Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Affaire Cahuzac : «On ne pouvait vraiment pas savoir»
! Voilà le titre d’un article du journal…
Libération.
N’accablons pas Monsieur Cahuzac.
Disons-le ce qu’il a fait ce n’est pas bien. Certes. Mais certains
font nettement pire. Je pense par exemple à
la famille du Président chypriote en exercice qui aurait fait pour un
plus de 20 millions d’euros de virements avant la faillite des banques
chypriotes… alors franchement, notre Cahuzac,
sans être un enfant de cœur n’est sans doute pas le plus
méchant de la terre.
Dans l’édition du contrarien
matin du 18 février 2013 j’expliquais dans un article que la
Suisse sous l’amicale pression internationale fermait les comptes (non
déclarés) des non-résidents manu-militari, la
dernière destination à la mode pour les fonds opaques
étant Singapour… et c’est de notoriété
publique. Mais comme le dit Libération… « on ne pouvait
vraiment pas savoir ».
Affaire Cahuzac: l'enquête en Suisse révèle
un compte à la banque Reyl et Cie
Or un article de l’Expansion nous apprend que «
l'enquête judiciaire menée en Suisse a permis d'établir
l'existence d'un compte bancaire non déclaré de
Jérôme Cahuzac à la suite de
perquisitions au sein de la banque UBS et chez la société Reyl et Cie. »
« Selon Le Canard enchaîné l'ex-ministre avait
ouvert ce compte auprès d'UBS à Genève au début
des années 90. Il aurait été fermé à la
fin de l'année 2000 et l'argent transféré auprès
de Reyl et Cie, toujours à Genève. En
2010 cet autre compte aurait été fermé à son tour
et l'argent déplacé vers la succursale de Reyl
et Cie à Singapour ».
Et voilà notre cher (ancien) ministre du budget grand
pourfendeur de la fraude fiscale céder à la mode actuelle
à savoir envoyer ses sous à Singapour… mais Libération
sera très certainement surpris par ces révélations car
vraiment… on ne pouvait pas savoir.
La famille
du Président chypriote sous les feux de la colère populaire
Je les trouve remarquablement calme nos amis chypriotes. En effet,
c’est carrément la famille du Président en exercice qui
est accusée d’avoir bénéficié de tuyaux
privilégiés et d’avoir réussi à
transférer la veille ou presque de la fermeture des banques pour plus
de 20 millions d’euros de leurs avoirs, les sauvant ainsi d’une
ponction qui atteindra probablement les 80% d’ici quelques semaines.
80% de 20 millions d’euros, cela fait tout de même 16
millions d’euros de sauvés !!! J’en connais plus
d’un qui pour ce montant-là ne se serait pas encombré de détails
« moraux »… mais je pense qu’à Chypre non plus
on ne pouvait pas vraiment pas savoir… sauf certains !
On ne
pouvait pas savoir…
J’avais envie de m’arrêter quelques instants sur
cette expression, qui vous l’aurez compris suscite en moi un
très grand agacement intellectuel. Afin d’éviter de
tomber dans la loi de Godwin (la loi de Godwin provient d'un
énoncé fait en 1990 par Mike Godwin relatif au réseau
Usenet, et popularisée depuis sur Internet : « Plus une
discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver
une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1.
» Dans un débat, atteindre le point Godwin revient à
signifier à son interlocuteur qu'il vient de se discréditer en
vérifiant la loi de Godwin), je ne m’appesantirai pas sur
l’utilisation de cette expression après la seconde guerre
mondiale, et j’attaquerai directement par son utilisation actuelle.
On ne pouvait pas savoir qu’il y aurait une crise.
On ne pouvait pas savoir qu’il y avait une bulle
immobilière.
On ne pouvait pas savoir qu’il y avait une bulle
boursière.
On ne pouvait pas savoir qu’il y avait des problèmes avec
la mondialisation.
On ne pouvait pas savoir qu’il y allait avoir des
problèmes d’emplois avec l’arrivée de la
révolution robotique.
On ne pouvait pas savoir qu’il allait y avoir des
problèmes de raréfactions de ressources.
On ne pouvait pas savoir qu’il allait y avoir un problème
sur la dette de l’état français.
On ne pouvait pas savoir qu’il allait y avoir un problème
avec les dettes espagnoles, italiennes, ou portugaises et encore j’en
passe et des meilleurs.
On ne pouvait pas savoir que la crise n’était pas finie.
On ne pouvait pas savoir que l’euro avait été mal
conçu et dès le départ.
On ne pouvait pas savoir que les gens avaient un problème de
pouvoir d’achat.
On ne pouvait pas savoir qu’il y aurait un problème de
montée des « populismes »…
Non vraiment, je vous assure, on ne pouvait pas savoir, car pour
savoir encore faut-il vouloir voir, accepter d’entendre, admettre les
constats et les faits, autoriser un débat ouvert y compris au
politiquement incorrect.
Pour savoir, il ne faut pas jouer l’autruche et se cacher, pour
savoir, il faut être courageux car la vérité est souvent
dérangeante. Pour savoir il suffit souvent d’être juste
lucide.
