Les terribles attaques
qui ont affligé Paris vendredi dernier ont, comme nous aurions pu nous y
attendre, laissé place à des réactions démesurées et à la prise de toujours
plus de ces décisions qui sont à l’origine de la radicalisation de certains
et de leur volonté de nous attaquer. Les militaires français n’ont pas
attendu pour riposter et ont immédiatement bombardé la Syrie, avant même que
l’origine des terroristes ait été mentionnée. Des milliers de combattants d’Isil
en Syrie ne sont pas Syriens, mais sont arrivés en Syrie depuis beaucoup d’autres
pays dans l’objectif de renverser le gouvernement d’Assad – certains sont
même venus de France et des Etats-Unis.
Ironiquement, le
renversement du régime d’Assad a également été l’un des objectifs des
Etats-Unis et de la France depuis au moins 2011.
Parce que les Etats-Unis
et ses alliés sont essentiellement dans le même camp qu’Isil et les autres
groupes – et cherchent à renverser Assad – une grande partie des armements qu’ils
ont envoyés aux factions les plus « modérées » également opposées à
Assad ont fini entre les mains de radicaux. Les groupes modérés ont eux-mêmes
rejoint des factions de plus en plus radicales, et emmené avec eux les armes
offertes par les Etats-Unis. D’autres groupes modérés ont été capturés ou
décimés, et leurs armes ont aussi fini entre les mains de radicaux. Les
factions les plus radicales se sont ainsi de mieux en mieux équipées et mieux
entraînées, ayant occasionnellement subi des attaques d’avions de chasse
américains ou alliés.
Ne pensez-vous pas que ce
soit là le cocktail parfait pour le genre de désastre qui vient de se
produire à Paris ? Les Français ont été très actifs dans leur livraison
d’armes aux groupes syriens même les plus radicaux, et cherchent encore à
gagner davantage d’influence dans la région. Pourquoi refusent-ils encore de
croire en le concept du contre-coup ? Peut-être parce que l’idée qu’ils « nous
détestent parce que nous sommes libres » facilite l’escalade du conflit
à l’étranger et les mesures de répression à l’échelle domestique ?
Cette idée n’est
peut-être pas populaire à une heure où les émotions sont à vif et où beaucoup
demandent le bombardement du Proche-Orient, mais c’est une autre manière d’aborder
le problème. Il existe une alternative à l’intervention militaire pour faire
face à ce problème, qui n’est autre que le fruit d’une intervention militaire
plus ancienne.
La solution est de
rejeter les militaristes et les isolationnistes. Elle est de rejeter enfin la
politique du « renversement de régime » au service des objectifs de
l’Occident, que ce soit en Irak, en Lybie, en Syrie ou ailleurs. Elle est de
rejeter l’idée selon laquelle il est raisonnable d’envoyer des millions de
dollars d’armements aux « modérés » du Proche-Orient et de penser
que rien ne finira entre les mains des radicaux.
Plus de bombes ne
changeront rien au Proche-Orient. Mais une autre approche plus prometteuse
est actuellement critiquée par les isolationnistes de Washington. Les accords
nucléaires passés avec l’Iran mettent fin aux sanctions des Nations-Unies et
ouvrent le pays au commerce international. La semaine dernière, les Présidents
de la France et de l’Iran se sont rencontrés pour discuter d’un certain
nombre d’accords commerciaux. D’autres pays ont suivi. Le commerce et le
respect de la souveraineté nationale sont un premier pas dans la bonne
direction, mais Washington ne semble pas le comprendre. Les candidats
présidentiels cherchent désespérément à être celui qui frappera du poing le
plus fort sur la table contre un accord avec l’Iran. Ils utiliseront cette
attaque pour faire campagne contre des discussions avec l’Iran, malgré le
fait que l’Iran ait aussi condamné les attaques et soit aussi l’ennemi d’Isil.
Voici une alternative :
concentrons-nous sur l’établissement de relations commerciales amicales,
cessons d’envoyer des armes, abandonnons notre politique de « renversement
de régime » et autres manipulations, respectons les souverainetés
nationales, et continuons de protéger nos frontières face à ceux qui
pourraient nous vouloir du mal.
Abandonnons les
politiques échouées du passé, avant qu’il soit trop tard.