N’importe quelle quantité de monnaie est suffisante

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Published : February 16th, 2015
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Les commentaires faits par John Mauldin en fin d’un récent article reflètent une opinion populaire de la monnaie qui peut être résumée ainsi : « une économie en croissance a besoin d’une masse monétaire croissante », et « il n’y a pas assez d’or sur Terre pour qu’il soit aujourd’hui utilisé comme monnaie ». Cette opinion reflète une incompréhension de base de la monnaie.


Voici les commentaires auxquels je fais référence ici. J’ai ajouté mes propres notes après chaque extrait, mais mon commentaire principal se trouve en bas de page.

« La structure actuelle de Bitcoin présente le même défaut inhérent que l’or (mais aussi, dans une certaine mesure, l’euro) : dans un monde d’abondance, l’or est déflationniste et apporte des « rentes » peu raisonnables à ceux qui en possèdent. Malgré ce défaut, il a toutefois pu demeurer la plus stable de toutes les valeurs de réserve tout au long du millénaire ».

Note : Dans cet extrait, la dernière phrase contredit la première, dans le sens où l’or ne peut pas être déflationniste tout en étant une valeur de réserve.

« … si nous devions décider d’utiliser l’or comme seule garantie contre notre devise, alors nous devrions l’évaluer bien au-delà de son prix actuel afin de ne pas générer d’instabilité déflationniste. Je ne suis pas certain que 10.000 ou même 20.000 dollars par onces soient suffisants, compte tenu l’ampleur de la dette mondiale ».

Note : Nous ne pourrons pas espérer voir l’or redevenir une monnaie tant que le marché ne l’aura pas réévalué et que son prix ne sera pas consistant avec la quantité de devises fiduciaire existante. En d’autres termes, lorsque la situation sera suffisamment catastrophique pour que l’opinion populaire favorise le retour de l’or comme monnaie, aucune réévaluation ne sera nécessaire.

« Mais même si nous supposons que nous (en tant que système global) pouvions gérer le cauchemar logistique que serait la mise en place d’une devise unique garantie par un métal précieux, la croissance finirait bien vite pas dépasser les quantités d’or disponibles, et les prix des biens et services diminueraient avec le temps. Rappelez-vous de William Jennings Bryan : ‘Nous (fermiers) ne serons pas crucifiés sur une croix d’or’. »

Note : tout d’abord, les prix des biens et services sont sensés diminuer au fil du temps. C’est une conséquence naturelle de la croissance économique. Les industries informatique et de la téléphonie mobile en sont des exemples classiques. D’où viennent les contrecoups de la baisse du prix des équipements high-tech et des programmes informatiques ? Certainement pas des consommateurs. Pas non plus des producteurs comme Apple et Google, qui génèrent d’énormes profits. Deuxièmement, le slogan de campagne d’un politicien économiquement illettré ne peut pas être utilisé pour soutenir une théorie monétaire ou économique.

« Certains pourraient percevoir une baisse continuelle de prix comme une bonne chose, mais elle apporterait une nouvelle forme d’instabilité dans le système. Compte tenu de l’étendue de la dette globale, je suppose que les chances de voir installée une nouvelle devise garantie par l’or sont très minces. Je vous conseille de lire l’histoire économique des Etats-Unis pour la deuxième moitié des années 1800. D’un point de vue, il s’agissait d’un âge d’or de croissance et de prospérité marqué par d’importantes avancées technologiques. Mais c’est aussi à cette période que des problèmes de taille ont fait surface pour les plus pauvres. Si vous pensez que les inégalités de salaires sont un problème aujourd’hui, vous n’aimerez pas apprendre ce qu’elles étaient à la fin des années 1800. »

Note : Faites référence à mon récent billet pour un descriptif de ce qui s’est vraiment passé à la fin des années 1800. Il s’agissait vraiment d’un âge d’or de prospérité et de croissance, mais les choses auraient pu bien mieux tourner si trois crises financières n’avaient pas fait surface. Ces crises ont été dues au système bancaire de réserve fractionnaire ainsi qu’à la mauvaise gestion d’investissements par le gouvernement (qui a subventionné, entre autres, des chemins de fer non économiques), et non à l’utilisation de l’or comme base du système monétaire. Deuxièmement, les inégalités de salaires ne sont en soi jamais un problème. Sans inégalités, personne ne ressentirait le désir de travailler plus dur ou de s’éduquer davantage, ou encore de s’engager dans des activités entrepreneuriales. Le problème, ce sont les inégalités qui découlent de l’inflation monétaire et des privilèges spéciaux (garantis par le gouvernement).

