Le
débat autour de l’interdiction du travail dominical est revenu
en force avec l’ouverture de Leroy Merlin et de Castorama le dimanche 29
septembre dernier, défiant ainsi la réglementation en vigueur.
Or, à
chaque fois que le sujet redevient d’actualité, le même argument
est mis en avant pour clore le débat. L’économiste Eric Heyer de l’OFCE vient de s’en faire le porte-parole
récemment. L'ouverture le dimanche résulterait en un «
simple transfert » des achats des autres jours de la semaine vers le
« jour du seigneur ». Aucun bénéfice donc, car interdire
ou pas, reviendrait ainsi grosso modo
à la même chose. Vraiment ?
Il
s’agit en réalité d’un raisonnement erroné auquel
il faut « tordre le cou » une fois pour toutes.
D’abord,
quoi qu’on en dise, la réglementation actuelle
« bride » logiquement les ventes. Certains achats
effectués par exemple par des touristes qui quittent en fin de semaine
(ou le lendemain) – ne peuvent pas être
« reportés ». Des ventes possibles sont ainsi
indiscutablement « perdues ». Rappelons que la France
demeure la première destination touristique au monde avec 83 millions
de visiteurs internationaux en 2012. Si des commerces ouvrent donc le week-end
ou tard le soir, c’est justement pour répondre aux besoins
d’une telle clientèle.
Mais ce
n’est pas tout. Car lever les interdictions actuelles de travailler le
dimanche ou en soirée présente d’autres avantages nets,
difficiles à comptabiliser mais pourtant bien réels. Lesquels ?
Avoir le choix
de faire ses courses le dimanche parce que la circulation est par exemple
plus fluide (moins d'essence) ou parce qu'il y a moins de files d'attente en
caisse (gain de temps) peut indiscutablement diminuer la « facture globale
» du consommateur. Plus de pouvoir d'achat à dépenser
ailleurs ou plus de temps à passer en famille, à consacrer
à une activité associative, sportive ou culturelle. Il ne faut
pas oublier que celles-ci ont souvent lieu en semaine et une
opportunité de faire ses courses le dimanche permettrait à des
millions de Français de mieux les gérer.
Cependant cela
ne risque-t-il pas de pénaliser les salariés qui travailleront
le dimanche ?
Certes, en cas
d'ouverture certains choisiront de renoncer au repos dominical. Mais si des
employés préfèrent ainsi gagner plus, voire mieux
gérer leur temps (les étudiants) ou obtenir tout simplement une
première expérience professionnelle tant prisée en cette
période de crise (les jeunes particulièrement touchés
par le chômage), pourquoi l’Etat continuerait-il à les en
priver ?
Ce sont les
employés, les propriétaires de magasins et les consommateurs
qui doivent décider si les conditions « gagnant-gagnant »
sont réunies ou pas, pour ouvrir le dimanche. Il est temps de leur
laisser la liberté de pouvoir le faire.
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