Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
La nature a horreur du vide !
Il n’y a rien à dire d’intelligent sur nos morts, le fait de penser à eux étant une évidence.
Il n’y a rien à dire d’intelligent sur le « chauffeur » du camion. Il en viendra d’autres. Par dizaines ou centaines et lorsque les cadavres s’accumuleront, il n’y aura plus personne pour se poser les doctes questions sur son profil psychologique. Il n’y aura plus que le fracas des armes. Je peux vous dire qu’en Irak, en Syrie, au Liban, en Libye, aucun « psy » ne vient sur les plateaux télé parler des tueurs. Il n’y a plus de CUMP (cellule d’urgence médico-psychologique). Il n’y a plus que chacun face à soi-même.
Il n’y a rien d’intelligent à dire sur tout cela, car ce n’est encore une fois, pas le sujet.
On ne combat pas une idée par les armes !
Ne vous méprenez pas sur mes propos. On combat des combattants, des terroristes, des fous, des déséquilibrés isolés ou en groupe, appelez-les comme vous voulez, par les armes. On peut faire cesser leurs actions par la force, mais dans ce cas vous combattez des individus, pas l’idée ou l’idéologie qui sous-tend les actions et qui fera se lever les autres ou même « inspirera » d’autres « vocations » morbides.
Intellectuellement, la réponse se trouve donc dans la question suivante : comment fait-on, ou plus modestement peut-on faire pour combattre une idée ou une idéologie ?
Voici un passage assez pertinent tiré du film non moins pertinent V pour Vendetta.
« Souviens-toi, souviens-toi de ce 5 de novembre, de ses Poudres et sa Conspiration. Souviens-toi de ce jour, souviens-t’en, à l’oubli je ne peux me résoudre.
Mais qu’en était-il de l’homme ? Je sais qu’il s’appelait Guy Fawkes et je sais qu’en 1605, il tenta de faire exploser le Palais du Parlement. Mais qui était-il vraiment ? Comment était-il ?
On nous dit de nous souvenir de l’idée et non de l’homme, parce qu’un homme peut échouer. Il peut être arrêté, il peut être exécuté et tomber dans l’oubli. Alors qu’après 400 ans, une idée peut encore changer le monde. Je connais d’expérience le pouvoir des idées. J’ai vu des hommes tuer en leur nom et mourir en les défendant. Mais on ne peut embrasser une idée. On ne peut la toucher ou la serrer contre soi. Les idées ne saignent pas, elles ne ressentent pas la douleur, et elles ne peuvent aimer. Et ce n’est pas une idée qui me manque, c’est un homme. Un homme qui m’a fait me souvenir du 5 novembre. Un homme que je ne me résoudrai jamais à oublier. »
Alors tout ce que nous entendons depuis quelques jours, qui n’est qu’une répétition encore et encore des mêmes propos tenus les fois précédentes, avec les mêmes mines contrites de dirigeants dépassés et désarmés, ne vaut pas un clou et n’est pas à la hauteur de la situation.
Nous pouvons parler de tous les états d’urgence permanent ou semi-permanent, chercher toutes les causes et les responsabilités (et il faut absolument le faire), changer les législations sur les cartes de séjour (et il faudra le faire), remettre les frontières (c’est déjà fait dans les faits malgré les traités européens qui volent chaque jour un peu plus en éclat), débattre du sexe des anges, je vous le dis et vous le redis : les mêmes causes produiront les mêmes effets.
À la base, il faut nommer les choses, nommer les problèmes et savoir que l’on ne peut combattre une idée qu’avec d’autres idées et qu’accessoirement ces autres idées doivent être « supérieures » à l’idée que l’on combat.
Imaginer que l’on puisse combattre l’islamisme en proposant la dictature c’est une erreur de fond. S’imaginer qu’il faut rester ouvert à tout vent est tout aussi mortifère.
Penser que le prôôôôôgrès c’est la consommation à outrance, l’empilement de tous les derniers aïe-Pad et autres crétineries matérialistes saupoudré d’idéologie « terra-noviste » du type mariage pour tous, gay pride ou encore adoption par les couples homosexuels assaisonné du principe de « laïcité » et que cet ensemble totalement hétéroclite et bancal constituerait un projet de société suffisamment brillant et attrayant est également une immense erreur commise depuis des années par ceux qui nous dirigent.
On ne gagne pas une guerre en disant qu’on « ne pouvait pas savoir » et sans combattre l’idéologie sous-tendant le combat !
