(…) :
Seconde Partie : Faire
des réserves et les mettre au coffre
“...Mon
Dieu, l’heure est venue. Si tout le monde veut de l’or, nous
allons être ruinés parce qu’il n’y a pas assez
d’or pour payer tout le monde… »
– J.F.K. au Président de la Fed,
août 1962
.
Il y a longtemps de cela, la monnaie était synonyme d’or
(et toujours moins fréquemment d’argent), échangé
librement entre les individus qui essaient d’acheter et de vendre,
d’investir et de dépenser.
Puis vint le 20ème siècle.
Il y avait eu des expérimentations avec de la
monnaie à cours forcé [fiat money] auparavant. Les plus fameux
exemples furent la Chine du 13ème siècle, la France
du 18ème siècle et la Guerre de Sécession
Américaine, le papier monnaie y fut émis en tant que monnaie
sans être couvert par de l’or (ou de l’argent). La monnaie
n’avait pas de teneur en or ou de contre-valeur or, il existait juste
une promesse –dictée par les empereurs, rois ou chefs
d’armées- que les autres personnes acceptaient en paiement.
Les fantassins s’en assuraient. Vous voudrez
bien accepter cet argent ou gare!
D’où ce nom de “fiat”- du
latin “que ceci soit”. Mais le monde refusait au papier-monnaie
« d’exister » tout simplement, cependant. Chaque
fois que la monnaie à cours forcé remplaçait l’or
par un diktat du gouvernement, les choses semblaient mal se terminer.
Même la potence ne peut soutenir la foi quand la confiance manque. Et
la confiance dans un papier non garanti avait toujours fait défaut
auparavant.
D’où la complainte de plus d’un
possesseur d’or éloquent aujourd’hui: le 20ème
siècle a vu les politiciens conspirer pour faire l’impossible,
dépassant l’humanité et remplaçant l’or par
le dollar. Il ne peut durer et ne durera pas, ainsi va la théorie,
basée sur les tentatives précédentes
d’empêcher l’or de jouer son rôle de
liquidité. Et ainsi, tout soubresaut du dollar en dehors de sa
trajectoire de chute indique des forces malignes à
l’œuvre… une entremise diabolique dans le marché
libre en faveur de l’or.
La bataille, ces défenseurs de l’or
(appelés par dérision les « Goldbugs »,
ou “scarabées d’or”) vous diraient, a lieu entre la
promesse humaine faite sur le papier et la nature de la véritable
monnaie. Et les vérités éternelles vont forcément
gagner à la fin. C’est
ce qui les rend éternelles.
Mais il faut se rappeler – maintenant que le
20ème siècle est terminé - que le dollar n’est
devenu la monnaie n° 1 parce que les Etats-Unis possédaient
presque tout le stock d’or mondial. Tandis que la poussière
radioactive s’évaporait à la fin de la seconde guerre
mondiale, Washington contrôlait plus des deux tiers de tout le stock
d’or monétaire. L’or couronnait le dollar ou plutôt
une nouvelle forme un peu bizarre d’or le faisait.
Il était gardé dans un entrepôt
enfoui bien profondément, à l’abri et en
sécurité des décisions privées et des choix
personnels. Le ciel nous garde que les électeurs n’obtiennent
jamais le contrôle de cette richesse ! Ils ne feraient que
l’envoyer à l’étranger pour régler leurs
dettes… ou acheter de nouveaux joujoux dorés… ou limiter
la dette du gouvernement en refusant de prêter de l’or dans
futur. La Maison Blanche se faisait avoir, pour reprendre cette expression
vieillotte, si elle laissait l’or glisser l’or sous
contrôle privé.
Il valait bien mieux donner du papier au peuple pour
faire du commerce et mettre en réserve tout l’or, - cet arbitre
ultime de valeur, utilisé depuis plus de 5 000 ans-, pour se
prémunir des jours funestes qui allaient bientôt arriver.
“La période de nationalisme
économique entre les deux guerres mondiales fut une période de
concentration rapide de l’or entre les mains officielles” nous
explique le World Gold Council dans son excellente histoire on-line.
« Jusqu’à cette date [c'est-à-dire le milieu
des années 20], la plus grande partie de l’or avait
été détenue par des personnes privées et
circulait comme monnaie parmi les citoyens et au-delà des
frontières dans les échanges commerciaux. »
Mais maintenant, l’or “qui avait
été la fondation du premier système monétaire
véritablement international pendant la période d’avant la
première guerre mondiale vint à être utilisé comme
une arme de compétition économique et de rivalités
nationales ».
