Les forces influençant les marchés
de l’or et de l’argent sont très différentes de
celles affectant les métaux industriels et de base. Elles vont bien
au-delà de simples études techniques de prix et
dépendent de bien plus que de l’état de l’offre et
de la demande. Elles incluent également des facteurs de confiance, de
dépendance et de protection financière n’ayant rien
à voir avec les différentes utilisations de l’or. Warren
Buffet n’a pas tout à fait tort lorsqu’il qualifie
l’or de ‘métal inutile’. Ce qu’il cependant
manque à comprendre, c’est la valeur réelle de
l’or. Un tel maître de la gestion financière et de
l’investissement peut parfaitement penser que l’or lui est
inutile. Il n’en est pas moins qu’il possède une
réelle valeur en tant qu’investissement.
Sur le long cours, l’or ne peut être
géré ou contrôlé. Après la crise, il sera
le dernier investissement à rester debout, avec l’argent comme
bras droit. Dans un précédent article, j’avais
indiqué que les gens n’achètent pas d’or pour faire
de l’argent, mais parce qu’ils ont de l’argent. C’est
également la raison pour laquelle les banques centrales
possèdent de l’or. Elles aimeraient ne pas en avoir besoin, mais
elles savent très bien que leurs devises sont vulnérables
à la mauvaise gestion, et que sur le long terme, elles sont
inévitablement mal gérées. Les gens achètent de
l’or pour se protéger des petits jeux monétaires, parce
qu’ils savent que l’or en ressortira toujours gagnant. Les
fluctuations des prix de l’or et de l’argent reflètent
chacune des décisions ayant été prises en cours de
partie.
Réserves
d’or
Les réserves d’or et d’argent
disponibles n’augmentent pas à un rythme suffisant pour pouvoir
satisfaire la demande globale. Le cas de la production d’or est plus
complexe encore que celui de l’argent, dans la mesure où les
mines doivent être creusées de plus en plus profondément
et être développées dans toujours plus de pays. Et si les
gouvernements des pays dans lesquels les mines d’or sont
développées peuvent se montrer amicaux au début des
opérations, aussitôt qu’ils réalisent que les
profits enregistrés par les sociétés minières
sont importants, ils augmentent les taxes, voire nationalisent les mines. La
totalité des réserves d’or situées à
proximité de la surface de la terre ayant été extraite
au cours du siècle dernier, les sociétés minières
voient aujourd’hui leurs coûts de production atteindre des
niveaux sans précédent. Cependant, dans la mesure où le
prix de l’or pourrait continuer de grimper dans le futur, rechercher de
l’or plus profondément sous la surface de la terre demeure
profitable pour ces sociétés.
Gardez à l’esprit que les
sociétés minières ont en premier lieu à remplacer
les dépôts qu’elles ont exploités, sans quoi elles
voient leurs réserves diminuer.
Il est clair que les quantités d’or
nouvellement extraites chaque année deviendront rapidement incapables
de satisfaire la demande internationale en constante hausse. La seule source
qui permettra alors de combler ce manque sera les ‘débris d’or’,
autrement dit la récupération. Ce terme ne signifie pas
toujours que le métal doit être une nouvelle fois raffiné
– comme c’est le cas pour l’acier de vieilles voitures. Il
s’agit généralement d’or vendu par ses
propriétaires qui, pour une raison quelconque, éprouvent la
nécessité de le vendre. Ils ont peut-être besoin
d’argent pour s’acheter autre chose, ou pensent que le prix de
l’or est trop élevé et désirent le vendre puis le
racheter lorsque son prix aura à nouveau diminué et sera en
passe d’augmenter à nouveau. Ce type de vendeurs appartient au
commerce au détail, et non au monde des banques centrales. Tout cela
rend l’or extrêmement différent de l’argent.
C’est uniquement lorsque les prix
atteignent des pics que nous apercevons les ventes de débris
d’or augmenter de manière conséquente. Ces pics ont
toutefois à être assez significatifs, dans la mesure où
l’or a tendance à voir son prix diminuer bien moins que
l’on ne se l’imagine avant de reprendre son ascension. De
nombreux traders se retrouvent souvent piégés et finissent par
racheter leur or au prix où ils l’ont vendu.
