En période d’inflation, le prix de l’or
augmente. Mais l’inflation n’est pas toujours un facteur
nécessaire à la hausse du prix du métal jaune.
L’inflation est dans toutes les bouches. Les banquiers
centraux pensent qu’elle devrait être accentuée. Le commun
des mortels pense qu’elle et bien supérieure à ce
qu’elle devrait être. Quant aux professionnels des finances, ils
pensent que nous ne sommes pas prêts d’en voir la fin.
‘Lorsque l’inflation devient trop
évidente’, reconnaît
John Paulson, du hedge
fund de 14 millions de dollars Paulson
and Co., ‘le prix de l’or a probablement déjà
augmenté. Il est alors temps de renforcer sa position’.
‘Lorsque l’inflation apparaît, le prix
réel de l’or augmente’, déclare Jeremy Grantham dans
sa lettre aux actionnaires de la société GMO, au capital de
79 milliards de dollars. L’unique classe d’actif étant
positivement corrélée à l’inflation, selon le
rapport Global
Investment Returns Yearbook du Crédit Suisse, est l’or.
Selon Paulson, Grantham, et
beaucoup d’autres, l’inflation n’est pas prête de
disparaître. Depuis la fin du XXe siècle – après
que le prix de l’or ait été libéré de son
prix fixe de 35 dollars – le prix de l’or n’a fait
qu’augmenter dans le même temps que l’inflation.
Le seul problème que présentent ces
théories est que l’or a connu une longue phase haussière
au cours de cette dernière décennie – ayant
été multiplié par six en termes nominaux - malgré
un record à la baisse du taux d’inflation aux Etats-Unis depuis
les années 1950.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Premièrement, l'or n'est
pas uniquement lié à l'inflation. Il ne
l’était pas dans les années 1970 et 1980, et il ne
l’est pas non plus aujourd’hui. L’or est lié
à l’inflation ainsi qu’aux taux d’intérêts.
Des retours réels sur obligations faibles ou négatifs poussent
les épargnants à se tourner vers un moyen sûr et
indestructible de protéger leur patrimoine. Le papier monnaie et les
obligations sont incapables de remplir ce rôle.
Deuxièmement, et pour la même raison - les
gens n'aiment pas voir leur épargne perdre de sa valeur d'année
en année -, les phases baissières de long terme des
marchés de capitaux sont également bénéfiques au
prix de l’or. Si le capital à risque ne permet aucune rente, il
prend la fuite. Les obligations peuvent parfois être une solution
à cela. C’est également le cas de l’or.
Au cours de ce dernier siècle, les retours
réels sur les actions Américaines ont été
majoritairement négatifs lorsque le prix de l’or était en
phase haussière, et positifs lorsque le prix de l’or diminuait.
Il en est allé de même sous le système
de l’étalon or – une période au cours de laquelle
le prix de l’or fut d’abord fixé à 26, puis
à 35 dollars l’once afin de contrer l’inflation. Au cours
de 59% des mois s’étant écoulés depuis 1910,
lorsque les retours réels de l’or étaient
supérieurs à zéro, alors les retours réels des
actions étaient inférieurs à zéro, et vice versa.
Au cours d’un tiers de ces mois, or et actions enregistraient tous deux
des retours positifs. L’or et les actions n’ont perdu de leur
valeur simultanément que 7% du temps, particulièrement du fait
de l’inflation d’après-guerre.
Qu’une guerre vienne ou non à être
déclarée, ‘le gorille de l’inflation n’est
peut-être pas encore dans la salle, mais nous pouvons
déjà l’entendre frapper son torse de ses poings depuis le
haut de la colline’ –Jeremy Grantham.
‘Il
finira par arriver’ – et fera des investisseurs sur obligations
son petit-déjeuner. Il a mâchouillé leurs revenus fixes
tout au long des années 1970, dans le même temps que les actions
offraient des rendements tout aussi misérables. Il se fera une joie de
détruire ceux achetant aujourd’hui des obligations, alors que
leur taux de rendement est à son niveau le plus bas jamais
enregistré. Bien que Grantham suggère d’investir sur les
obligations en tant que ‘barrière sous-estimée contre
l’inflation, le coût immédiat de ce type
d’investissement pourrait s’avérer extrêmement
destructeur.
Quelle attitude adopter ? La solution logique est d'acheter de l'or – une solution
tellement que beaucoup pensent qu’elle ne puisse pas être
parfaite. Le prix de l’or est déjà grimpé bien
plus haut que l’inflation de l’indice des prix qu’observent
Grantham et le Crédit Suisse, ainsi que le graphique de BullionVault
présenté ci-dessus.
Vous pouvez dire que les données relatives à
l'inflation sont fausses, que les
choses tourneront différemment cette fois-ci, ou que l’inflation
n’apparaîtra pas, malgré les efforts dont font preuve les
banquiers du monde pour anéantir le patrimoine des épargnants. Mais
s’il est une chose que l’on ne puisse pas nier quant à
l’actuel marché haussier de l’or, c’est que les
obligations finiront par ne plus intéresser personne, et que les
actions ne permettent plus de rendements positifs. Lorsque l’inflation
se présentera, il sera de plus en plus difficile de ne pas acheter
d’or – ainsi que des produits industriels ou lopins de terre -,
et ce malgré sa performance de ces dix dernières années.
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