Intéressante affaire que ce Mur de Cons : elle permet de rappeler qu’il faut abandonner toute idée de Justice impartiale tant la magistrature française est orientée politiquement. Mais les scories de cette affaire, et son développement du côté de France3 permettent par ricochet d’apprécier l’ampleur de l’hypocrisie qui règne chez une bonne partie des journalistes.
Le malaise, déjà grand au sein de la majorité, et qui aura touché même une ministre pourtant toute acquise aux frasques idéologiques des magistrats, se sera donc étendu, assez rapidement, du côté des journalistes lorsqu’on a appris que les images polémiques avaient été prises par l’un d’eux, le scélarat, le traître, l’impudent, un certain Clément Weill-Raynal, salarié de France3 depuis plusieurs années (en plus !). Sapristi.
Le parcours de la vidéo en question est intéressant puisqu’elle a bien été remise à Atlantico par un magistrat dont on ne saura pas plus. Le coupable de cette fuite ne pouvant pas être identifié facilement sans faire cracher le morceau à la rédaction du média en ligne, la meute des bien-pensants, outrés d’être ainsi clairement dévoilés, se sera reportée sur la source initiale, celui qui fut, à l’évidence, l’auteur des images en question, et qui était bien plus facile à identifier.
Une fois chopé, la machine médiatique s’emballe sans problème : « suite aux premiers éléments de l’enquête interne menée à propos de la vidéo dite du mur des cons » (parce que, comprenez-vous, il fallait une enquête, absolument, pour savoir QUI avait ainsi osé faire un tel acte abominable), la direction de France3 décidera d’une sanction disciplinaire (ou pas) à l’encontre de l’auteur de la vidéo, qui « a fait le choix d’en dissimuler l’existence à sa hiérarchie », parce que la garder pour lui et la transmettre à un magistrat qui, lui, ne l’a pas gardée pour lui, constitue un acte absolument déloyal. Et puis, surtout, empêche tout étouffement.
Bref. On reproche, à l’évidence, l’absence de déontologie du journaliste qui a été prendre des images en cachette pour les faire fuiter et de ne pas en avoir informé sa chaîne : « On ne vole pas des images et on ne les donne pas à un autre média que le sien. »
Et puis c’est tout non mais alors à la fin zut.
Ceci n’a évidemment rien à voir avec le fait que c’est une attaque directe contre un syndicat de gauche (le Syndicat de la Magistrature), ami d’un autre syndicat de gauche (le Syndicat des Journalistes CGT). Cela a tout à voir avec le fait, nous dit-on, que ce sont des images prises, pardon, volées dans un cadre privé, voyons !
C’est bel et bien bon, mais y a-t-il eu vol ? Et le journaliste a-t-il transmis les images à « un autre média que le sien » ?
Pour cette deuxième question, cela reste toujours à prouver puisqu’autant Atlantico que le journaliste expliquent être passés par un intermédiaire, un mystérieux magistrat apolitique, qui aura d’ailleurs attendu plusieurs semaines avant de transmettre la vidéo. Ce qui voudrait donc dire que le journaliste n’a pas transmis les images à un autre média : peut-on raisonnablement qualifier un magistrat apolitique « d’autre média » sans passer pour un gros lourd empli de la mauvaise foi la plus crasse ?
Pour la première question, à savoir si ces images furent volées ou non, un récent article de Contrepoints éclaire assez bien la situation :
Le local syndical est un lieu privé. Le délit reste privé si l’écrit injurieux est uniquement accessible à des personnes liées par une communauté d’intérêts, celle-ci étant définie par la jurisprudence comme « un groupe de personnes liées par une appartenance commune, des aspirations et des objectifs partagés, formant une entité suffisamment fermée pour ne pas être perçue comme des tiers par rapport à l’auteur des propos mis en cause » (V. crim. 28 avril 2009, n° 08-85249). Mais l’injure devient publique dès qu’il est établi qu’une personne étrangère au groupe en a eu connaissance (Crim. 15 juillet 1981, bull. crim. n° 232). Or, apparemment, la porte du local n’était pas fermée à toute personne n’appartenant pas au syndicat. Dès lors, la condition de publicité est remplie.
