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Ouf ! Les banques sont sauvées !

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Published : July 22nd, 2011
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Les places boursières ont fait connaître leur verdict, les valeurs financières ont rebondi avant même que le sommet de Bruxelles ne soit terminé. Les banques en sont les premières bénéficiaires, BCE compris, tandis que les Etats ont pris sur le dos une charge supplémentaire, si l’on regarde de plus près les mesures adoptées.


Certes, ne fonctionnant pas, la stratégie initiale a été assouplie : les conditions dans lesquelles le nouveau prêt va être accordé à la Grèce vont être plus favorables en termes d’échéancier et de taux. Le montant de la dette du pays, de 350 milliards de dollars, devrait être un peu diminué, si les banques choisissent l’option qui leur est proposée d’une vente de leurs titres au Fonds de stabilité financière. Enfin, l’accès de la Grèce aux fonds structurels européens va être facilité, afin de donner un petit peu de mou dans la laisse. La pente est moins raide, mais la stratégie reste la même.


Par un jeu de vases communicants, ce que la BCE voulait stopper – soutenir la dette souveraine des pays en difficulté par des achats sur le marché secondaire – le Fonds de stabilité financière financé par les Etats va pouvoir s’y engager. Ses missions sont élargies, et il aura également la possibilité d’aider à la recapitalisation des banques, ainsi que de réaliser des prêts préventifs aux pays menacés, sur le mode de ceux que le FMI a lancés. Ce sont bien les Etats qui, via le Fonds, prennent le relais et s’engagent.


Les banques, pour leur part, ont chassé le spectre d’une taxe bancaire qui les menaçait et se voient offrir trois options, telles que l’Institute of International Finance les a elles-mêmes présentées au sommet. Sans entrer dans les détails, qui d’ailleurs ne figurent pas dans le texte de l’accord, trois solutions s’offrent à elles : vendre au Fonds et au prix du marché leurs obligations, les échanger contre des obligations à trente ans dans des conditions non précisées, ou bien rouler leur dette lorsqu’elle arrivera à échéance. Dans ces deux derniers cas, la dette ne sera pas réduite mais profilée, c’est à dire étalée dans le temps. Les incitations correspondantes ne sont pas mentionnées, ce qui est bien dommage ! En résumé, les banques font une bonne affaire, soit en acceptant de faire la part du feu en contrepartie de garanties pour l’avenir, soit en repoussant à plus tard un risque qui était imminent.


Le concert de soulagement et de satisfaction que l’on va entendre va atteindre le Portugal et l’Irlande, dont les conditions de prêt devraient être alignées sur celles dont la Grèce va bénéficier. Mais il est bien précisé que, dans son ensemble le plan destiné à la Grèce est « unique », c’est à dire qu’il n’est pas destiné à un autre pays.


C’est là où les choses vont se compliquer, mais n’anticipons pas… Quel est l’enjeu ? Qu’un nombre de plus en plus réduit de pays européens soutiennent un nombre de plus en plus grand d’autres pays en difficultés. A vouloir tous les plonger dans la récession, c’est cette logique qui va se poursuivre.


La Grèce ne fera qu’un défaut sélectif, si les agences en conviennent ainsi, et ce ne sera pas la fin du monde qui était annoncée, car les banques européennes sont sauves. Reste le cas des grecques, qui trouvera sa solution. Le Fonds de stabilité européen garantirait les titres grecs détenus par les banques grecques et pris en pension par la BCE, tant que les agences maintiendraient un défaut sélectif. Cela permettrait qu’elles continuent de recevoir les liquidités qui leur sont indispensables pour ne pas couler et déclencher un cataclysme dans le pays, et au-delà…


Mais l’Italie et l’Espagne restent en situation d’attente, pour elles rien n’a changé.




Billet rédigé par François Leclerc




Paul Jorion






(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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