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Ont-elles vraiment été sauvées ?

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Published : October 27th, 2010
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Category : Editorials

 

 

 

 

Pour rester sur le terrain des apparences, deux lectures sont possibles du communiqué final de la réunion du G20 finances : l’optimiste au premier degré, et la réaliste après décryptage. Après avoir bien sûr pris soin de mettre de côté la réaffirmation principielle de l’indispensable coopération que la situation réclame, sans laquelle un sommet n’existerait pas.


Si une conclusion peut sans hésiter être tirée de cette réunion, c’est que les Américains n’y ont pas été à la fête.


Pas crédible pour deux dollars et orfèvre du double langage, Tim Geithner vient de déclarer que les Etats-Unis sont en faveur d’un dollar fort, relativisant fortement par là même toutes les bonnes intentions formulées dans le communiqué. Par exemple, « [les membres du G20] vont prendre un ensemble de mesures visant à réduire les déséquilibres excessifs et à maintenir le déséquilibre de leurs comptes courants à des niveaux soutenables ». Les mesures ne sont d’ailleurs pas précisées, pas plus que ne l’est la définition d’un « niveau soutenable », les Allemands, les Chinois et d’autres pays dont l’Inde s’étant fermement opposés à un objectif chiffré – les Américains souhaitant voir reconnu un ratio maximum pour les surplus de 4% du PIB – et le faisant savoir.


Le communiqué précise aussi que « les économies développées seront vigilantes face aux fluctuations excessives et aux mouvements désordonnés des taux de change. Ces actions aideront à réduire le risque de volatilité des flux de capitaux auquel font face certains pays émergents ». Il n’en fallait pas moins pour calmer les ardeurs de tous ceux qui auraient reproché aux Américains d’inonder leurs économies de capitaux spéculatifs.


Est-ce encore un vœu pieux ou faut-il y lire la confirmation que la Fed – qui devrait prendre une décision dans une dizaine de jours – ne fera fonctionner la planche à billet que par paliers successifs, afin de tâter le terrain et de ne pas encore brutalement accentuer l’envahissement des économies émergentes par des flots accrus de capitaux ? Une petite précaution dont les résultats ne sont pas garantis.


Rainer Bruederle, ministre allemand de l’économie, a clairement mis en cause « un accroissement monétaire excessif et permanent », selon lui assimilable à une manipulation monétaire des taux de change.


Profitant de sa présence dans la région, et afin de poursuivre en comité restreint les discussions, Tim Geithner va demain dimanche rendre visite en Chine à Wang Qishan, le vice-Premier ministre chinois. La lecture optimiste du communiqué final reprend à l’occasion une certaine crédibilité, cette rencontre pouvant laisser à penser qu’Américains et Chinois sont au moins d’accord sur une chose : essayer de cantonner la guerre dans les limites du raisonnable. Ensemble, ils devraient explorer ce que pourrait signifier « maintenir le déséquilibre de leurs comptes courants à des niveaux soutenables ». Afin d’au moins sauver le G20 de Séoul, et un peu plus si affinités.


C’est toutefois beaucoup d’acrobaties pour pas grand chose. Car ce mécanisme ne règle en rien ce qui suscite une levée de boucliers parmi les pays émergents : les flux de capitaux spéculatifs qui les envahissent et déséquilibrent leurs économies.


Comment combattre les déséquilibres monétaires sans s’appuyer sur la reconfiguration du système monétaire lui-même ? Cela revient à mettre un cautère sur une jambe de bois, pour gagner du temps. Ajoutant un dossier à la pile de ceux qui sont déjà en suspens, faute de pouvoir les régler.


Le chapitre consacré à la situation économique est également instructif en raison de ce qui n’y figure pas. « La reprise économique mondiale se poursuit, mais de façon fragile et inégale » y relève-t-on. Les deux axes d’intervention préconisés ne comprenant aucune allusion à la lutte contre les déficits publics, objectif prioritaire des Européens.


Il s’agit de « la poursuite des réformes structurelles pour soutenir et doper la demande mondiale, promouvoir la création d’emplois et accroître le potentiel de croissance » et de «  la poursuite d’une politique monétaire appropriée afin d’obtenir une stabilité des prix et contribuer ainsi à la reprise « .


Ce manque aura incité George Osborne, chancelier britannique de l’Echiquier et porte-parole improvisé du G20 finances, a suppléer au communiqué commun pour déclarer que « quasiment tous ceux à qui j’ai parlé [du plan d’austérité gouvernemental britannique] ont fait part de leur soutien pour ce que j’ai fait ».


Comme le dit le communiqué, afin de définitivement convaincre les incrédules, «Dans une économie et un système financier globalisés, des réponses non coordonnées conduiront à des résultats pires pour chaque pays. Notre coopération est essentielle ». Cela en prend tout droit le chemin.


Seul lot de consolation, un compromis a été trouvé à l’arraché afin de faire de la place aux pays émergents dans le conseil d’administration du FMI. Assorti d’un doublement des quote-parts des pays, ce qui va renforcer les moyens financiers du Fonds. Cela pourra toujours servir à l’avenir.



Billet invité : François Leclerc

 


Paul Jorion

pauljorion.com



(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.



Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).


 

 

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