Mario Draghi, notre grand timonier de la monnaie en zone euro, a parlé.
Il a dit : « Encore plus argent gratuit »…
Les marchés sont euphoriques. Ils montent encore plus.
C’est génial. Exquis. Aux États-Unis, les marchés montent parce qu’on promet une remontée des taux et un resserrement monétaire donc moins d’argent. Ici, ils montent parce qu’on promet l’inverse avec encore plus d’argent qui coulerait à flots.
Il n’y a pas dire, il y a un camps qui se trompe !
Ou alors pourraient-ils tous avoir raison ?
En fait, les marchés européens sont contents car la BCE leur dit, en proclamant son « open bar » monétaire, qu’il n’y a aucun risque d’insolvabilité. La BCE est là, elle injectera autant de monnaie que nécessaire. Les « zinvestisseurs » sont donc rassurés et peuvent donc faire quelques tours de manège gratuits supplémentaires !
De l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis, certes la FED, la Banque centrale américaine, annonce son resserrement monétaire, mais les marchés pensent qu’en réalité, ce mouvement sera faible et l’hypothèse moyenne est une remontée des taux vers 2,43 % très exactement. Cela reste donc très bas.
Mais ce n’est pas tout. Dans le même temps, l’investisseur Yankee pense que si d’un côté la banque centrale va moins injecter de monnaie, le gouvernement fédéral, lui, va laisser filer le déficit budgétaire dans des proportions quasi bibliques sous la houlette d’un nouveau président, Donald Trump, qui a dit qu’il allait dépenser beaucoup, notamment dans les infrastructures, pour remettre les États-Unis à niveau et relancer la croissance !
En gros, souvenez-vous depuis la crise.
Il y a d’abord eu les plans de relance des années 2008/2009 et 2010. Pour une voiture achetée, on vous en offrait deux ! J’exagère et je force le trait mais je suis sûr que maintenant vous vous souvenez de cette période de forts déficits. À ce moment-là, les banques centrales, elles, ne font pas encore n’importe quoi.
Puis il y a l’étape de la « rilance » quand Lagarde est encore sinistre de l’Économie en France et qu’elle s’occupe aussi des sous de Bernad Tapie. La « rilance » c’est la « rigueur » et la « relance », en fait c’est ce moment où l’on passe d’une économie dopée aux plans de relance tirés sur les déficits budgétaires aux injections monétaires effectuées directement par les banques centrales. Les fameux « quantitative easing ».
Aux USA, on rentre dans une autre période où l’on inverse à nouveau les choses ! La FED va moins donner d’argent gratuit, mais l’État fédéral américain, lui, va le faire en augmentant son déficit considérablement.
Au bout du compte, la quantité d’argent injectée dans l’économie américaine sera très certainement supérieure !
Tout le monde a donc raison d’être content !
Quelles conséquences ?
On gagne du temps encore une fois, en faisant croire à la normalisation de la politique monétaire aux USA et au retour de la croissance (qui n’existe pas).
On fait monter le dollar en faisant croire que ça y est, tout est réglé, ce qui a un effet très récessif sur l’économie US et sur ses exportations.
Mais ça c’est pour le court terme.
À moyen terme, on se rendra compte que le déficit budgétaire est tel qu’il faudra que la FED achète elle-même les obligations du Trésor américain… Et finalement, c’est bien la banque centrale qui continuera à injecter la quantité de monnaie nécessaire.
Le dollar baissera, l’euro, s’il existe encore, remontera et au bout du compte, on continuera à imprimer de plus en plus de monnaie.
La seule chose qui change c’est la manière de le faire et de le dire. C’est tout. C’est pour cette raison que tout le monde a raison. C’est aussi pour cette raison qu’il est évident qu’encore une fois, il n’y a plus aucune bonne solution pour régler la crise. Soit la mort par la fuite en avant, soit la mort par la grande récession/déflation.
Il est déjà trop tard. Préparez-vous !