Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
« L’assurance vie, un placement en trompe-l’œil ? » Voilà le titre du dernier article de 60 millions de consommateurs pour qui l’assurance vie, le placement préféré des Français, est en fait mauvais.
Et c’est marrant parce que c’est tout de même exactement ce que j’explique en prêchant dans le désert ou presque depuis des années.
Je n’ai jamais vu – ou presque jamais vu – de détenteurs d’assurance vie « gagnants » sur leur placement. Cette observation je l’ai faite au cours des années 2000 où les épargnants, particulièrement ceux investis en « unités de comptes », terminologie pompeuse pour parler d’action, ont subi le double choc de l’explosion de la bulle Internet et du 11 septembre 2001 ainsi que la crise des subprimes de 2007… Autant dire que pour ceux-là, c’est la Bérézina financière.
Pour les autres, ceux qui ont privilégié la sécurité des fonds euros, c’est mieux. En tout cas, c’est au moins positif, tout en sachant que cela l’est de moins en moins, baisse des taux et des rendements oblige !
Finalement, au mieux, avec l’assurance vie, on ne perd ou on ne gagne pas grand-chose : au pire on y perd sa chemise, et au passage on enrichit considérablement toute la chaîne des intermédiaires, à savoir les banques, les sociétés de gestion de fonds ou encore les « gestionnaires de patrimoine » qui ne sont jamais rien que des vendeurs au titre ronflant.
Voilà ce que dit 60 millions de consommateurs : « Le placement fétiche des Français rapporte beaucoup moins que ce qu’on raconte aux épargnants. Certains contrats font même perdre de l’argent ! Nos chiffres inédits… » Eh oui et encore une fois, ce n’est pas faute de le dire et de le répéter avec constance.
On accuse les métaux précieux de ne rien rapporter (l’or et l’argent) certes… car encore une fois, ce qui rapporte ce n’est pas la monnaie – et l’or et l’argent sont LA monnaie –, mais ce que l’on en fait et où on la place. Par définition, lorsque l’on stocke de la monnaie dans un porte-monnaie, cela ne rapporte rien… mais au moins cela ne coûte rien et vous ne perdez rien (à moins de perdre votre porte-monnaie mais c’est un autre sujet). Avec un placement, quel qu’il soit… on peut évidemment « gagner » ou perdre…
« L’assurance vie, produit fétiche de l’épargne des Français, apparaît aujourd’hui sous une lumière crue. En 2014, les fonds en euros des contrats ont officiellement rapporté 2,5 % en moyenne, selon les assureurs. Mais après déduction des frais, taxes et inflation, le véritable rendement s’établit en réalité à 1,43 %. C’est le chiffre que nous obtenons en reprenant la méthode de calcul de Better Finance For All, une fédération d’associations européennes d’épargnants ».
« L’épargne n’a pas grimpé de 78 % en quinze ans, mais de 24 % ! »
Vous remarquerez la nette, très nette différence entre les rendements affichés par la profession et les rendements réels constatés par les clients, c’est-à-dire chacun de nous.
« Selon notre analyse, entre 2000 et 2014, la rémunération des fonds en euros n’a pas été de 5,21 % chaque année en moyenne, comme l’affichent les professionnels, mais seulement de 1,59 % en réalité nette. L’épargne n’a donc pas grimpé de 78 % en quinze ans, mais seulement de 24 %… Ce qui n’est déjà pas mal. Car il y a pire. »
Eh oui, il y a pire… et le pire c’était les placements en action que l’on vous a tant vantés en vous expliquant que « mon brave abruti, pardon, mon brave monsieur, sur le long terme, ce sont les actions qui rapportent le plus ». Et comme le gars qui vous disait ça avait une belle carte de visite, un beau bureau et des belles godasses à bout pointus avec des dents tout aussi pointues et acérées pour votre argent, vous vous êtes dit… « Ben moi aussi je vais profiter du meilleur placement »… Et vous avez été enflé. Logique.
Logique car jamais, jamais le système n’a été conçu pour faire gagner de l’argent aux gens. Le croire est faire preuve d’une naïveté confondante. Tous ces produits ne sont que des supports commerciaux plus ou moins honnêtes pour drainer l’épargne des gens vers des institutions qui elles… gagnent dans tous les cas de figure, puisqu’elles prennent des frais, droits d’entrées et autres taxes. Je ne parle même pas des grands moraux qui, eux, revendent même leurs lignes d’action en perte à leur filiale d’assurance vie pour refiler la perte à leurs clients… C’est beau l’éthique.
« Le pire, ce sont les contrats en unités de compte, investies surtout en actions. Elles ont en effet perdu 21,62 % en capital entre 2000 et 2014, alors que les vendeurs affichent une hausse de 20 % ! Leur rendement annuel réel moyen sur cette période n’est donc pas de + 1,34 %, comme l’affichent les assureurs, mais de – 1,44 %. »
Eh oui… encore une fois, l’idée n’est pas de vous permettre de gagner de l’argent mais de vous faire croire que vous pourriez en gagner que quand ce n’est pas le cas c’est la faute à pas de chance et « on pouvait pas prévoir » mais en revanche, toute la chaîne financière elle… se gave. Les petits porteurs, de tout temps, ont toujours fait office de « contrepartie ».
Alors comprenez moi bien. Le lucre, l’appât du gain fait faire des bétises. Les placements et leurs perspectives de gains changent. Ce n’est pas parce que les actions étaient le meilleur placement de 1945 à 1999 ou que l’assurance vie a été phénoménale dans les années 90 que c’est encore le cas et que cela le sera dans les années qui viennent.
Je vais être clair : au mieux les détenteurs de fonds euros verront leur rendement tendre vers 0, et au pire vous allez vous faire tarter… À vous de voir.
Enfin, je décerne une mention spéciale à tous les épargnants qui ont nanti un contrat d’assurance vie rapportant de moins en moins pour obtenir un crédit pour un achat immobilier dont la valeur est orientée à la baisse… Là, c’est le pompon… Alors pour ceux-là, vous pouvez me contacter, il y a des solutions, pas simples, pas faciles mais envisageables pour vous sortir de cette ornière.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT (csannat@aucoffre.com)
h3>« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)