Les ampoules et guirlandes
financières sont allumées partout, comme si nous étions en pleine Happy Hour dans la salle des grands gagnants de la loterie. Il
semblerait que l’économie Américaine – plus particulièrement la division de
la gestion de capital – ait découvert la source d’énergie alternative que
l’on espérait plus sous la forme de la connerie. Elle alimente toutes
les conversations en ligne et les mégaphones des médias grand public séniles.
Un analyste technique, le célèbre Ralph Acampora,
de chez Altaire Wealth
Management, a même dit cette semaine que les Etats-Unis seraient
‘énergiquement indépendants dès 2016’. C’est beaucoup dire. Ils n’auraient
besoin que de produire 8,5 millions de barils de pétrole par jour, ou de
cesser de conduire.
La Réserve Fédérale ne ferait
donc pas qu’arroser les marchés de liquidités, mais aurait aussi transformé Manhattan
en la plus grosse pipe de crack du monde. Et nombreux sont les professionnels
du secteur financier qui continuent de dire qu’il ne peut pas y avoir de
bulle parce que c’est la seule chose dont on entend parler, et que les bulles
ne se produisent que quand personne ne s’en rend compte…
Ce n'est simplement pas vrai.
Beaucoup de gens ont pointé du doigt la bulle sur l’immobilier plusieurs
années avant qu’elle ne fasse exploser le système bancaire, y compris moi
dans mon livre publié en 2005 (The Long Emergency). La raison pour laquelle il
existe une telle anxiété au sujet de la bulle actuelle est qu’elle est
exposée au regard de tous, et que quand elle explosera, elle laissera bien
plus de débris sur le sol que la précédente – la ruine de la confiance en les
instruments financiers, par exemple, qui se trouveraient être une innovation
financière historique. Puisque les interventions et la manipulation des
marchés et des taux d’intérêts sont parfaitement évidents, il nous faut
conclure que la foi en la malhonnêteté de la finance est désormais
complètement solidifiée. Les marchés ont comptabilisé leur propre
malhonnêteté.
L’histoire que l’on entend
partout ces jours-cis est celle du renouveau de l’économie industrielle aux
Etats-Unis et de la reprise du marché de l’immobilier. On nous dit que (selon
Meredith Whitney), le ‘couloir central’ de la nation (depuis el Texas
jusqu’au Minnesota) est le retour en force à la manière du Japon des années
1960, que les Etats-Unis ont plus de pétrole qu’ils ne puissent en rêver,
qu’ils ont généré une super-race d’entrepreneurs intrépides et amateurs de
risques, et qu’ils sont la chemise la plus propre dans le panier à linge de
notre bonne vieille planète.
Un amas de conneries bien
entendu, qui se consume lentement dans la pipe de la Fed.
Voici ce qui se passe
réellement. La Réserve Fédérale ne peut que prétendre avoir une opinion dans
le même temps qu’elle farcit Wall Street de monnaie comme s'il s'agissait
d’une dinde de Noël avec la maladie de Crohn. Ce
qui est fourré dans cette pauvre dinde est une substance toxique appelée
mal-investissement, qui transforme l’énergie de la société en des activités
qui ne produisent aucune valeur, comme des bonus d’employés de hedge funds, des opérations de
la NSA, des voitures Tesla, des tours Frank Gehry,
des drones qui viennent déranger les fêtes de mariage Afghanes, des séances
photos pour Obama, des enchères de peintures à l’huile et entre autres la
nouvelle collection de mode de Jay-Z.
La Fed parle de mettre fin au
programme de quantitative easing mis, ou d’achat d’obligations,
en place par l’Open Market Committee
(FOMC). Sa propagande est surnommée ‘stratégie directrice’ pour donner une
apparence de rectitude et de sérieux, mais elle n’est en réalité rien de plus
qu’un film de Jerry Lewis des années 1960 – une singerie. On parle de
diminution des achats d’obligations de la Fed, qui s’élèvent aujourd’hui à 85
milliards de dollars par mois. Un jour viendra, la Fed viendra nous annoncer
une réduction de quantitative easing de 10 millions
de dollars par mois, et les taux d’intérêts sur les obligations sur dix ans
flamberont au-delà des 3% et menaceront le gouvernement de banqueroute – gouvernement
qui n’a pas les moyens de payer de tels intérêts sur ses emprunts. Les
marchés écraseront les devises papier. La Fed prendra peur à mesure que l’odeur
de dépression déflationniste se répandra et recommencera de plus belle à
farcir sa dinde.
La conséquence en sera la
combinaison d’une perte de confiance totale envers la devise papier et les
actifs, d’une perte de confiance totale envers les banques qui sont tout
juste assez solvables pour faire des affaires les unes avec les autres, et
d’une implosion de Wall Street et des institutions qui l’entourent, jusqu’à
la branche exécutive du gouvernement fédéral. Et l’économie qui y est
attachée se retrouvera seule dans le froid et les ténèbres, pleurnichant le
nom de sa maman.