Tout à coup, tout le monde parle de répression
financière, la capture et la torture des épargnants domestiques
avec des taux d’intérêt en dessous du taux
d’inflation, pour que les dettes des banquiers et des gouvernements
diminuent en termes réels.
« De telles politiques impliquent d’habitude un
relation intime entre le gouvernement, la banque centrale et le secteur
industriel », explique l’historienne économique et
écrivain Carmen Reinhart pour Bloomberg.
OK.
Etant donné l’amplitude de nos dettes après
la guerre, Reinhart ajoute : « la répression
financière… avec son objectif double de garder les taux
d’intérêt bas et créer ou maintenir le public
domestique captif… restera parmi nous probablement pour un
moment ». OK.
« C’est équivalent à une taxe sur
les porteurs d’obligations, et plus généralement, sur les
épargnants. » OK.
Maintenant, si, comme moi, vous avez déjà
donné, vous voudriez peut-être trouver la sortie de secours, et
il ne vous faut vraiment par chercher beaucoup. Mais, jusqu’à
aujourd’hui, cette soudaine explosion de commentaires sur la
répression financière ne peut que conseiller le
désespoir, malgré une liberté de mouvement des capitaux
qui n’a jamais été plus grande en 100 ans.
Plus bizarrement aussi, la sortie de secours classique qui est
d’acheter de l’or, et qui est une sortie bloquée
mondialement quand les gouvernements ont épuisé leurs dettes de
l’époque des guerres du XXème siècle, a à
peine été mentionnée.
Prenons le Financial Times, il a publié 15 articles sur
la répression financière le mois dernier seulement, mais il y a
seulement deux mentions sur l’or. Google News en anglais compte 103
histoires en anglais de ces deux dernières semaines, mais à
peine une sur quatre ose mentionner l’or, et la moitié de
celles-ci le font seulement parce qu’ils mentionnent le classique
étalon d’or qui a pris fin en 1914. Avant cela, les
détenteurs d’obligations avaient aussi de très bas (mais
pas négatifs) taux d’intérêt. Ils avaient aussi un
rendement complet du montant principal sur la maturité.
« A [notre] époque de mouvements libres des
capitaux, la répression
financière est possible » pense un autre
historien (et membre de l’équipe de répartition des
actifs du GMO), Edward Chancellor, dans le Financial Times, « car
elle a été pratiquée simultanément dans les
centres financiers leaders dans le monde. Les taux
d’intérêt réels négatifs se trouvent non
seulement aux Etats-Unis, mais aussi en Chine, en Europe, au Canada et au
Royaume-Uni ».
Et alors ? Personne encore ne force les citoyens
américains à garder leur argent aux Etats-Unis, et personne ne
les force à choisir un compte épargne en euros, en dollars
canadiens ou en livres sterling s’ils vont ailleurs. Ce qui est une
chance, avec des taux de 1, 2 et 3% sous le seuil de l’inflation.
Oui, l’industrie des finances paie le prix pour avoir
été renflouée [par le gouvernement], avec les fonds de
retraite mondiaux de 30 mille milliards de dollars forcés de
détenir des quantités plus grandes de dettes qui rapportent
moins que zéro.
Mais en dehors de l’Est toujours réprimé,
les épargnes privées aujourd’hui jouissent de
libertés jamais vues jusqu’alors pour aller là où
elles veulent, et faire comme elles veulent. Et même là-bas, en
Inde et en Chine notamment, la liberté d’acheter de l’or,
la sortie de secours financière universelle, est de la même
façon inégalée depuis 100 ans.
Figure 1 : Taux d’intérêt réels au
Royaume-Uni contre l’or, sur un siècle, (or en livres sterling
l’once, moyenne annuelle, à droite et en vert ; taux de
base de l’inflation des prix, à gauche, en rouge).
En témoigne l’expérience britannique avec
l’investissement en or, par exemple. En suspendant
l’étalon or quand la guerre éclata en 1914, Londres a
interdit l’échange domestique d’or par des particuliers
tout au long des deux guerres, en général entre les deux
guerres, et pendant plus de trois décennie après
qu’Hitler se soit suicidé.
Le coût pour les épargnants de liquidités et
les détenteurs d’obligations d’état ? 100
livres sterling prêtées à l’état britannique
en 1945 valaient 91 livres en valeur réelle en 1980. Tandis que 100
livres détenues en or seraient devenues 304 livres en valeur
réelle ajustée à l’inflation.
