Mes chères
contrariées, mes chers contrariens !
Évidemment, à 48
heures de l’échéance, le monde a les yeux rivés
sur Washington. Barack Obama devait recevoir ce soir vers 19 heures les chefs
de file du Congrès et tous les grands mamamouchis que compte la
capitale américaine en quête d’un compromis budgétaire.
Ce qui est sûr, c’est qu’il
s’agit là de l’ultime super production US qui repousse les
limites du suspense à des limites jamais atteintes.
Vendredi dernier, les Bourses
mondiales montaient et de beaucoup sur des rumeurs d’accord. Les
républicains avaient proposé un report de
l’échéance de 6 semaines afin de laisser du temps au
temps. Cette proposition a finalement été rejetée le
lendemain (mais les marchés étaient fermés) par Barack
Obama lui-même sans vraiment de justification ni d’explication
à part le « je ne négocie pas un pistolet sur la tempe
» (bons vieux restes du temps du far west),
et un argument carrément stupide et risible qui est le suivant :
« Dans 6 semaines, c’est la période des achats de
Noël. Donc il ne faut pas la gâcher avec des négociations… »
C’est vrai ça, il a raison Barack. Dans 6 semaines, on va
commencer à acheter les cadeaux, alors faire faillite à ce
moment-là, ce ne serait pas drôle et cela pourrait même gâcher
un tant soit peu la fête. Du coup, Barack Obama défend
l’idée de faire faillite tout de suite. Comme ça, nous
sommes sûrs qu’il n’y aura aucun achat à
Noël… Donc j’avoue que cette argumentation m’a
laissé pour le moins complètement pantois.
Personne parmi les « zobservateurs » autorisés, comme le disait
Coluche, n’a pourtant relevé ces contradictions
particulièrement inquiétantes. Mais il y a de quoi se gratter
la tête, et d’ailleurs toute cette histoire est assez
incompréhensible quel que soit le bout par laquelle on la prend.
Que se passera-t-il jeudi s’il n’y a pas
d’accord ?
Avec un peu de chance, pas
grand-chose le jeudi même. En effet, selon une estimation du Bureau du
budget du Congrès (CBO), les premières difficultés
financières auront lieu entre les 22 et 31 octobre. Tout dépend
de l’argent que le Trésor aura dans ses caisses à ce
moment-là et des paiements qu’il aura à effectuer. En
gros, le véritable problème avec des échéances
importantes du type paiement de la retraite des fonctionnaires c’est pour
le 23 octobre pour quelques dizaines de milliards de dollars. Et là,
cela va coincer.
Donc le jeudi, sans doute une bonne
panique sur les marchés qui réaliseront que l’accord ne
s’est finalement pas fait, y compris à minuit-moins-une, et une
telle hypothèse n’est pas du tout prise en compte par les
marchés. Nous pourrions donc avoir un beau petit krach compris entre 3
et 7 % en tout cas pour le jeudi. Le vendredi pourrait être saignant.
On adore les vendredis noirs, sur les marchés, en plus ce sera un jour
de liquidation me semble-t-il mais c’est à vérifier.
Côté conséquences
concrètes, la FED injecte déjà tout ce qu’il faut
et les fonctionnaires ont déjà été virés
il y a 3 semaines, ce qui devrait nous éviter quelques images
horribles du type crise Argentine en 2001.
Le marché obligataire
prendra une claque monstrueuse et cela devrait tanguer très fort en
Europe car si les USA font défaut… qu’attendre de la part
de pays comme la Grèce, l’Italie, Chypre ou l’Espagne.
Nous passerons le premier week-end a peu près
tranquillement. La semaine prochaine commencera en revanche à voir les
choses s’aggraver. Les premières banques devraient commencer
à vaciller, les paniques bancaires pourraient revenir. En quelques
semaines, une grande partie du commerce international devrait commencer
à se geler. Il n’est pas sûr que les Chinois envoient
autant de marchandises que prévues et les premières
restrictions pourraient se faire sentir. La pénurie organisée
serait aussi une arme de rétorsion de la part de Pékin.
