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Nous n’en avons pas fini

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Published : December 31st, 2010
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On ne lit jamais assez les études de l’Institute of International Finance (IIF), toujours cité dans la presse en précisant qu’il s’agit du lobby des mégabanques, basé à Washington. Au moins, ces gens savent ce dont ils parlent, même s’ils ne le disent pas toujours publiquement, et nous savons alors de quel point de vue.

 

Dans le vaste monde sinistré du crédit hypothécaire, un secteur particulier est réservé à l’immobilier commercial, celui qui finance les galeries commerciales et les immeubles de bureaux. Dans le Financial Times, Gillian Tett apporte un nouvel éclairage à son propos, en s’appuyant notamment sur des données de l’IFF.

 

Ce secteur avait déjà soulevé de fortes inquiétudes, puis celles-ci avaient disparu des colonnes de la presse économique et financière. Pour rejaillir il y a peu. Selon les estimations de l’IFF, la valeur des prêts hypothécaires commerciaux en situation de défaut est en effet passée de mars 2008 à mars 2010 de 25 milliards à 375 milliards de dollars, toutes banques confondues.

 

Pour en mesurer l’impact en Europe, il suffit de rappeler que, selon la banque d’Angleterre, un tiers des prêts accordés par les banques britanniques relèverait du secteur de l’immobilier commercial et qu’il est estimé que les banques espagnoles en détiennent dans des proportions similaires. A part l’Irlande, ces deux pays détiennent en Europe le record des plus fortes expositions de leurs banques à cette catégorie de prêt.

 

Mais ce que révèle Gillian Tett est encore plus instructif. Afin d’éviter de devoir constater des défauts qui pèseraient dans leurs comptes, les banques utilisent pour ces prêts une technique éprouvée qui consiste à les renouveler sans fin (evergreening en Anglais), créant en contrepartie d’importants besoins de refinancement. L’IFF a ainsi calculé que 1.400 milliards de dollars de prêts devront être dans ces conditions refinancés d’ici 2014, sauf si le marché s’améliorait et les prix de l’immobilier commercial consentaient enfin à monter. Plus alarmant, pour plus de la moitié en valeur de ces prêts, la valeur des programmes qu’ils ont financé est devenue inférieure au montant de ceux-ci.

 

La situation pourrait encore se détériorer, si la tendance à la hausse des taux obligataires actuellement enregistrée devait se poursuivre, comme beaucoup d’analystes l’estiment probable. Aux Etats-Unis, ce ne seraient pas seulement les Etats et les collectivités qui en subiraient les conséquences, ainsi que les ménages qui n’ont pas encore fait défaut sur leur prêt hypothécaire résidentiel. Les petites et moyennes banques américaines, dont les engagements dans le secteur de l’immobilier commercial sont importants, seraient elles aussi sur la sellette et il est prévisible qu’elle continueraient de faire faillite en série et de manière accélérée.

 

Certes, la secousse qui en résulterait ne serait pas priori de l’ampleur de celle créée par les subprimes, mais elle risquerait également de créer une réaction en chaîne dans le système bancaire, bien au-delà des pays où les banques sont les plus exposées à ce risque. Si les travaux du Comité de Bâle, du FMI et du Financial Stability Fund ont bien mis en évidence une vérité dans la dernière période, c’est que celui-ci continue à ne pas pouvoir être appréhendé, a fortiori quand il est trans-frontières (cross-border), et encore moins maîtrisé.

 

Il reste, en attendant, à ranger l’evergreening aux côtés des aménagements comptables complaisants sur l’étagère des techniques destinées à planquer les pertes sous le tapis en attendant des jours meilleurs. On savait déjà que les banques l’utilisaient pour les LBO en détresse (le leveraged buy-out est une technique de rachat d’entreprise par emprunt auprès des banques). Mais la contrepartie à payer est l’accroissement des besoins de refinancement qui en résultent et les tensions que cela contribue à créer sur le marché des capitaux. Ce qui ne fait que conforter les inquiétudes de ceux qui voient venir les prémices d’une crise de ce côté-ci.

 

Nous n’en avons pas fini.

 

Paul Jorion

pauljorion.com

 

 

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

 

 

Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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