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L’évolution récente des
marchés, notamment concernant la situation en Europe, suggère
que la situation pourrait être favorable au dollar et
défavorable à l’or. L’argument favorisant le dollar
contre l’or est des plus simplistes.
Je le comparerai à l’effondrement en quatre
étapes que je prévois pour les devises du monde Occidental.
Se basant sur l’argument qui veut que l’or
ne soit rien de plus qu’une protection contre l’inflation, et
portant attention aux chiffres de l’inflation en termes de valeurs
nominales, les analystes concluent généralement que
l’or est énormément surévalué – et
qu’il pourrait en fait être l’objet d’une bulle.
Cependant, ces analystes manquent de tenir
compte de la raison principale pour laquelle l’or est une protection
contre l’inflation : il est l’arme ultime contre
l’effondrement futur des devises fiduciaires. En d’autres termes,
il est un moyen de préservation de pouvoir d’achat sur le long
terme. Il est clair que certains traders tentent de tirer quelques profits
grâce à leurs positions à découvert sur l’or
et leurs positions longues sur le dollar, mais pour ce qui est
des investisseurs privés, procéder de
la même manière que les traders les rendrait pour le moins vulnérables à la situation qui nous
attend, c’est-à-dire à la déstabilisation de
l’Euro et de l’éventuel effondrement du dollar que cette
dernière entraînerait. En de telles circonstances, même la
volatilité actuelle du prix de l’or et
de l’argent sera des plus
séduisantes.
La première phase de la catastrophe est la crise de
la dette, qui camoufle de manière efficace une crise touchant aux
devises. Le défaut de la Grèce est significatif dans le sens
où il est une première fissure dans le système
fiduciaire. Mais la Grèce n’est qu’un problème
mineur. L’Italie est une menace bien plus importante, avec ses 2,4
trillions de dollars de dette et un rendement sur obligations sur dix ans
ayant passé le niveau critique des 7%. C’est là
l’étape la plus ruineuse, dont le coût surpasse la
croissance économique plus inflation. L’Italie fait face
à un remboursement de dette des plus lourds, ainsi qu’à
un manque d’intérêt de la part des acheteurs envers ses
obligations, et bien sûr d’un manque total d’espoir en un
plan de sauvetage quelconque. Si l’Italie faisait défaut de sa
dette, la contagion s’étendrait rapidement au Portugal, à
l’Irlande, à l’Espagne ainsi qu’à
d’autres pays importants de la zone Euro, dont peut-être la
France. En de telles circonstances, la plupart des banques internationales et
des investisseurs institutionnels, dont ceux des Etats-Unis, pourraient
souffrir de sévères pertes en termes de revenus sur obligations
souveraines. MF Global est le parfait exemple spéculatif de cette
tendance. Pire encore, les contreparties de swaps de défaut de
dérivés de crédit, dont de nombreuses banques Allemandes
et Américaines, pourraient souffrir de pertes majeures.
Cela nous mène à la deuxième phase de
la catastrophe : une nouvelle crise bancaire, d’une échelle
bien plus étendue. Cela pourrait faire s’effondrer les
marchés d’actions et obligations, et faire pression sur les
investisseurs institutionnels, dont les fonds de pension et compagnies
d’assurance politiquement sensibles. De plus, les banques deviendraient
de plus en plus réticentes à se prêter mutuellement des
fonds. Le marché interbancaire finirait par geler, et ce bien plus
qu’en 2008. Cela pourrait déboucher sur un raccourcissement de
la durée de certains prêts, voire même sur le rappel de
certains financements d’entreprises.
D’ici
là, la crise bancaire pourrait plonger l’Europe dans une
récession des plus sévères, voire même une
dépression. Comme les pays de l’Europe sont à
l’origine de 22% du commerce international, une dépression dans
cette région entraînerait sans doute les Etats-Unis dans sa
chute. En réponse à cela, le prix des métaux
précieux pourraient faire face à des pressions importantes
à une heure où la liquidité devient primordiale.
Cela
représente une opportunité d’investissement sur le long
terme pour les investisseurs sur l’or et sur l’argent.
La
troisième phase serait une restructuration voire une dissolution de
l’Euro, et possiblement une fuite vers le dollar, poussant la valeur
des obligations du Trésor temporairement à la hausse. Avec un
dollar plus fort, le prix de la plupart des matières premières,
y compris celui des métaux précieux, connaîtra en premier
lieu une baisse en termes de dollars. La situation de l’Italie nous
présente aujourd’hui une version anticipée de cette
dynamique.
Cependant,
un changement en termes de portefeuille d’investissement peut
être critique à un investisseur. C’est pour cela que la
quatrième phase, la plus alarmante, représente la
réalisation de la part des investisseurs que le dollar est à la
source de l’effondrement international des devises et est
lui-même vulnérable. Un rejet du dollar se développera alors
soudainement. Il ne fait aucun doute que cette échappée massive des devises papier vers
les métaux précieux prendra certains investisseurs par surprise
– tout comme l’a fait la crise de 2008. Dans le même temps
que l’idée de fuite se répandra, le prix de
l’argent pourrait augmenter plus rapidement encore que celui de
l’or.
Il existe un vieux dicton qui dit : ‘plus haut
est le vol, plus dure sera la chute’. Le gouvernement des Etats-Unis
est le gouvernement le plus chanceux qui ait existé depuis des
siècles. Il a su vivre dans l’excès, et s’est vu
loué pour avoir su en faire ainsi. Mais il semblerait que même des
avions ayant volé moins haut que le leur commencent à
décrocher. Quelle force aura donc la chute de l’avion
piloté par les Etats-Unis ?
Il n’est pas nécessaire de tenter de
prédire quand un tel évènement se produira, mais
plutôt de savoir quand déployer son parachute doré.
John
Browne
Euro Pacific Capital, Inc.
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