Même après la fin de la Grande Guerre,
à un mile ou deux au dessus de Nagasaki
(Churchill l’appellerait une « nouvelle guerre de trente
ans »), ces rivalités nationales dépendaient encore
du contrôle de l’or par l’Etat.
Les
stocks d’or officiels et le prix de l’or
La paix en Europe – si ce n’est en Asie-
ne rendit pas ces stocks d’or obsolètes. Le commerce mondial et
les crédits internationaux étaient souvent liquidés en
or, et tout spécialement par « l’Occident
libre » et le bloc soviétique.
Le printemps de 1964 par exemple vit la Russie
Communiste envoyer une flotte d’Aeroflot TU-114 à Londres et
Paris, remplis de lingots d’or tous estampillés de la faucille
et du marteau et destinés à l’Amérique du Nord.
L’or achetait « des
quantités gigantesques de blé australien, canadien et
américain » ainsi que le Time Magazine le rapportait. Mais
bien plus de lingots partaient dans l’autre direction
transportés de Fort Knox à New York avant de dire au revoir aux
Etats-Unis et de naviguer vers l’est sur l’Atlantique en
direction de la France, la Grande-Bretagne et autres alliés apparents.
“Mon Dieu, l’heure est venue”
avait dit le Président Kennedy au Président de la
Réserve Fédérale William McChesney Martin, deux ans
auparavant. JFK paraphrasait ce que les Européens devaient penser ou
plutôt, ce que pensaient leurs élus au pouvoir.
« Si tout le monde veut de
l’or, nous allons être ruinés parce qu’il n’y
a pas assez d’or pour payer tout le monde ».
Ce qu’il y avait en abondance aux Etats-Unis,
cependant, c’étaient les dollars US. Des millions puis des
milliards de ces satanés billets verts s’entassaient à la Banque
de France à Paris tout aussi bien qu’à Londres, Francfort
et Tokyo… »
Cela dit, c’était bien ce qui avait
été prévu dans le cadre de l’accord de Bretton Woods. A
côté de son rôle de liquidateur de dettes entre Etats, le
« dollar était aussi demandé par les nations
étrangères tant comme actif de réserve [de la Banque
Centrale] que pour financer une bonne partie du commerce mondial »
écrit Francis Gavin dans l’Or,
les Dollars et le Pouvoir.
“Cette demande de dollars
américains” poursuit Gavin – « que les
Etats-Unis étaient heureux de fournir avec des billets
fraîchement émis » était
supérieure à la demande de biens américains. En
d’autres termes une partie du déficit [de la balance des
paiements] n’était pas un déficit du tout, car ces
dollars étaient désirés au moins pour un temps, par les
banques centrales et entités impliquées dans le financement du
commerce ».
Maintenant, avançons vers le futur et les
déficits des Etats-Unis –toujours payés au moyen de cet
“exorbitant privilège” comme le Président de la
France, Charles de Gaulle, appelait le dollar- sont de nouveau en train de
s’entasser dans les coffres-forts des banques
centrales. Cette fois-ci, il n’y a aucune chance d’aller en avion
à Washington pour réclamer de l’or en échange.
Richard Nixon s’est débarrassé de cette clause, mettant
fin au contrat de Bretton Woods
et laissant le prix de l’or fluctuer librement à partir de 1971.
Les pauvres banques centrales se noyant maintenant
sous les dollars sont dans une position différente aussi. Captives et
sans espoir d’échanger leur papier contre de l’or, la
Chine, le Japon, la Russie et la Corée du Sud ne vont-elles pas
acheter de l’or sur le marché à la place ?
Espérons que non. Vraiment. Ce ne serait pas
bon.
“Les pays faisant face à une
volatilité particulière dans des circonstances politiques et/ou
économiques voudront considérer de manière critique le
niveau d’or de leurs réserves » nous dit le World
Gold Council. Mais c’est pour couler l’or nationalisé
comme une bonne chose en soi, plutôt que les reliques vraiment barbares
du nationalisme du 20ème siècle, le contrôle
étatique et toutes les horreurs accomplies.
