Dans
« Le Diable
rouge », pièce d’Antoine Rault
monté au théâtre avec Claude Rich
dans le rôle de Mazarin,
sen trouve ce dialogue imaginaire entre un Mazarin vieillissant et son
disciple Colbert :
Colbert :
Pour trouver de l’argent, il arrive un moment où tripoter
ne suffit plus. J’aimerais que Monsieur le Surintendant
m’explique comment on s’y
prend pour dépenser encore quand on est déjà
endetté jusqu’au cou…
Mazarin :
Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est
couvert de dettes, on va en prison. Mais l’Etat…
L’Etat, lui, c’est différent. On ne peut pas jeter l’Etat
en prison. Alors, il continue, il creuse la dette ! Tous les
Etats font ça.
Colbert :
Ah oui ? Vous croyez ? Cependant, il
nous faut de l’argent. Et comment en trouver quand on a
déjà créé tous les impôts
imaginables ?
Mazarin :
On en crée d’autres.
Colbert :
Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont
déjà.
Mazarin :
Oui, c’est impossible.
Colbert :
Alors, les riches ?
Mazarin :
Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre
des centaines de pauvres.
Colbert :
Alors, comment fait-on ?
Mazarin :
Colbert, tu raisonnes comme un fromage (comme un pot de chambre sous le
derrière d'un malade) ! Il
y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni
riches… Des Français qui travaillent, rêvant
d’être riches et redoutant d’être pauvres !
C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus
! Ceux là ! Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour
compenser… C’ est un
réservoir inépuisable.
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