Emprunts, crédits, QE, Fed et dettes...
Un peu plus de sottises en provenance de la monnaie américaine bon marché,
au collège, dans les marchés émergents, partout…
L’or et
l’argent ont tous deux
effacé la baisse de jeudi dernier quand les derniers chiffres des emplois non
fermiers US ont été publiés. Configurez votre graphique
d’une semaine des cours de l’or et des cours de l’argent pour admirer l’idiotie.
[Pourquoi vous ennuie-t-on avec les emplois américains et non pas les
emplois français ? L’emploi US déterminera la politique de la Fed
concernant l’assouplissement quantitatif, lui-même influençant les
cours de l’or.]
Mais est-ce que les chiffres des emplois non fermiers du mois d’août
étaient vraiment non sensiques ? Diminuer le
chômage est l’un des deux mandats de la Réserve fédérale américaine (l’autre est la lutte contre l’inflation). Et quoi que fasse la Fed ou non lors de la
réunion sur l’assouplissement quantitatif la semaine prochaine, le président
de l’institution américaine, Ben Bernanke, a fait
du taux de chômage de 7,0% une condition clé pour toute discussion concernant
l’augmentation des taux d’intérêt en dollar à partir de zéro.
La baisse du taux de chômage le mois dernier à 7,3%, cependant, a montré
que d’autres choses se passaient avec les emplois américains
autres que les embauches et les licenciements. Notons : Les gens
délaissent le marché de l’emploi dans son ensemble. Notons encore : ce
sont les hommes et femmes de moins de 35 ans. Les moins de 24 ans ont
complétement disparu !
La crise de l'emploi US par groupe d'âge.
Perdre les jeunes salariés au profit de l’aide sociale est mauvais, les
perdre au profit de l'éducation supérieure est bien, ou c’est ce que tout le
monde pense. Personne n’est encore sûr quelle voie la génération Y a choisi.
Mais même l’éducation, malheureusement, est une autre voie de garage. Du
moins de la façon dont on le compte aujourd’hui, en dollars et en cents,
plutôt que simplement pour le bien de savoir des trucs. Car maintenant le
gouvernement a fait de l’éducation supérieure un objectif social.
Les prêts aux étudiants sont un scandale, comme le montrait le mois
dernier le magazine Rolling Stone. Cela ajoute aussi au fardeau
de la dette personnelle américaine. En même temps, repousser l’âge de
l’éducation dans le début de l’âge moyen empiétant sur la capacité de revenus
des personnes ne fait qu’empirer le ratio de dépendance des travailleurs
salariés / les paresseux.
Mêmes les diplômés d’économie sont en train de comprendre que si l’on
continue de pomper de la monnaie dans le marché, les prix continueront de
monter. Ceci double lorsque la monnaie est empruntée, comme l’a montré la
bulle des subprimes. Les chiffres montrent le coût
annuel pour aller à l’université, en termes réels ajustés de l’inflation,
multiplié par deux ou trois au cours des trente dernières années. Est-ce que
l’amusement, l’instruction et les bénéfices de cette éducation ont aussi été
multipliés par trois ?
Un investissement pour le futur
Rendez l’argent disponible à ceux qui veulent être étudiants,
propriétaires de logement, ou retraités, et ils le prendront. Surtout s’ils
croient en la blague que c’est un investissement pour le futur. Leurs
vendeurs, agents, universités et intermédiaires reprendront cet argent de
leurs mains. Le coût d’une éducation, d’un emprunt ou d’une retraite aura
bien sûr augmenté plus vite que tout « rendement » que peut offrir
un diplôme, une maison ou un produit de pension.
« Beaucoup d’analystes du secteur financier voient le problème comme
étant conçu dans une ingénierie sociale mal préparée, un désir irréaliste
d’envoyer autant de gosses que possible à l’université, qui reflète les
objectifs de propriété immobilière établie par l’Etat [et] que beaucoup de
conservateurs pensent toujours qu’ils ont alimenté la crise des
hypothèques », écrit Matt Taibbi dans
l’article de Rolling Stone de ce mois.
« D’autres… voient l’argent facile [rendu disponible par les emprunts
étudiants sous subvention étatique] comme une énorme allocation pour une
industrie de l’éducation qui a dépensé entre 88 et 110 millions de dollars US
pour faire pression sur le gouvernement chaque années ces six dernières
années, et historiquement a dépensé imprudemment sans s’inquiéter de qui
paiera la facture : parents, états, gouvernement fédéral, jeunes gens,
n’importe qui. »
Prix moyen d'un an d'université ou college
américain entre 1980 et 2010
Ce n’est pas vraiment un mal américain unique, bien sûr. Le jour où de
nouveaux chiffres ont montré que les nouveaux acheteurs de logement
britanniques ont besoin d’une caution de 64 000 livres sterling, le nouveau
président de la Banque d’Angleterre a affirmé « il ne serait pas logique d’étrangler la reprise en augmentant
prématurément les taux d’intérêt ».
Mais revenons à la source de l’argent facile, cependant, avec la décision
la semaine prochaine par la Fed de diminuer l’impression de monnaie par la
banque centrale américaine qui ne constitue plus une question domestique. Le tapering du QE a fait mal aux marchés émergents,
car le QE a injecté de l’argent frais. Oui, le sommet du G20 à St Petersburg
a su éviter trop de désagréments sur le sujet, tout comme il a
évité de déclencher la troisième guerre mondiale entre les Etats-Unis et
la Russie concernant la Syrie. Mais maintenant Christine Lagarde du FMI a le même discours que les
dirigeants asiatiques et sud-américains en affirmant que Washington
devrait aussi adopter son rôle de première pompe à liquidité au monde.
Vous pouvez voir ce qui est en jeu en un coup d’œil au marché boursier ISE
en Turquie, un pays émergents qui souffira du tapering, par exemple…
Les Etats-Unis prennent leur rôle de police du monde très au
sérieux
Les économies les plus pauvres mais celles ayant une croissance la plus
rapide ont aussi besoin de plus de monnaie qui sort de la Fed, selon Lagarde.
Pas étonnant qu’autant d’entre elles choisissent d’acheter de l’or
dès qu’elles accumulent des épargnes disponibles.
Les étudiants universitaires américains pourraient bien se demander quand
les robinets de la monnaie bon marché vont se fermer. Le premier à avoir soif
se sentirait sans aucun doute mis à l'écart au début. Mais est-ce que leurs
pertes seront plus importantes que celles des derniers à se noyer ?
Une demi-décennie après la chute des frères Lehman
et du sauvetage d’AIG, « la nature du système monétaire économique
centré sur le dollar n’as pas été réparée », a écrit Steven Barrow, un
stratège des devises chez Standard Bank à Londres. « En fait, c’est
probablement bien pire étant donné les tactiques monétaires de la Fed ces
cinq dernières années ».
Reprenons : Un policier qui propose des emprunts pas chers... Serons-nous
jamais libre ?