La
crise financière a exposé plus que jamais la banqueroute
intellectuelle de nos banquiers centraux.
Pourquoi ?
Simplement parce qu’ils semblent avoir depuis longtemps oublié
que les taux d’intérêts sont des prix. Manipuler ces prix
par l’expansion ou la contraction de crédit a des effets
réels et délétères sur l’économie.
Alors que la centralisation des politiques économiques et le
socialisme ont depuis toujours été rejetés par les
économistes du marché libre, nombreux sont ceux qui pensent
encore que les banques centrales sont un élément essentiel
à l’économie de marché.
Ces
économistes comprennent parfaitement qu’une dénomination
des salaires et des prix des matières premières en monnaie
papier puisse entraîner pénuries, mauvaises allocations de
capital et privations. Ils acceptent cependant le fait que les banques
centrales doivent déterminer non seulement les quantités
disponibles de la ressource qu’est la monnaie de leur gouvernement,
mais également en gérer le prix par le biais des taux
d’intérêts.
Imprimer
des quantités illimitées de monnaie n’a jamais ouvert la
voie à la prospérité. Nous pouvons nous en rendre compte
en jetant un bref coup d’œil aux politiques monétaires
ayant été entreprises par la Fed ces quelques vingt
dernières années. Elle a injecté plusieurs trillions de
dollars dans l’économie, et promis aux banques que cette
nouvelle monnaie stimulerait les prêts et, de ce fait, la consommation.
Ces interventions ont pour objectif d’augmenter le prix des actions, de
réduire les coûts d’emprunts pour les entreprises et les
particuliers, et de maintenir à des niveaux très
élevés les prix de l’immobilier.
Mais,
tout comme leurs prédécesseurs des années 1930, ceux qui
dirigent aujourd’hui la Fed se comportent comme si une bulle sur le
crédit était le statu quo que nous aurions besoin de
rétablir. Ceci prouve d’une confusion des termes de monnaie et
de richesse, et reflète l’idée que la
prospérité découle de prix élevés et de l’augmentation
des quantités de monnaie et de crédit disponibles.
Cette
poursuite de l’argent facile n’est pas nouvelle. La banque
centrale des Etats-Unis était supposée mettre fin aux crises
financières périodiques traversées par le pays tout au
long du XIXe siècle, mais voilà que depuis la création
de la Fed en 1933, les paniques financières n’ont fait que
s’aggraver. La Grande Dépression des années 1930,
l’hémorragie des réserves d’or des années
1960, la stagflation des années 1970, la bulle de l’internet des
années 2000, et la récession actuelle, sont toutes dues aux
mauvaises politiques monétaires employées par la Fed.
Chacune
de ces crises s’est manifestée à la suite de bulles
étant nées de politiques monétaires inflationnistes. Cependant,
après l’éclatement de ces bulles, on a toujours
cherché à les relancer.
Cette
attitude revient à planter les graines de la prochaine crise. Une
diminution des taux d’intérêts n’est autre qu’une
tentative d’anticiper une récession à venir. Les
politiques d’expansion de crédit ayant été
adoptées après l’explosion de la bulle sur
l’internet ont entraîné l’apparition de la bulle sur
l’immobilier. Manquant de tirer les bonnes leçons des bulles sur
l’internet et sur l’immobilier, la Fed a injecté des
trillions de dollars dans l’économie tout en promettant de
maintenir les taux d’intérêts proches de zéro
jusqu’en 2014. Cela ne fait qu’assurer l’apparition d’une
crise future bien plus destructrice encore que celle que nous traversons
actuellement.
Non
contente de ses tentatives manquées de soutient de
l’économie Américaine, la Fed tente désormais de sauver
l’Europe. Grâce à l’utilisation de swaps de devise,
elle s’est engagée à offrir plusieurs centaines de milliards
de dollars à la BCE. A ce stade, il ne serait pas étonnant qu’elle
se lance également dans des opérations directes.
La
réponse de la Fed face à la crise suggère que selon
elle, cette dernière n’est autre qu’un problème de
liquidité. En réalité, elle est un problème
d’investissement n’ayant pas été correctement
alloué, du fait d’une évaluation erronée du prix
de la monnaie et du crédit – ayant découlé des
politiques inflationnistes de la Fed.
La
Fed a rendu les banques et les institutions dépendantes à la
monnaie peu chère. Plutôt que de chercher à investir sur
des produits réels dont ont besoin des consommateurs, Wall Street
concentre toute son attention sur les réunions du Comité
Fédéral du Marché Libre, espérant y entendre
l’annonce d’une nouvelle vague de quantitative easing. Il n’est pas surprenant que
l’investissement à long terme et les plans de
développement continuent de stagner.
Nous
vivons dans un monde qui semble avoir abandonné le concept
d’épargne et d’investissement comme source de
création de capital et de croissance économique. Les
marchés financiers réclament des banques centrales
qu’elles créent toujours plus de monnaie peu chère. Les
espoirs de nouvelles vagues de quantitative easing
de la part de la Fed, de la banque d’Angleterre ou de la banque du
Japon – ou encore d’opérations de refinancement par la BCE
– soutiennent les marchés, dans le même temps que les
décisions de non-intervention font chuter les prix des actions. Les
responsables politiques tentent de stimuler la consommation tout en ignorant
la production. Ceux qui se font appeler capitalistes semblent avoir
oublié que le capital ne peut pas être créé par la
simple impression de monnaie fiduciaire.
Le
contrôle de l’économie du monde a été
placé entre les mains du cartel bancaire, et nous sommes aujourd’hui
en grand danger. Une prospérité réelle requiert l’utilisation
d’une monnaie saine, une accélération de la production et
une augmentation de l’épargne et de l’investissement. Le
monde est inondé de dollars, et une crise impliquant la devise de
référence internationale ne pourrait que nous mener à la
catastrophe. Les politiques d’impression monétaire ne pourront
résoudre nos problèmes financiers, elles ne feront que les
accentuer.
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