Picsou est une
véritable icône du royaume de Disney. Une icône
contestée, tant sa pingrerie, son absence de
générosité – même à
l’égard de sa famille – et son caractère grincheux
passent mal aux yeux d’une frange du public.
Néanmoins,
la lecture de La Jeunesse de Picsou,
récemment rééditée,
devrait permettre de réconcilier une partie des critiques avec son
personnage.
Dans ce
volume, on apprend comment le fameux canard a amassé sa fortune. Ce
chemin vers la richesse a été semé
d’embûches.
Rappelons
d’abord que Picsou n’est pas né avec une cuillère
en argent dans la bouche. Ses parents étaient pauvres. Ils
étaient, certes, les héritiers de droit d’un
château délabré mais ils ne l’occupaient que sous
la pression, notamment de voisins qui y faisaient paître leurs moutons.
Malgré
leur faible état de fortune, les parents de Balthazar Picsou
nourrissaient de grands espoirs en leur chérubin. Pour autant, alors
qu’il semblait, à chaque fois, sur le point de tutoyer la
« gloire financière », Balthazar Picsou
échoua à de maintes reprises, la liste de ses ennemis
s’allongeant considérablement.
Et c’est
d’ailleurs la première qualité qu’on peut louer
chez ce canard : sa détermination à toute épreuve,
là où tout le monde aurait jeté l’éponge.
De même,
Picsou n’était pas seulement un être moralement
invincible : il était également capable de prouesses
physiques retentissantes, mettant à bas tous ses ennemis, sans
être jamais réellement secondé par un quelconque
allié.
Au
début du second quart de l’ouvrage, Picsou devint
propriétaire d’une prometteuse mine de cuivre. Le début
de la fortune ? Non. Car, au moment où il semblait enfin sur le
point de rayonner, il reçut un télégramme de sa famille,
l’enjoignant de rentrer en Écosse, pour l’aider à
payer les taxes du château. Ce qu’il fit. Preuve que son esprit
de famille n’était pas une coquille vide, contrairement à
ce qu’on pourrait soupçonner.
Les
épisodes subséquents jetèrent, en outre, le
discrédit sur les forces de police, souvent corrompus et participant
quelquefois, sans raison réelle, à la cabale populaire à
son encontre.
On y voit
notamment un policier tenter de s’emparer de son filon d’or,
profitant de la haine nourrie par la population de Dawson City à son
encontre. À ce sujet, on pourra noter incidemment que
Frédéric Bastiat avait raison lorsqu’il indiquait que le
droit de propriété privée était antérieur
et supérieur à toute législation humaine. Auquel cas,
les hommes de l’État ou n’importe quel fonctionnaire
pourraient profiter
de leur pouvoir à des fins contraires aux intérêts des
particuliers.
Finalement,
Picsou, après plusieurs tentatives avortées, parviendra
à faire fortune. On peut dire que l’acte fondateur est le moment
où il découvrira, par hasard, cette énorme pépite
d’or qui le rendra millionnaire.
Petit à
petit, ses liens avec ses sœurs se tendront. Ces dernières lui
reprocheront d’avoir changé et de faire des affaires de
façon de plus en plus malhonnête. Chose qui n’est pas
complètement vraie : Picsou respecte généralement
les lois et ce n’est pas son écart de conduite (regrettable, certes)
en Afrique qui doit modifier notre appréciation du personnage. En
outre, lesdites sœurs ne sauraient décemment porter un jugement
objectif sur Balthazar, tant le comportement de ce dernier ne peut que
dépendre des épreuves qu’il a dû endurer pendant
des décennies.
Au final,
Picsou parviendra à atteindre son rêve : devenir
l’homme le plus riche du monde. Mais la solitude le grignotera et
amoindrira considérablement son sens des affaires. Ses entreprises
fermeront et – belle morale de l’histoire – il ne
« rajeunira » qu’après avoir revu son
neveu, Donald, et avoir fait la connaissance de ses dynamiques petits-neveux,
Riri, Fifi et Loulou.
L’esprit
de famille a ainsi repris le dessus et on ne peut que se réjouir de
voir que, finalement, c’est ce lien social qui a rendu toute sa verve à
Picsou et à son armure sentimentale.
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