Ma femme va encore me dire que je suis vulgaire, mais vous connaissez
cette réplique d’un film célèbre, « les cons ça ose tout, c’est même à
ça qu’on les reconnaît »…
Nous y sommes mes amis.
Chaque jour, nous avons droit à de nouveaux exemples d’indigence
intellectuelle.
Aujourd’hui, nos abrutis d’économistes bien-pensants, et ayant abdiqué
depuis bien longtemps tout regard critique sur la soupe que le système leur
sert, s’interrogent doctement sur un phénomène surprenant qui vient tout de
même titiller ce qui leur reste de neurones encore en fonctionnement (mais
sans doute pas pour longtemps).
Comment expliquer que, malgré un chômage à 4,9 % aux USA, les
salaires ne progressent pas ?
Voilà une question qu’elle est bonne, n’est-ce pas ?
Bon, il y a mon analyse assez simple à comprendre, factuelle et basée sur
la réalité, à savoir que si malgré un chômage très bas les salaires
n’augmentent pas, c’est que l’on a une erreur dans l’un des deux chiffres.
Soit les salaires augmentent et personne ne s’en est encore rendu compte (peu
probable), soit c’est le taux de chômage qui n’est pas aussi bas que ce que
l’on vous dit – et je peux vous confirmer que le problème vient effectivement
de ce paramètre.
Pour vous la faire courte, en gros, aux USA, quand on ne cherche plus de
travail… au bout d’un certain temps assez court, on n’est plus comptabilisé
nulle part dans les taux de chômage.
En revanche, on est compté dans les Américains en âge de travailler qui ne
travaillent pas. C’est la « non labour force » comme on dit là-bas.
Vu qu’ils sont 95 millions dans cette catégorie, il ne faut pas être méga
futé pour se dire que les chômeurs sont planqués dans cette énorme catégorie…
Du coup, avec presque 100 millions de chômeurs, il est évident que les
salaires ne sont pas prêts d’augmenter – ceci expliquant cela.
Les crétins, eux, se tortillent dans tous les sens pour
expliquer l’inexplicable…
« Le taux d’activité étant demeuré inchangé (62,8 %), le taux de
chômage est resté inférieur à 5 % (4,9 %). Ceci illustre un marché du travail
robuste, sans qu’on puisse répondre avec certitude à la question du plein
emploi.
Certes, le taux de chômage évolue depuis octobre 2015 dans la fourchette
d’estimation du NAIRU (Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment, soit
le taux de chômage qui n’accélère pas l’inflation) estimé, par les membres du
FOMC, entre 4,6 % et 5 %.
Pourtant, les salaires ne sont toujours pas sur une pente ascendante
solide. Pour les employés du secteur privé affectés à la production (hors
cadres), le salaire horaire moyen était en progression de 2,5 % sur un an, un
rythme quasi-inchangé depuis décembre dernier. Cette absence d’inflation
salariale est surprenante avec un taux de chômage aussi faible.
Mais si, plutôt que l’habituelle mesure du chômage (dite U3),on retient
une mesure plus large (U6, qui ajoute aux chômeurs, les personnes évoluant à
la marge du marché du travail et celles travaillant à temps partiel pour
raisons économiques), la relation entre sous-emploi et salaire redevient
pertinente (graphique). Le taux de chômage U6 demeure en effet près de 2
points supérieur à son point bas de l’avant-crise : la main-d’œuvre
disponible reste abondante aux États-Unis, contraignant la formation des
salaires… »
Bon, en gros, ils vous expliquent que le chômage est super bas, mais il
faut prendre quand même en compte la catégorie où il est un poil plus haut…
Mais on continue à faire l’impasse sur le fait que jamais dans l’histoire
américaine le taux de participation de la population américaine au marché du
travail a été aussi faible.
On ne prend pas en compte non plus les 48 millions d’Américains qui
bénéficient des « food stamps », ces bons alimentaires pour les
plus pauvres qui remplacent les soupes populaires de jadis.
Il n’y a pas de plein emploi aux USA
Pire, vous pourrez découvrir au contraire, dans l’édition du jour
d’Insolentiae, quelques exemples de licenciements massifs qui se poursuivent
partout dans le monde.
Nous sommes en pleine fiction relayée par des imbéciles qui ne sont que
des passe-plats des communiqués de presse officiels tous plus victorieux les
uns que les autres alors que l’économie mondiale est en pleine débâcle.
Non, les statistiques ne sont pas fausses. C’est juste que l’on compte
dedans que ce que l’on veut, et n’oubliez pas ce que disait Churchill,
« je ne crois qu’aux statistiques que j’ai moi-même falsifiées »…
Méfiez-vous de cette grande fiction qui a toujours eu pour objectif de
créer la croissance en remontant le moral, l’idée étant de créer un processus
autoréalisateur de croissance économique.
Hélas, l’économie, c’est un peu plus compliqué que juste des
« phénomènes autoréalisateurs ». Il n’y a pas de croissance, pas de
reprise, pas de plein emploi, pas de perspectives roses et enthousiasmantes.
Il y a une grande dépression. Nous sommes en plein dedans. C’est à ce
contexte que vous devez vous adapter.
À vous de faire en sorte de ne pas en faire partie.
Il est déjà trop tard. Préparez-vous !