Porto Rico, territoire non incorporé des États-Unis des Grandes
Antilles, devrait faire défaut aujourd’hui sur sa dette de 70 milliards de
dollars alors qu’hier, son gouverneur a autorisé la suspension des
remboursements sur sa dette de type « obligation générale ».
Comme nous l’apprend cet article de Reuters, le territoire américain doit
rembourser 1,9 milliards de dollars ce 1er juillet 2016, dont 780 millions de
dollars d’obligations générales (obligations locales américaines, qui sont en
principe garanties par la levée de taxes foncières additionnelles si le gouvernement
local ne parvient pas à honorer ses obligations). Ce qu’il ne fera pas. De
l’article de Reuters :
« L’ordre exécutif du gouverneur de Porto Rico, Alejandro Garcia
Padilla, a été paraphé quelque minutes après que le président Obama ait signé
une loi entérinant la création d’une entité de supervision sur Porto Rico,
lui conférant l’autorité de restructurer la dette de 70 milliards de dollars
de l’île.
« Dans ces circonstances, ces ordres exécutifs protègent les
ressources limitées des organismes publics concernées par ces
ordres en empêchant la saisie par les créditeurs, ce qui priverait les
habitants de Porto Rico de services de base, » a déclaré
l’administration de Garcia Padilla dans un communiqué.
Cela fait une décennie que Porto Rico, où vivent 3,5 millions
d’Américains, se bat contre la baisse d’activité pour empêcher un
effondrement économique, inverser un taux de pauvreté de 45 % et enrayer
l’émigration galopante qui n’a fait qu’exacerber son déclin économique.
Garcia Padilla a autorisé la suspension des paiements des obligations
générales dans le cadre d’une loi préalable instaurant un moratoire de
sa dette, moratoire qui a déjà été remise en question par une plainte déposée
par les créditeurs devant la Cour de District de Manhattan.
Dans la foulée, Garcia Padilla a également décrété l’état d’urgence pour
la caisse de retraite la plus importante de l’île, le Commonwealth’s Employee
Retirement System, ainsi que pour l’université de Porto Rico et d’autres
organismes publics. » (…)
Selon Nathan McDonald de Sprott Money, le cas de Porto Rico est
emblématique :
« L’histoire du défaut de Porto Rico est un nouvel exemple du système en
déliquescence des élites. L’establishment tente désespérément de maintenir en
vie aussi longtemps que possible son système cassé basé sur le papier,
en engrangeant un maximum de profit avant son implosion.
Le Sénat américain a joué son rôle dans cette farce alors qu’il a voté un
plan de sauvetage à une écrasante majorité hier, s’assurant que Porto Rico,
comme la Grèce, n’ait pas à faire immédiatement face aux conséquences d’avoir
trop dépensé pour continuer de stagner. »