Demande
en or
Les nouveaux investisseurs du monde en
développement, de la zone Euro, et des banques centrales,
représenteront pour les années à venir
l’épine dorsale de la demande en or. Ces trois types
d’investisseurs sont influencés par les qualités de l’or
relatives à la préservation de valeur. Leurs achats reflètent
un besoin de faire face à la perte de valeur des monnaies papier, et
non une nécessité d’utiliser ou de consommer l’or.
L’or est donc un métal très différent de tous les
autres.
Pour que l’or puisse conserver ses
qualités, il ne doit pas être consommé en de trop
importantes quantités : il doit pouvoir être en mesure de
persuader son possesseur de le conserver hors de la portée des autres,
dans les coffres personnels, par exemple. L’or est une monnaie lorsque
plus rien d’autre n’est capable de remplir ce rôle.
C’est pour cette raison que le prix de
l’or continuera de grimper tant que la monnaie papier ne cessera
d’être dévaluée.
Réserves
d’argent
Les réserves d’argent se concentrent
principalement aux Amériques, particulièrement en
Amérique Centrale, en Amérique du Sud et au Mexique. En dehors
des mines purement dédiées à la production
d’argent, le métal blanc est souvent extrait en tant que
sous-produit d’autres extractions minières. En tant que
sous-produit, ses réserves sont dépendantes de la demande en
métal principalement produit par la mine (à la demande en
nickel, par exemple). De plus en plus de mines se concentrent
aujourd’hui uniquement sur la production d’argent. Leur
production est cependant insuffisante à satisfaire la demande en investissement.
La demande d’argent en tant qu’investissement est actuellement en
pleine expansion, de la même manière que la demande
d’argent en tant que produit industriel.
Demande
en argent
Ayant aussi bien été utilisé
dans la fabrication d’appareils photos et de bijoux au cours de ces
dernières décennies, la demande en argent est remarquablement
changeante et diversifiée. Aujourd’hui, son utilisation
bourgeonne dans les domaines électronique et médical.
L’utilisation de l’argent dans la fabrication de panneaux
solaires, de codes-barres, de vêtements et d’ordinateurs
n’est plus uniquement facultative, mais nécessaire.
En ce qui concerne ces domaines, et contrairement
à ceux de la photographie et de la bijouterie, l’argent, une
fois consommé, ne peut plus être réintroduit sur le
marché sous forme de métal recyclé. Le domaine
industriel consomme donc de plus en plus d’argent nouvellement extrait,
pour ne jamais le réintroduire sur le marché.
L’argent évolue également en
parallèle l’or en tant que métal monétaire.
N’espérez pas de sitôt voir l’argent être
accepté en tant que métal monétaire par les
autorités financières. Il n’en est pas moins que la
demande en investissement aperçoit l’argent comme étant
une monnaie. Dans le même temps que le prix de l’or a augmenté
jusqu’au point de ne plus être abordable aux investisseurs les
plus pauvres, ces deniers se sont peu à peu intéressés
à l’argent pour ses capacités de protection de valeur. La
hausse du prix de l’argent a été aussi spectaculaire que
celle du prix de l’or, étant passé de 6 à 33
dollars. L’argent est une monnaie entre les mains des investisseurs les
moins fortunés. Les banques centrales ne s’y intéressent
pas, mais il a toutefois aidé de nombreux investisseurs des pays en
développement à échapper à la pauvreté. Le
monde en développement comptant plus de 4 milliards d’habitants,
cette demande n’est pas prête de diminuer, et deviendra
bientôt insurmontable.
Relation
or-argent
La relation dont je parle ici n’a rien
à voir avec le ratio or/argent. Elle est bien plus simple que cela.
Les performances des deux métaux ont été quasiment
identiques depuis 2005, dans la mesure où leurs prix ont depuis
été multipliés par 5. On pourrait se demander si cela
changera dans le futur. Je ne pense pas. Il serait même possible que le
prix de l’argent dépasse celui de l’or, mais avant cela,
soyez sûrs de bien comprendre la raison première pour laquelle
les prix respectifs de ces métaux augmentent.
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