Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
« Le dénouement sera douloureux, achetez de l’or ! » C’est par cette simple phrase que l’ancien gouverneur de la FED, la Banque centrale américaine, Alan Greenspan a conclu sa démonstration sur l’avenir bien sombre de l’économie mondiale. Au même moment, au lieu de s’envoler, le métal jaune connaissait une baisse assez prononcée, alors qu’en plus le Japon venait d’annoncer l’ouverture illimitée des vannes de la création monétaire, ce qui ne peut mener à terme qu’à un effondrement de l’empire du Soleil « couchant » par un épisode hyperinflationniste.
Mais peu importe. Les marchés sont pour le moment heureux, béats de joie face à cet afflux d’argent-Monopoly qui va leur permettre à tous de jouer encore un peu. Combien de temps ? Nul ne le sait et d’ailleurs, finalement, cela n’a aucune importance dans un monde où le seul horizon de temps se compte en heures que dure une séance boursière, éventuellement en jours et au grand maximum sur un mois jusqu’au jour de la liquidation des positions prises et des appels de marges. Alors on joue, on joue encore et toujours dans une folle fuite en avant éperdue. La machine s’est emballée et de toutes les façons, personne ne veut ni ne peut la stopper sans entraîner, à très brève échéance, l’effondrement total et irrémédiable du système financier global.
Ce n’est pas moi qui le dis mais Alan Greenspan, et ce n’est pas n’importe qui !
De vous à moi, je ne pensais pas qu’Alan Greenspan, grand pourfendeur de l’or et de l’argent (métal) pendant la durée de son mandat de 1987 à 2006, nous dirait cela et à un tel moment qui plus est. Pour ceux qui ont un peu de mémoire, Alan Greenspan a été un gouverneur véritablement adulé, il était considéré comme un véritable oracle doué de dons exceptionnels et capable de faire face à toutes les situations économiques. Ses propos étaient scrutés comme ils ne l’ont plus jamais été par la suite et sa maîtrise de la langue de bois économique officielle était telle que chacun comprenait bien ce qu’il souhaitait entendre. D’ailleurs, Greenspan avait l’habitude d’expliquer, non sans malice, que « si vous avez compris ce que je voulais dire, c’est que je me suis mal exprimé » !! Tout un programme dialectique en somme. Il fut donc le grand mamamouchi de la plus grande banque centrale de la planète pendant presque 20 ans sous des administrations américaines aussi bien républicaines que démocrates.
Il a pris ses fonctions sous Ronald Reagan, ce qui ne nous rajeunit pas, à une époque où la guerre froide touchait à sa fin et où la monnaie, l’argent et le dollar ont été une arme utilisée pour abattre l’Union soviétique, il les quittera en 2006 sous la deuxième présidence de Bush Junior.
Âgé aujourd’hui de 88 ans, c’est un homme qui a traversé le siècle et le millénaire, une encyclopédie vivante qui aura affronté quelques grandes crises économiques et financières comme l’explosion de la bulle Internet ou encore les attentats du 11 septembre respectivement en 2000 et 2001. C’est d’ailleurs de ces deux immenses chocs subis par l’économie américaine et mondiale que vont naître les politiques monétaires expansionnistes que nous connaissons aujourd’hui. Alan Greenspan est le « père » des quantitative easing, c’est-à-dire de l’ère de l’argent gratuit. Évidemment, les marges dont il disposait il y a 10 ans n’étaient pas du tout les mêmes que celles d’aujourd’hui.
Un constat sans appel de l’ancien patron de la FED
Pour lui, « il ne sera pas possible pour la FED de dénouer sa politique monétaire ultra-accommodante sans provoquer des turbulences sur les marchés financiers ». En effet, « le programme de rachat obligataire de la FED (QE), qui vise à réduire le chômage et stimuler une croissance économique plus forte, n’a pas atteint ses objectifs »… Et c’est exactement l’analyse que je tente désespérément de partager avec le plus grand nombre depuis maintenant plusieurs années. Cela ne peut pas marcher et comme prévu… cela ne fonctionne pas. C’est logique car nous ne vivons pas une crise mais un changement profond de paradigme. Ce n’est pas une crise mais un changement de système.