Vous pouvez continuer à
décliner ce scénario jusqu’à la suppression des food stamps
(évoquée par les républicains) qui finirait au bout de
quelques repas par déclencher des émeutes de la faim et
finalement la mise en place de la loi martiale… par exemple. Mais cela
n’arrivera JA-MAIS.
Je vous reproduis ci-dessous les meilleurs moment d’une dépêche AFP
du jour. Elle vaut le détour.
USA/Un défaut de paiement américain aurait
des « conséquences dramatiques » (Rehn)
« Un éventuel
défaut de paiement des États-Unis pourrait avoir des
conséquences dramatiques pour l’économie mondiale, a mis
en garde lundi le commissaire européen chargé des Affaires
économiques, Olli Rehn.
» Nous sommes parfaitement d’accord et c’est ce que
j’ai essayé de vous décrire brièvement un peu plus
haut.
Pour le Gouverneur de la Banque de
France, Christian Noyer, « une impasse provoquerait un coup de tonnerre
sur les marchés financiers, des turbulences mondiales
extrêmement violentes et profondes. » Nous sommes parfaitement
d’accord aussi.
Et le meilleur pour la faim et la
fin : « Un responsable européen de haut rang, s’exprimant
la semaine dernière sous couvert d’anonymat, avait lui aussi
estimé qu’un défaut américain pourrait avoir un
impact économique considérable, tout en reconnaissant qu’il
n’y avait pas grand-chose à faire pour se préparer
à une telle éventualité. »
Et là, évidemment,
lorsque j’ai lu cette phrase mon sang n’a fait qu’un tour.
Bougre d’âne, crétin des Alpes, abruti, ectoplasme, bien
sûr qu’il y a des choses à faire pour s’y préparer
et se protéger, voire même avec un peu de chance gagner de l’argent.
Acheter des BX4
FR0010411884, c’est le code
ISIN qui permettra à votre banquier ou à votre ordinateur
d’acheter cette valeur éligible au PEA car la vie est belle. Il
s’agit d’un tracker qui réplique
la performance inverse du CAC 40 avec effet de levier. En gros, si le CAC 40
perd 10 %, vous vous gagnez presque 20 %… Attention, s’il y a un
accord et que c’est l’euphorie, vous perdrez 2 fois plus à
chaque point de hausse du CAC 40.
Personnellement, j’ai converti 100 % de mon PEA en BX4 lundi
matin… Je vous avoue que c’est un peu radical comme technique,
mais que voulez-vous, je suis très joueur. Ne le dites surtout pas
à ma femme, si elle l’apprend vous n’êtes pas
prêt de relire un édito, elle risque de m’enchaîner
et de m’attacher dans la chambre avec interdiction de toucher à
un clavier d’ordinateur, donc chuuuuut.
S’il n’y a pas
d’accord et qu’il y a un krach… vous allez vous enrichir,
s’il y a un accord cela est déjà pas mal dans les cours,
il y aura sans doute une petite poussée de fièvre, mais vous
aurez le temps de couper votre position avec quelques pour cent de
perte… Bref, en ce qui me concerne, je prends le pari, mais cela reste
un pari et c’est risqué, donc âme sensible
s’abstenir et ne venez pas me reprocher un mauvais placement. Vous
êtes des grands.
Donc on peut se protéger
dans une certaine limite des krachs boursiers et vous pouvez couvrir votre
portefeuille d’actions avec ce tracker. Ce
n’est pas une fatalité.
Faire les courses.
Si c’est vraiment la faillite
avec un vrai défaut de paiement américain, il y aura
très rapidement de grosses pénuries. Cela nous fera vraiment
très bizarre, nous qui étions habitués à une
immense abondance. Vous pouvez donc commencer par faire le plein de
provisions et de produits de première nécessité pour
plusieurs mois. En Bolivie, au moment où j’écris ces
lignes, il y a pénurie de papier toilette. On se rend compte de
l’importance du papier toilette quand il y en a plus. Ce qui fait dire
à certains que lorsque cela arrive… c’est la merde. Ce qui
ma foi est somme toute assez juste bien qu’un peu trivial.