Mais à l’inverse d’aujourd’hui,
l’or n’aurait pas fait beaucoup de bien entre temps, car il a
été cloué avec les valeurs des devises (et non
l’inverse) par le faux piquet plus connu sous le nom de
l’étalon de change or (Dollar Exchange Standard).
Et aussi, pas comme aujourd’hui, vous auriez enfreint la
loi à l’époque, juste en possédant des
pièces et des barres d’or.
Une période brève en 1971, mais qui a pris fin
quatre ans plus tard car les épargnants l’utilisaient trop
librement, a entrainé un drainage de devises étrangères
qui a fait de nouveau baisser les rideaux sur les influx étrangers de
métaux.
Il aura fallu quatre ans de plus pour que les contrôles
d’or au Royaume-Uni soient entièrement levés. A ce
moment-là, l’or avait déjà commencé son
grand mouvement. Les vrais taux sont devenus fortement positifs douze mois
plus tard, et l’urgence d’acheter de l’or pour échapper
à la répression n’avait plus lieu d’être.
Ce n’est pas de la répression financière, en
bref. Mais ce ne serait rien de nouveau si ça l’était.
Notre liberté actuelle d'acheter de l’or est très
nouvelle, par contre, avec la pléthore d’alternatives, qu’elles
soient domestiques ou étrangères, ouvertes à quiconque
ose prendre le contrôle de son argent au lieu de la prêter au
gouvernement ou de payer des gestionnaires de fonds de retraite pour faire la
même chose.
Prenez note : rien ne certifie qu’aujourd’hui
vous recouvrerez vos pertes subites sur des investissements captifs. Les
citoyens américains, par exemple, souffraient de taux
d’intérêt réels à 4,6% en dessous de
l’inflation en janvier 1975 et on leur permettait d’acheter de
l’or pour la première fois en trente ans. Le métal
précieux a vite baissé de la moitié de son cours en
dollars, secouant au cours des 18 mois suivants presque tout le monde sauf
les investisseurs têtus avant d’être multiplié par
huit au début de 1980.
« Dans [notre] monde légèrement en
cours de relance », cependant, conseille Bill Gross de Pimco,
« à moins que vous ne vouliez gagner un rendement
ajusté sur l’inflation de moins 2 ou moins 3%, comme offert par
les bons du Trésor, alors vous devez prendre des risques sous une
forme ou une autre ». Et acheter de l’or est ce risque, un
risque unique, simple, évident, et offrant une sortie de secours non
liée à un état vers un marché sans
frontière.
Mais soyez en sûr : échanger le risque
d’inflation et de crédit des liquidités et des obligations
pour de l’or physique veut dire que vous vous exposez aux risques des cours...
La volatilité est certaine, tout comme la richesse
retenue à travers le monde se libére des menottes imaginaires
de la presse financière, et les pièges jonchent
çà et là pour les insouciants dans l’industrie des
finances au forfait.
En France (Addendum du 13/04/201)
Qui mentionne la répression financière en
France ?
Petit tout d’horizon :
Bertrand Jacquillat crie aussi à la répression
financière dans Le Nouvel Economiste.fr :
« se pose aux gérants la difficile question de leur
allocation d’actifs, au moment même où les nouvelles
règles prudentielles forcent les institutions financière
d’épargne et de prévoyance à concentrer
l’investissement de leurs réserves en dettes souveraines
! ».
Pour éviter la répression, il préconise
d’investir dans les dettes souveraines des pays émergents et
dans les actions, notamment dans « des sociétés des
pays développés ayant une forte exposition aux pays
émergents, et aussi dans les actions des pays émergents ».
« The Wolf » dans le blog
économique Le Blog à Lupus dénonce
les stratagèmes du gouvernement contre les épargnants.
Bruno Bertez dans
son édito du 26 mars 2012 sur le même blog affirme
« A force d’inflation, la dette finit, en valeur
relative, par devenir soutenable » et il évoque l’or
comme moyen contre la répression financière.
Enfin, Jean-Pierre Robin dans Le Figaro
Bourse dénonce la politique de la Banque centrale
européenne : « La BCE n’est pas seule à
dépouiller les investisseurs en faisant tourner la planche à
billets. Ce massacre est encore plus féroce quand il
s’accompagne d’un matraquage fiscal ».
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