D’ailleurs, Alan Greenspan le sous-entend très clairement dans son intervention lorsqu’il explique que « la demande effective est morte et l’idée de la stimuler via les rachats massifs d’obligations n’a pas fonctionné ». Fin de l’histoire et vous avez probablement d’ailleurs là la véritable raison de l’arrêt des QE par Janet Yellen, l’actuelle grande « timonière » de la FED. En poursuivant cette politique monétaire de QE, c’est le dollar qui sera menacé rapidement de perte de valeur. Alors que faut-il faire ? Sauver l’économie ou sauver la monnaie ? Et c’est exactement cette question soit-dit en passant que se pose l’Allemagne pour l’Europe. Sauf que pour les Allemands, la réponse est très claire. Sans une monnaie dans laquelle les agents économiques ont une véritable confiance, il ne peut pas y avoir de développement économique. Dans la vision allemande, il vaut mieux choisir de laisser s’effondrer l’économie, qui finira par repartir à un moment ou à un autre – ou pas –, plutôt que de laisser s’effondrer la monnaie car dans ce cas, le redémarrage économique ne pourra jamais avoir lieu tant qu’une monnaie acceptée par tous et crédible n’aura pas cours, or dans un marasme, introduire une nouvelle monnaie est toujours une gageure.
Pour Alan Greenspan surnommé également en son temps le « maestro », « l’histoire montre que les banques centrales ne peuvent que faire éclater les bulles » (et pas les maîtriser) et que cela est toujours « au prix d’un coût économique qu’il n’a jamais voulu payer » en tant que gouverneur de la FED.
Concernant l’Europe, une intégration totale ou la désintégration complète !
Particulièrement pessimiste sur l’avenir de l’euro, il a estimé que « la seule façon pour que la devise européenne survive est de réaliser une intégration politique complète des pays membres de la zone euro. À défaut de cette intégration, les déséquilibres augmenteront et conduiront en fin de compte à un effondrement de l’euro ».
Merci « il Maestro » car c’est exactement ce que je me tue à répéter un peu dans le désert depuis quelques années. Logiquement, Greenspan, qui est « si inquiet pour l’avenir », conseille aux investisseurs d’acheter en priorité de l’or comme valeur refuge… Cette conclusion est loin d’être anodine. Elle pourrait évidemment prêter à sourire comme vous avez été très nombreux à le dire dans vos courriels ce week-end. Pourquoi ?
Nous descendons la pyramide d’Exter et nous sommes presque à la fin…
Cet article serait trop long si je me lançais dans de grandes et doctes explications sur la pyramide d’Exter, donc je propose que ceux qui veulent en savoir plus ou se rafraîchir la mémoire pose la question à notre presque « meilleur » ami Google. Disons, pour être bref, qu’il s’agit d’un classement sous la forme d’une pyramide inversée de ce qu’il y a du moins « liquide » au plus liquide en cas de crise financière. Et John Exter était juste vice-président de la FED (dans la hiérarchie, c’est nettement plus en haut qu’écrivain public du blog du Contrarien Matin).
Tout en bas, dans les étapes successives d’une crise, les gens se reporteront d’abord sur les bons du Trésor américain (pour ceux qui n’ont pas vu avec des taux proches de zéro ce report a donc déjà eu lieu), puis après directement sur le billet vert, sur le cash, sur les billets en dollars et ce mouvement est actuellement en cours et l’on voit bien tout le monde se ruer sur le dollar avec la chute énorme du yen et la baisse de l’euro. Ensuite, lors de l’étape ultime et nous n’y sommes pas encore, tout le monde se reportera sur l’or. Nous serons tout en bas de la « pyramide d’Exter ».