 « Les dirigeants de l’époque se sont réunis pour tenter de créer un nouveau système qui pourrait contourner les paniques et effondrements fréquents qui étaient inhérents au système monétaire de l’époque. C’est ainsi qu’est née la Réserve fédérale ainsi que d’autres améliorations ostensibles ».

Note : Non, les banquiers et politiciens de l’époque se sont réunis pour créer un nouveau système qui permettrait une meilleure expansion de leurs bilans par les banques et davantage de dépenses déficitaires aux gouvernements.

« Mais cela ne signifie pas que le système actuel de banques centrales et de devises fiduciaires n’a pas ses défauts. Nous ne devrions pas limiter notre observation aux systèmes monétaires du passé ou du présent, mais pense aussi à ceux du futur. Comment pourrions-nous créer un moyen d’échange stable, équitable et efficace ? »


Note : Ce ne sont pas « nous » qui devrions nous asseoir pour discuter du nouveau système monétaire. Le meilleur système est celui qui est choisi par le marché, lorsque le gouvernement accepte de prendre du retrait et que les banques perdent leurs privilèges spéciaux.


Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’une fois que quelque chose devient le moyen d’échange principal (une monnaie), n’importe quelle quantité vaut aussi bien qu’une autre. La raison en est que le service rendu par la monnaie, c’est-à-dire la capacité qu’a la monnaie de faciliter un échange indirect, n’est pas altérée par une disponibilité accrue ou diminuée. Pour aller plus loin, ce que les détenteurs de monnaie espèrent est une certaine quantité de pouvoir d’achat, et non une certaine quantité d’unités monétaires. En termes de capacité de la monnaie à remplir son rôle primaire, X unités de monnaie avec un pouvoir d’achat de Y par unité ne valent pas mieux que 2X unités de monnaie avec un pouvoir d’achat de 0,5Y par unité.

Je n’essaie pas de dire qu’une hausse ou baisse de la masse monétaire n’a pas d’importante, puisque nos problèmes économiques d’aujourd’hui sont clairement les conséquences des hausses et déclins rapides de la masse monétaire. Ce que j’essaie de dire, c’est qu’une fois que quelque chose devient le moyen d’échange le plus largement utilisé, il ne va pas dans l’intérêt d’en augmenter la disponibilité au sein de l’économie, et une telle chose n’est pas nécessaire à la croissance économique réelle.

Pour une meilleure explication de la raison pour laquelle une quantité de monnaie n’est pas meilleure qu’une autre, je vous conseille de lire l’article de Frank Shostak ici : http://mises.org/library/how-much-money-should-there-be.

Pour conclure, je suis tenté de dire que la stabilité monétaire est la meilleure solution, mais ce ne serait pas tout à fait vrai. Bien que nous puissions raisonnablement dire qu’une masse monétaire stable soit une amélioration en comparaison à ce que nous avons aujourd’hui, il ne s’agirait pas d’une solution optimale. Par exemple, le système monétaire actuel est si instable que maintenir une création monétaire stable tout en maintenant tout le reste en place nous mène rapidement à un effondrement du système financier et monétaire. La situation optimale serait de voir le marché libre déterminer ce qu’est la monnaie et dans quelles quantités elle devrait exister. A l’heure actuelle, c’est le gouvernement qui détermine ce qu’est la monnaie, et la masse monétaire est principalement déterminée par la capacité et le désir de l’établissement bancaire (les banques centrales et commerciales) à créer de la monnaie à partir de rien.



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Steve Saville est basé à Hong Kong et est l'éditeur de Speculative Investor.com
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