Tiens comme c’est bizarre,
plusieurs grandes banques internationales annoncent des pertes importantes
pour le dernier trimestre 2012, comme le Crédit Agricole, Commerzbank, UBS.
L’une des plus grandes banques italiennes, Monte dei Paschi, est au bord du
dépôt de bilan, le hollandais SNS Reaal a été nationalisé en catastrophe. Et
nous qui pensions que la crise était terminée, vraiment comme c’est étonnant…
A chaque fois les dirigeants
des banques parlent « d’éléments exceptionnels », sous-entendu
c’est juste un accident de parcours. En y regardant de plus près on se rend
compte que cela n’est en général pas vrai.
Il y a d’abord les séquelles
de la crise de 2008, qui sont loin d’avoir disparu contrairement à ce que
veulent nous faire croire les banquiers. SNS Reaal tombe à cause de
l’immobilier. Pas des subprimes américaines, non, de l’immobilier
néerlandais : les prix sont élevés et les ménages très endettés. Mais la
bulle n’a pas encore éclaté, qu’est ce qui se passera quand ce sera le
cas ?
Monte dei Paschi chute à cause
des CDS. On pensait que les banques avaient retenu la leçon, il faut croire
que non. D’ailleurs on peut noter que lorsqu’elles sont au bord du gouffre,
les banques révèlent leur exposition aux produits dérivés, façon de dire
« sauvez-moi sinon je fais tout exploser ». Dexia a fait de même
récemment. On le sait, toutes les banques ont des produits dérivés,
potentiellement explosifs, mais pour l’instant, elles gèrent. C’est très
rassurant.
Le Crédit Agricole paye ses
investissements hasardeux en Grèce (la banque Emporiki) et semble cette fois
en avoir fini, mais toutes les banques qui possèdent des filiales dans des
pays en difficulté sont exposées à des pertes significatives.
Des affaires ressortent :
la Barclays est soupçonnée d’avoir prêté plusieurs milliards au fonds
souverain du Qatar pour qu’il les apporte en capital, afin d’éviter à
l’époque de subir une nationalisation partielle comme plusieurs autres
banques britanniques…
La crise de 2008 est loin
d’avoir été soldée, et il apparaît désormais de nouveaux risques.
Il y a l'affaire du Libor, qui
a déjà coûté de fortes amendes (11 milliards d'euros aux 5 grandes banques
britanniques), et ce n'est pas fini, nombre d’actions juridiques étant en
cours. Du côté de l'Euribor, la Société Générale vient d'être mise en cause
en Italie. Les manipulations des taux de référence n'ont pas fini de faire
parler d'elles.
Un autre scandale touche les banques
britanniques : Barclays, HSBC, Lloyds et RBS sont accusées d’avoir vendu
des produits dérivés aux PME en infraction avec la réglementation en vigueur.
La facture pourrait atteindre, selon les experts, entre 1,5 et 10 milliards
de livres. Cette somme s'ajoutera aux 12 milliards de livres de
dédommagements déjà prévus pour dédommager les ménages victimes de la vente
forcée d'assurance-emprunteur baptisées PPI (Personal payment insurance).
D'autres affaires plus sombres
apparaissent, comme celle qui accuse le parti au pouvoir en Espagne et le
chef du gouvernement Mariano Rajoy d'avoir touché des pots de vin de la part
des banques au moment de la bulle immobilière. Une même accusation émerge au
Portugal avec la banque BPN.
Immobilier, investissements
douteux, produits dérivés, manipulations diverses, les risques sont encore
bien présents. Pire, les banques ne semblent aucunement être devenues plus
vertueuses après la crise de 2008. « L’aléa moral » joue ici à
plein : les banques et les banquiers n’ont pas payé le prix de la crise
de 2008, alors pourquoi changer de comportement ?