Ici en Europe, les bureaucraties
surdimensionnées ont pris le contrôle de l’or
détenu de manière privée entre 1900 et 1965 et
possèdent maintenant environ la moitié de leurs réserves
de devises sous forme de lingots d’or. Les Etats-Unis –les
gagnants des 30 années de « guerre totale » en
1945 détiennent les trois-quarts de leurs liquidités
nationalisées sous forme d’or. La moyenne internationale,
grâce au poids des ces défenseurs de
l’or de première classe, s’assoit sur environ 10% selon
les calculs de la plupart des analystes.
“Donc, il est important de
reconnaître” que si la Chine, le Japon et la Russie voulaient
avoir environ 10% de leurs réserves de devises sous forme d’or,
« cela supposerait un achat d’environ 9 300 tonnes
d’or ou l’équivalent de la production du monde entier
d’or des quatre prochaines années.
Bien plus important à reconnaitre, cependant,
est le fait que cela laisserait présager d’une autre guerre
totale... qui demanderait un bien plus grand nom que
« Troisième Guerre Mondiale ».
Les gouvernement achètent de l’or et le
mettent sous clef, loin des décisions et choix privés, quand
ils craignent d’autres nations. La peur à cette échelle
n’est jamais drôle, même pour les défenseurs de
l’or. Cela serait encore moins drôle si (ou plutôt quand)
la course à la thésaurisation des gouvernements se transformait
en un bannissement absolu de la possession privée d’or.
C’est arrivé aux citoyens américains
en 1933. La plupart des citoyens de ce monde « libre »
ont été empêchés de détenir de l’or
librement, à l’intérieur de leurs propres
frontières, jusqu’à 1974.
Cette peur « motrice », a
conduit la Bundesbank allemande, à la fin de 2007, - détentrice
du second plus grand stock d’or nationalisé- à rejeter
tous les appels des politiciens et éditeurs de journaux à
Berlin de vendre une portion des 3 000 tonnes d’or de son stock. Ils
voulaient une vente pour financer un stimulus économique mais
« les réserves nationales d’or ont une fonction de
confiance et de fondement de la stabilité » a
répliqué la Bundesbank.
Et cela en dit encore plus long “cette
fonction est devenue encore plus importante », ajouta la
Bundesbank alors que les chars russes entraient en Géorgie « étant donné
la situation géopolitique et les risques présents dans les
développements des marchés financiers ». Et encore
plus remarquable, les réserves en lingots de la Russie crurent de 50
tonnes dans les douze mois avant juillet 2008, une augmentation forte de ses
réserves selon les statistiques officielles.
La demi-décade précédente vit les réserves
d’or de la Russie fléchir de près de 16 tonnes. Et
même maintenant, l’or par rapport aux réserves forex est à peine à 2,7%. Le
président précédent (et actuel maître
marionnettiste) Vladimir Putin avait fixé
l’objectif à 10% en 2006.
Comme c’est le cas en dehors du Caucase, entre
temps et sur le long terme, le marché haussier de l’or souffre
rarement quand les banques centrales vendent. Entre 1976 et 1980, le FMI a
vendu environ un tiers de ses réserves –soit 1600 tonnes.
Et le prix de l’or fut multiplié par
huit en dépit de cela.
De nouveau entre 1999 et 2002 le Royaume Uni et la
Suisse vendirent au total encore 1 600 tonnes. Et tout ce qu’ils réussirent,
c’est de faire démarrer la hausse du cours de l’or!
Donc, s’ils avaient espéré « réduire le
rôle de l’or dans le système monétaire
international » (comme le FMI l’avait annoncé vingt
ans plus tôt), alors leur échec devrait amener les plus ardents
défenseurs de l’or à des pensées curieuses.
L’accord des banques centrales sur l’or
–signé pour la première fois en sept. 1999- marqua la fin
du 20ème siècle pour l’or. Au lieu de
nationaliser et de conserver cet or, les quinze Etats Européens
annoncèrent qu’ils allaient lentement réinjecter de
l’or sur le marché, le laissant arriver aux mains des personnes
privées après environ 100 ans de politique inverse.
Renouvelé en 2004, l’accord expirait le
26 septembre 2008. Les banques centrales vont-elles continuer à vendre
? Les véritables défenseurs du marché libre, partout
dans le monde, aimeraient penser qu’elle le feront.
Adrian Ash
Directeur de la Recherche
Bullionvault.com
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