Donc non : il n’y a pas eu vol. Du reste, on se demande comment on peut qualifier ça de vol alors que tout le monde savait que le preneur d’images était journaliste et qu’il l’a fait ouvertement, en présence de personnes du syndicat à ce moment là…
Mais surtout, on aimerait que cette déontologie dont se réclament bruyamment les accusateurs de Clément Weill-Raynal s’applique aussi pour eux. Ils réclament des sanctions disciplinaires contre le journaliste (pour avoir fait son travail un peu trop correctement, sans doute), on aimerait qu’ils se sentent à leur tour aussi coupables lorsqu’ils firent fuiter des images de Sarkozy sur France 3, le 30 juin 2008, prises à son insu et avant son interview en direct, dans lesquelles on découvrait le président de la République s’emporter, notamment parce qu’on ne lui répond pas alors qu’il salue un technicien.
Oh, à ce propos, cette dernière affaire avait conduit à un … non-lieu. Double standard ? Non ?
On pourrait aussi parler de l’affaire Bettencourt dans laquelle un enregistrement clandestin avait déclenché les suites judiciaires que l’on connaît. Mais à l’époque, aucun syndicat des journalistes pour venir lever la voix contre ceux qui firent fuiter l’enregistrement. Ah, oui, c’est vrai, j’oubliais : Edwy Plenel est du bon côté, dans le Camp du Bien, chez les Gentils. Lui, il a le droit. Deux poids, deux mesures ?
D’autant que le même Plenel nous avait proposé l’exercice correspondant avec un enregistrement fuité entre Cahuzac et son gestionnaire de fortune, montrant que la nature du camp attaqué (ici, un socialiste) pouvait varier sans conséquence gênante : tant que le porteur de message (volé ?) est, lui, estampillé À Gauche, il ne risque pas de déroger à la sacro-sainte déontologie.
Bien évidemment, je n’irai pas jusqu’à rappeler l’enregistrement obtenu à l’insu d’un homme de droite qui le plongea dans la tourmente pour avoir estimé, à voix haute, qu’un Auvergnat, ça va, mais c’est quand il y en a plusieurs qu’il y a des problèmes. Au fait, cet homme de droite s’est retrouvé sur le Mur de Cons. Voilà qui devient fort gênant, non ? Les faiseurs de Murs ont des droits auxquels les Cons ne semblent pas pouvoir prétendre…
Toute cette cohérence, toute cette équité, tous ces jugements impartiaux égrenés en quelques affaires médiatiques bien établies permettent d’affirmer sans le moindre doute que le Syndicat des Journalistes est, il faut bien le dire et en toute honnêteté, un nid de gauchistes patentés, manipulateurs éhontés, se drapant d’une vertu outragée alors que tous ses membres l’ont perdu il y a fort longtemps, sans doute à la faveur d’une de ces lâches compromissions qui leur a permis de perdurer jusqu’à maintenant, le bain dans les subventions publiques n’étant pas la moindre.
Et puis tant qu’on y est, on pourrait parler, aussi, de la belle et noble cohérence d’un syndicat de salarié qui réclame la tête de l’un d’eux.
Bravo, chère CGT, bravo, cher syndicat de parvenus gauchistes ! Vous démontrez ici, devant tous, ce que vous valez vraiment, de quoi sont faites vos motivations, et quels jus délétères parcourent vos tripes ! Pour vous passent avant le salarié les principes et l’idéologie du syndicat : il vaut mieux, de loin, un salarié viré avec pertes et fracas (et sanction, même, si possible), afin de protéger la philosophie que vous engrainez chez vos syndiqués plutôt que la protection d’un salarié. Si, maintenant, la CGT devait vraiment aider et protéger les salariés, ça se saurait.
Bien sûr, toute cette affaire médiatico-juridico-politique n’est qu’un énième avatar de poudre de perlimpinpin qu’une bonne partie de la société du spectacle française nous offre afin de ménager le bastringue dont on sent, tous, les dernières heures approcher. Bien sûr, la découverte du Mur de Cons, de celle de syndicats partisans et hypocrites, de syndicalistes roulant pour des idées de plus en plus nauséabondes et délétères, toutes ces découvertes n’en sont pas pour qui veut voir. Et ces « découvertes » sont autant de diversions des problèmes graves qui bloquent complètement le pays en l’arc-boutant sur un passé révolu, nécrosé et en pleine putréfaction.
Mais ne boudons pas notre plaisir : le tapis est soulevé et toutes les petites bestioles putrides qui n’aiment pas la lumière se débattent pour regagner leurs sombres abris. Et surtout la prise de conscience par le peuple de l’ampleur de l’hypocrisie de ces castes qui le manipulent est absolument indispensable si on veut arrêter un jour de dire que ce pays est foutu.