Si vous écoutez les gens, et quelle que soit la source sur les forums de discussion, les micro-trottoirs ou autres, je n’ai ce week-end qu’entendu des discours insupportables, défaitistes, de mous effrayés et dépassés portant sur eux l’abdication, la faiblesse et la victimisation, incapables de prendre de la hauteur, incapables de se poser les bonnes questions, incapables d’avouer certaines choses, préférant se cacher dans un trou et se rassurant de la façon la plus vile en se disant « heureusement que je n’étais pas à Nice ». « Ça fait peur quand même… hein !! »
J’ai entendu qu’il fallait être « uni » et donc ne surtout pas poser de questions, ou demander des comptes… sinon vous n’êtes pas uni et vous êtes très, très vilain, vous faites le jeu des terroristes ! Interdit de penser, si vous pensez, vous commencez déjà à désobéir, et là, c’est terrible.
J’ai entendu ces gens dire « le risque zéro n’existe pas »… 300 morts après, on avait bien compris. J’ai entendu les pires crétineries sans doute depuis celles qu’avaient dû entendre la génération qui nous a précédés dans les années 30 ! « Pensez donc, il y avait plein d’accès sur la promenade des Anglais… impossible à sécuriser »… Lorsque vous expliquez que l’on peut poser 10 herses aux 10 entrées voir même des blocs de béton, on vous regarde avec l’œil vif de la poule… et on vous dit doctement, « si c’était aussi simple ils l’auraient fait »… Et pourtant… ils ne l’ont pas fait ! Mais il ne faut pas le dire, il ne faut pas penser, il faut être « uni »…
Oui ça aussi c’est plus rassurant que de se dire que ceux qui prennent les décisions, les fameux « professionnels » auxquels j’ai droit qui eux « savent » alors qu’on vous prend ostensiblement pour un abruti depuis des années, ont eu une fois de plus faux sur toute la ligne et que cela a participé à un massacre.
Et dire cela ne veut pas dire que le risque zéro n’existe pas, MAIS… les décisions prises peuvent faire la différence entre des morts et un véritable massacre ! Mais sous prétexte que l’on ne peut pas tout empêcher j’ai entendu des gens en arriver à la conclusion brillante qu’il fallait tout laisser faire…
Ahurissant là encore et révélateur d’une véritable indigence intellectuelle.
En réalité, les gens sont pétrifiés à l’idée que leur confort puisse être remis en cause.
Pétrifiés à l’idée que leur vie pourrait changer, pétrifiés à l’idée qu’ils pourraient devoir se battre…
C’est la grande pétoche généralisée et ce n’est évidemment pas très rassurant.
Car d’un côté vous avez la grande pétoche, et de l’autre vous avez un sentiment d’immense agacement qui monte, d’où la seule bonne idée du week-end de Cazeneuve qui appelle ceux qui en ont assez à rejoindre la réserve opérationnelle.
Vous devez comprendre qu’il s’agit ici d’encadrer ceux qui pourraient finir par voir rouge, et c’est une bonne idée, car tout doit être fait pour faire les choses sans bain de sang, si tant est que cela soit encore possible.
Oui on pouvait savoir. Oui nous avons eu toutes les alertes. Oui nous connaissons le problème, mais non, personne ne veut avouer quelle est sa nature ni la façon dont on peut combattre tout cela, et on combattra tout cela, encore une fois, avant tout avec des idées et un projet de société dans lequel il faut remettre du sens commun car de vous à moi, réduire l’être humain uniquement à un consommateur c’est le degré zéro du projet de société et ce matérialisme est incapable de combler les cœurs, les esprits et d’apporter les réponses spirituelles que les hommes réclament, laisse la porte ouverte à tous les excès, à toutes les outrances, et nous serons, tous, tous victimes des atrocités à venir, car la tempête s’en vient évidemment sur notre pays et elle sera absolument terrible.
Ce n’est que le début et sachez que vous n’en verrez pas la fin, tant que vous n’entendrez pas des solutions ou des propositions de solutions qui permettront non pas de combattre des gens, des couleurs, ou des origines, mais une idée mortifère qui doit être désignée pour ce qu’elle est, à savoir une idée de mort devant être combattue à mort.
Pour cela, il va falloir se donner les moyens de gagner cette « guerre » et le plus important de ces moyens sera la définition de l’idée que nous devons porter ensemble et susceptible de rassembler plutôt que de diviser. Une idée et un projet de société capable de transcender tous les clivages ou presque. Or ce n’est pas faute de le dire et de le répéter depuis des années, il faut un grand projet pour la France, ce qui se traduit chez Hollande par la participation de Paris aux JO… Quand on ne veut pas comprendre, il n’y a pas à dire, on ne comprend pas.
Encore une fois, le véritable combat se situe sur le champs des idées, c’est là que se gagnera ou se perdra cette guerre. Pour gagner une guerre et réussir la paix, il faut savoir gagner les cœurs. Pour gagner les cœurs il faut une grande idée. L’exemple de l’Irak nous a appris que l’idée de démocratie imposée par la force, n’est pas forcément la meilleure.
Il est déjà trop tard. Préparez-vous !