Tout cela peut sembler très contradictoire, pourtant c’est très logique. Les investisseurs, encore une fois, n’ont pas de vision de long terme mais une approche court-termiste qui les fait passer d’une classe d’actifs à l’autre globalement en même temps pour pouvoir s’assurer des profits immédiats. On descend donc consciencieusement les étages de cette pyramide un par un et le passage de l’un à l’autre est difficilement anticipable en tout cas en termes de « timing ».
La baisse actuelle de l’or est liée à deux éléments.
Le premier est le fait que la FED « pourrait » augmenter ses taux d’intérêt. Comme le dit Greenspan, l’économie US (et mondiale) est bien incapable de supporter une hausse de taux dans tomber en récession puis en déflation et donc en faillite généralisée. Soit elle n’aura pas lieu, soit elle hâtera l’effondrement économique mais dans tous les cas, tant que les investisseurs pensent que la FED peut monter ses taux alors… cela fait baisser l’or qui, lui, ne « rapporte rien », l’or ne sert qu’à stocker de la valeur, il ne procure pas de rendement en soi. C’est d’ailleurs cette « neutralité » qui en fait tout son intérêt puisque le rendement obtenu d’un placement signifie que vos sous sont prêtés et le rendement provient de l’emprunteur qui, s’il n’est pas solvable, fera disparaître votre argent.
Le deuxième c’est que le dollar « monte », et lorsque le dollar monte comparativement à d’autres devises, les investisseurs préfèrent profiter de ce mouvement de hausse plutôt que de se retrouver « collés » sur l’or. Il en est de même lorsque les bourses montent. Les investisseurs préfèrent acheter des actions comme tout le monde et profiter de la hausse.
Je veux toujours insister sur le fait que nous ne sommes pas des « investisseurs ». Si vous voulez « spéculer » ou « trader », vous pouvez vous rapprocher d’un type comme Martin Prescott qui vous aidera à le faire au mieux mais n’oubliez pas que cela doit être pour vous amuser et uniquement avec une partie non significative de votre patrimoine car tout ce système va finir par plonger et s’effondrer dans un immense fracas. Lorsque l’on parle de gestion patrimoniale, on parle d’un horizon de temps de 30 ans, on parle de préserver le capital et le patrimoine d’une famille, on parle aussi évidemment de protéger au mieux ses proches et ceux que l’on aime. C’est dans cet optique-là que je vous conseille encore et toujours d’acheter de l’or et de l’argent, d’aller sur les actifs tangibles, de vous préparer une retraite avec un lopin de terre, un potager, quelques boîtes de raviolis.
Ce que nous devrons affronter ? Un effondrement économiques et les conséquences de l’effondrement économique !!
N’oubliez jamais cela. Être convaincu que tout cela va prendre fin n’est que la moitié du chemin, l’autre moitié c’est d’essayer d’anticiper les conséquences concrètes de l’effondrement financier du système mondial. Aucun pays ne sera épargné puisque l’économie est globalisée, mondialisée. Par conséquent, il n’y a aucun endroit où vos sous seraient à l’abri, aucune banque qui pourra en réchapper. Pour la première fois dans l’histoire d’un effondrement mondial, il n’y a rien, aucun ensemble capable d’absorber celui qui s’effondre, nous tomberons tous ensemble, en même temps.
Lorsque je vous dis qu’il est déjà trop tard, je vous parle des « solutions collectives et politiques ». Il n’y a rien à attendre à ce niveau-là comme cela n’a rien donné ou presque depuis 40 ans. C’est pour cette raison que le moment est venu de passer à votre préparation individuelle. C’est à vous de la définir dans le cadre de votre responsabilité individuelle et des législations en vigueur dans vos pays de résidence respectifs. Ce qui est certain, pour ceux qui en doutaient encore, nous sommes sur un point d’achat très intéressant actuellement sur les métaux précieux, l’or comme l’argent sont bas et l’argent d’ailleurs encore plus. Achetez ou renforcez sans hésitation. Si cela baisse encore ? Tant mieux, réjouissez-vous ! Et achetez en encore plus !! Comme le dit Greenspan, « le dénouement sera douloureux, achetez de l’or » !!
Il est déjà trop tard. Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)