Alors je peux vous annoncer que l’on sait très bien que
la crise va se poursuivre et s’empirer. On sait très bien que
l’Europe éclatera lorsque son maillon le plus important et le plus
faible à savoir non pas l’Italie ou l’Espagne mais la
France, oui vous avez bien lu la France s’effondrera, et je vous dis
que l’on sait que l’effondrement de la France qui n’est
plus qu’une question de mois désormais (notre budget passera
difficilement le cap de l’année 2014) entrainera
l’effondrement de l’Europe telle que nous la connaissons.
On sait que le pire est à venir et que compte tenu de la
« trajectoire » (car dans la novlangue gouvernementale ce qui est
important c’est la trajectoire n’est-ce pas) le pire est
totalement sûr, politiquement, économiquement, et socialement.
On sait les effets désastreux que la rigueur va provoquer. On
sait les effets délétères que peuvent avoir les
dépenses de la relance sur nos déficits et que cela ne fonctionne
pas. On sait que nous sommes dans une impasse économique et sociale
totale.
On sait que seules les classes moyennes à partir de
1942,50€/mois sont suffisamment nombreuses pour payer les dettes…
On sait tout cela et plus encore.
Alors non. Et encore non. Je refuse l’expression et
l’idée même de « je ne pouvais pas savoir ».
Dans le contexte actuel aucun dirigeant n’a le droit de prononcer cette
expression. S’ils ne savent pas qu’ils laissent leur place.
Assez de cette culture de l’excuse permanente. On croirait
entendre mes gamins pris la main dans le pot de Nutella (en France 2.0, on ne
mange plus de confiture).
La situation économique de notre pays est trop grave pour se
cacher derrière son petit doigt et dire « ce n’est pas ma
faute, je ne pouvais pas savoir ».
Les conséquences sociales de la crise que nous traversons sont
potentiellement dramatiques pour notre pays alors on ne peut pas dire que
l’on ne savait pas.
Car on sait exactement ce qui va se produire. Seul le moment
n’est pas connu. On sait exactement quelles seront les
conséquences… et non elles ne seront pas belles.
On n’a jamais éloigné un danger en
détournant les yeux pour ne pas le voir arriver. Alors oui je suis
plus qu’agacé par ces ouvertures permanentes de parachute
(dorés ou non), par le manque total de courage de nos hommes
politiques et par leur manque d’intelligence.
« Un problème créé ne peut être
résolu en réfléchissant de la même manière
qu'il a été créé »… comme disait
Einstein et cela aussi nous le savons. Vous l’aurez compris, finalement
nous savons beaucoup de chose. Nous savons même l’essentiel, mais
nous ne voulons pas savoir. Voilà la réalité. Nous
refusons de savoir.
Dans la
série on ne pouvait pas savoir une dernière pour la route !
Les réseaux sociaux c’est beau, c’est bien. Quand
on a rien à cacher on ne risque rien, donc tout va bien je veux encore
plus de numérique, encore plus d’intrusion dans ma vie
privée, encore plus de « transparence »…
Alors je sais bien, vous me direz que… vraiment, on ne pouvait
pas savoir, et je vous répondrai que c’était pourtant
parfaitement prévisible mais il est tellement plus confortable de
dormir tranquillement bercé par des illusions rassurantes.
Voici un article « fabuleux » de la Tribune sur
l’utilisation par les grands « méchants » banquiers
de vos traces numériques… c’est pour le moins instructif.
« S'il est un secteur qui regorge de données sur ses
clients, c'est bien la banque. Il ne se passe pas une journée (ou
presque) sans qu'un client ne soit en contact avec sa banque, ne serait-ce
que via ses paiements par carte. Un acte qui, s'il est analysé, permet
par exemple à celle-là de s'apercevoir que tel client se rend
moins souvent que de coutume au restaurant et fréquente davantage des
magasins à bas prix. Ce qui peut laisser penser qu'il va au-devant de
difficultés financières. Une intuition qui peut être
corroborée par le décryptage de données externes, comme
ses états d'âme sur Facebook ou Twitter.
Le big data, c'est-à-dire l'analyse
de ces monceaux de données provenant non seulement des systèmes
d'informations des banques, mais également des réseaux sociaux,
des forums de discussions sur Internet, etc., permet d'établir des
profils de clients beaucoup plus précis qu'à l'aide de «
simples » statistiques. Si bien que la banque est alors en mesure de
proposer à son client un produit véritablement adapté
à sa problématique actuelle ».
…vous aurez donc fait votre déduction logique tout seul,
soit la banque peut vous proposer un produit adapté à votre
problématique (c’est pour la version politiquement positivement
correct), soit elle vous coupe tout simplement votre découvert ou
votre carte bleue car vous devenez selon ses propres critères «
insolvable ».
A la lecture de cet article, je pense que vous y
réfléchirai à deux fois avant d’aller faire vos
courses chez un épicier discount… cela pourrait déplaire
à votre banquier !
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
http://www.lecontrarien.com/suisseusa-signatu...-02-2013-suisse
http://lexpansion.lexpress.fr/economie/aff..._medium=twitter
http://www.liberation.fr/politiques/201..._medium=twitter
http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Godwin
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