la question du Styrofoam [un produit
isolant créé par Dow Chemical, à base de mousse de
polyuréthane, NdT]. Je refuse de me servir d'un gobelet en carton pour
le café chaud, quand un gobelet merveilleusement isolant est
disponible. Quand je demande au café qu'on me donne du Styrofoam, ils
reculent comme Dracula devant un crucifix. J'explique que le Styrofoam ne
prend que 0,001 pour cent de l'espace rempli de terre, que le papier
imprimé est en réalité un plus grand poison pour les
nappes phréatiques, et qu'ils devraient donc peut-être ne plus
s'abonner au New York Times. Mais ça ne compte pas. Pour eux,
les gobelets en carton sont sacré et le Styrofoam est le diable.
L'évidence ne compte pour rien.
Nous savons d'où viennent les écologistes.
La Gauche a affirmé autrefois que l'Etat pouvait nous rendre plus
heureux. Plus il y aurait de gouvernement, plus prospère nous serions.
Quand ceci se révéla faux, ils ont changé de disque.
Soudain, ils ont commencé à condamner la
prospérité en elle-même, et la place du
prolétariat oppressé a été prise par les sujets
opprimés du royaume des animaux, des plantes et des insectes. Nous
avons adopté la pauvreté comme objectif politique, avec son
propre code civique de l'éthique.
Depuis les temps immémoriaux jusqu'à
avant-hier, l'Occident a considéré la nature comme son ennemie,
et avec raison. Elle est dangereuse et mortelle. Pour pouvoir assurer notre
survie, elle doit être domptée, taillée,
maîtrisée, contrôlée. C'est la première
tâche de la civilisation. Le premier pas vers la destruction de la
civilisation est l'incapacité de comprendre ceci, ou le fait d'appeler
cette attitude un péché.
Article
paru le 11/09/2000 sur le site de Lew Rockwell
Traduction : Hervé de Quengo
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