Stockez, stockez et stockez encore,
vous savez, c’est le fameux PEBC dont je vous parle depuis plusieurs
mois mais ce n’est pas par hasard. Là encore, il y a des choses
à faire et ce n’est pas une fatalité. Sinon vous pouvez
suivre les bons conseils du responsable européen de haut rang et
anonyme et attendre d’avoir faim, ce qui devrait arriver assez
rapidement…
Sortir du cash.
Rien ne dit que vous pourrez avoir
accès à votre argent. Alors évidemment, sortez des sous.
Du cash. Il sera encore accepté quelques jours, le temps que tout le
monde finisse par comprendre qu’éventuellement il ne vaut plus
rien. À ce moment-là, il sera toujours temps de vous
reporter au problème bolivien et vous trouverez naturellement un autre
usage à votre cash.
Dans un premier temps, il vous
servira. Ce serait le cas par exemple si nous avions à faire face
à une situation du type chypriote. Là aussi cela
n’arrivera jamais, même si le FMI donne de bons conseils à
nos dirigeants du type « piquons-leur à tous 10 % de leur
sous »… C’est tellement facile. Mais c’est vrai
qu’il n’y a pas grand-chose à faire… il faut juste
que, comme tout bon mouton, vous attendiez patiemment l’heure de la
tonte. Ou pas.
En ce qui me concerne, c’est
‘ou pas’. Cash, maison avec potager, or, argent et boîtes
de conserve avec le strict minimum en banque. Ils peuvent toujours venir me
« chyprer » mon fric, je ne les paierai
qu’en boîtes de raviolis.
Si vous n’avez pas beaucoup
de sous, et bien dépensez ! Faites-vous plaisir. Tout ce qui est pris
n’est plus à prendre. Essayez quand même d’acheter
des choses utiles pour plus tard. Par exemple j’ai toujours voulu des
bottes de neige trèèèèès
chaudes et de très bonne qualité. Ça coûte
vraiment cher ces trucs-là (j’ai froid au
pieds). Eh bien cette année, je vais me faire plaisir et
m’acheter ma super tip-top paire de bottes de
neige. Au moins, j’aurai les pieds au chaud, ce qui rendra la
misère plus supportable.
Acheter de l’or et de l’argent.
Évidemment, cela on ne vous
le dira pas non plus. Attendez jeudi de préférence et
l’absence d’accord ; comme ça l’or que vous voudrez
acheter vous coûtera 38 % plus cher, si vous en trouvez… Car il
ne faut pas se leurrer. Si les USA sont en défaut de paiement…
personne ne voudra vous vendre son or. Tout le monde le gardera.
Résultat : ce ne sera pas une question de prix mais de
disponibilité. Il n’y en aura tout simplement pas à
vendre. Pas parce qu’il n’y en a pas (il y en a plein) mais parce
que personne voudra vous l’échanger contre des billets dont on
ne sait pas ce qu’ils vaudront quelques jours plus tard…
Alors évidemment,
n’attendez pas jeudi d’être fixé. Achetez
maintenant, de toute façon l’or n’est pas très cher
et très loin de ses plus hauts, ce qui vous donne une protection
convenable en cas de nouvelle baisse.
L’or baissera certainement
s’il y a accord. Dans le cas contraire, ce sera des journées
mémorables. Celles que j’attends à plus 10, plus 20 et
pourquoi pas même un plus 38 % en une seule journée, car si la
première économie du monde tombe, l’or n’aura tout
simplement presque plus de prix. Tout le monde en voudra, et très peu
seront servis.
Mais cela n’arrivera JA-MAIS
et si cela arrivait comme le dit cet âne bâté de haut rang
et anonyme, il n’y a pas grand-chose à faire pour se
préparer… Alors que si. Mais personne ne vous le dira. Au bout
du compte, nous sommes chacun responsables de notre sort et de celui de notre
famille. Dire que ce n’est pas ma faute, que l’on ne pouvait pas
savoir, ne vous remplira pas la panse dans une période de disette. Un
plan épargne boîtes de conserves si. À vous de
choisir. Restez à l’écoute.
À demain… si vous le
voulez-bien !!
Charles
SANNAT
Dépêche AFP
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