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PAC: chronique d’un désastre annoncé (partie 2)

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Published : August 20th, 2012
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Qui se rappelle aujourd’hui du « beurre de Noël » ? Lancé en 1984, ce beurre à prix cassé était commercialisé par l’Union européenne elle-même. Sa provenance : les gigantesques stocks de surplus agricoles consécutifs à la Politique agricole commune (PAC). Vous avez dit « gaspillage » ?


Dans notre précédente chronique, nous nous étions intéressés à la mise en place de la PAC et à ses premiers échecs. En 1968, quelques années à peine après leur introduction, les prix garantis aux agriculteurs par la Commission européenne opéraient déjà une sérieuse ponction sur le budget européen. Le Commissaire en charge de l’agriculture, Sicco Mansholt, s’en inquiétait et appelait à une réforme rapide. Malheureusement, dans son esprit « réforme » ne signifiait pas démantèlement de ce système contre nature, mais l’ajout de couches supplémentaires de mesures destinées à stimuler artificiellement la consommation de produits laitiers.


Prix d’intervention


Revenons un instant à ces « prix garantis », pierre angulaire de la PAC. Le mécanisme consiste, pour la Commission, à fixer chaque année, pour chaque produit agricole inclu dans la PAC, un prix qu’elle estime correct, et auquel l’agriculteur devrait pouvoir écouler sa production. Ce prix est évidemment supérieur au prix d’équilibre du marché, sinon la Commission n’aurait pas à intervenir. Parallèlement, la Commission fixe également un « prix d’intervention », inférieur d’environ 20% à ce prix garanti. Pourquoi ce prix d’intervention ? Parce que la Commission n’a pas complètement oublié les principes de base de l’économie : sur le marché d’un bien, lorsque le prix « conseillé » par l’État est plus élevé que le prix qui équilibre l’offre et la demande, la demande pour ce bien va diminuer (le consommateur, qui a un budget à respecter, achètera moins de ce bien). Simultanément, l’offre va augmenter, puisque le producteur, lui, ne demande pas mieux que de produire autant qu’il peut à ce prix-là. Résultat : le producteur se retrouve avec un surplus sur les bras, qu’il ne pourra pas vendre. Pour écouler ce surplus, il n’a qu’un choix : baisser son prix jusqu’au niveau où le consommateur sera prêt à l’acheter. Le seul moyen d’empêcher le prix de baisser sous le « seuil d’intervention » consiste, pour la Commission, à acheter massivement les surplus des agriculteurs afin de les « sortir » du marché.


Double dépense


L’Europe sort de ce marché de dupes qu’elle a elle-même créé avec un double problème sur les bras : d’une part, elle doit dépenser énormément d’argent pour acheter les surplus. D’autre part, elle se retrouve avec des milliers de tonnes de produits agricoles sur les bras. À l’époque, les critiques de la PAC parlaient de « montagnes de beurre » et de « lacs de vin ». Montagnes et lacs qu’il faut stocker dans d’immenses entrepôts en attendant de savoir qu’en faire. Les solutions choisies sont à l’aune de l’aveuglement qui a créé le problème : nouveaux subsides aux fermiers (dans le cas du lait, pour faire incorporer du lait en poudre dans la nourriture des bestiaux), ventes à bas prix aux producteurs de crème glacée (si si si), ventes aux rabais sur les marchés mondiaux. Très vite, la Commission s’est d’ailleurs mise à subsidier les exportations afin que les agriculteurs puissent se débarrasser de leurs produits sur les marchés mondiaux au prix qu’ils auraient pu obtenir en Europe. La mesure allège un peu le coût de la PAC, mais ne plaît évidemment que très modérément aux autres pays développés, qui voient d’un mauvais œil les marchés mondiaux inondés de marchandises européennes subsidiées. D’autant qu’ils jouent eux aussi au même petit jeu et que l’offre excédentaire fait baisser les prix. D’autres surplus sont refourgués à l’Union soviétique. La faillite du socialisme russe, avec ses famines à répétition, aura permis aux politiciens européens de continuer à préparer la faillite de l’Europe.


Le consommateur grugé deux fois


En 1984, la Commission accouche d’une idée de génie pour écouler les milliers de tonnes de beurre qu’elle n’a pas réussi à refourguer : le beurre de Noël. Il s’agit, vous l’aurez compris, de beurre à bas prix vendu pendant la période des fêtes de fin d’année. Enfin, quand je dis à bas prix, comprenons-nous : ce beurre a été acheté au prix fort (le prix d’intervention). Et donc, le consommateur européen, qui croit faire une affaire, se retrouve grugé deux fois et insulté en prime.


D’une part, l’argent destiné à financer cette ruineuse Politique agricole commune sort de son portefeuille, puisque tout cela est financé par les contribution des États membres, lesquelles proviennent d’impôts nationaux. D’autre part, non content d’avoir dû financer cette hausse artificielle des prix, il est contraint de payer ses produits agricoles plus cher que partout ailleurs dans le monde. Pour s’assurer qu’il n’ira pas importer des produits moins cher ailleurs, la Commission frappe en effet de tarifs douaniers variables les produits en provenance de l’extérieur afin de ramener leur prix au niveau de celui en vigueur dans la Communauté. Et pour couronner le tout, on lui revend, à un prix qui s’approche du prix réel du marché, sous l’appellation « beurre de Noël », les surplus de beurre trop cher qu’on n’a pas réussi à faire manger aux vaches, aux amateurs de crème glacée et aux russes affamés.


Bref, un beau gâchis, mais qui perdure encore actuellement. Et pour cause : les lobbys agricoles, particulièrement puissants en France, ont évidemment tourné à plein régime pour convaincre les gouvernements de ne pas couper cette généreuse manne d’argent en provenance du contribuable. Et les agriculteurs subissent aujourd’hui de plein fouet les conséquences des lois du marché dont ils ont été artificiellement protégés pendant un demi-siècle. Aujourd’hui, leurs infrastructures ont, globalement, une taille largement supérieure à la taille optimale du marché. Et un coût de fonctionnement supérieur au prix que le marché est prêt à payer pour leur lait. Le « bain de sang social » ne pourra pas être évité. À moins, bien sûr, de recommencer à dépenser des fonds publics…

 

 

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Frédéric Wauters est journaliste économique indépendant et professeur de sciences commerciales et de communication à la Haute Ecole Galilée à Bruxelles. Entrepreneur (www.ex-abrupto.be), il est également essayiste et vient de publier, avec son confrère Ludovic Delory, d'un ouvrage intitulé "Retraites Plombées: comment l'Etat vole votre avenir" (plus de détails sur www.retraites-plombees.be).
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