Murray Rothbard, un « autrichien » américain à Las Vegas

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Published : November 01st, 2011
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Category : Fundamental

 

 

 

 

Impossible de parler de Las Vegas sans parler de Murray Rothbard, appartenant à l’école d’économie autrichienne, qui y fut professeur d’université de 1986 à 1991. Doug French, qui l’a bien connu, était à la FreedomFest. Il parle de sa rencontre avec Rothbard.


À l'automne 1990, Doug French travaillait dans les prêts immobiliers commerciaux à la Security Pacific Bank et poursuivait une maîtrise en économie à l’UNLV (Université du Nevada à Las Vegas). Il avait besoin d'un cours pour remplir une case de son emploi du temps, mais le seul cours disponible était celui enseigné par un excentrique (« kook »), selon l’expression d’un de ses camarades de classe.


C’est ainsi que French, sans le savoir, s’est inscrit au cours d’histoire de la pensée économique de Murray Rothbard. « Je suis allé au cours de Murray et j'ai été frappé par la foudre. Ma vie a changé à jamais », raconte French, qui est maintenant président de l'Institut Ludwig von Mises, un think tank libertarien basé à Auburn en Alabama. 


Rothbard fut, dans l’après-guerre, l’un des plus éminents théoriciens américains de l’école autrichienne d’économie. Selon cette école de pensée, la liberté économique est la clé de la prospérité pour la simple raison que les individus sont les mieux placés pour connaître les opportunités permettant de créer de la richesse. À ceux qui pensent que la main de l’État est nécessaire pour dompter les passions du marché, assurer la justice sociale et guider le développement économique dans des directions souhaitables, les économistes de l’école autrichienne ont une réponse simple : comment diable pouvez-vous le savoir ? 


Mises et Hayek ont démontré que la planification économique est une folie. La main de l’État ne peut que fausser le jeu naturel des choix individuels et des préférences.  Aucun expert ou comité d'experts ne devrait s'arroger le droit de piloter des processus naturels dont l'issue est inconnaissable. Rothbard a rendu compte en détail de ces questions dans son chef-d'œuvre, Man, Economy and State, rédigé tout au long des décennies 1950, 1960 et jusqu'en 1970.


Murray Rothbard est arrivé en 1986 à l’UNLV, après une carrière déjà longue et une célébrité bien acquise. Pour la première fois, on lui offrait un poste dans une grande université. À cette époque, le département d’économie avait un peu d'argent et le doyen était à la recherche d'un grand nom. Rothbard a voulu créer un département d’économie crédible qui soit complètement autrichien. Pour cela il a fait appel à un autre économiste de l’école autrichienne, d’origine allemande, Hans Herman Hoppe.


En quelques années, dans les milieux libertariens, l’UNLV a acquis la réputation d’être un véritable temple de l’école autrichienne d’économie. Tout le pays voulait suivre les cours de Rothbard et lui parler. En 1991, dans l’évaluation du corps professoral, les étudiants lui avaient donné des notes nettement au-dessus de la moyenne du département. Il a pourtant été remercié la même année.


En réalité, Rothbard et Hoppe, penseurs radicaux, étaient isolés dans leur département et aucun économiste autrichien n’est arrivé depuis dans leur sillage. Rothbard pestait contre la modélisation mathématique défendue par les économistes classiques. La Réserve fédérale était l'une de ses cibles favorites et il enseignait que les taux d'intérêt artificiellement bas dans les années 1920 avaient provoqué la Grande Dépression. Pour aggraver les choses il ne se privait pas de dire tout haut ce qu’il pensait de ses collègues keynésiens. Bref, il était trop « radical » pour l’université.


« L'État, qui subsiste grâce à la fiscalité, est une vaste organisation criminelle bien plus redoutable et efficace que n'importe quelle organisation privée dans l'histoire de la mafia », écrivait
Murray Rothbard dans L'éthique de la liberté, republié aux éditions des Belles Lettres en 2011.


Rothbard est décédé en 1995 après avoir participé à la création de l’Institut Ludwig von Mises, pour la diffusion de la pensée de son maître. Il aura cependant marqué Las Vegas de son empreinte.



Chroniques de la Freedoom Fest à Las Vegas


 

 

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Damien Theillier est professeur de philosophie en terminale et en classes préparatoires à Paris. Il est l’auteur de Culture générale (Editions Pearson, 2009), d'un cours de philosophie en ligne (http://cours-de-philosophie.fr), il préside l’Institut Coppet (www.institutcoppet.org).
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