1. Le coût de l'échange.
Parmi les expressions de l'économie politique bannies ou ignorées par un
grand nombre, économistes ou non, il y a la notion de "coût de
l'échange".
On parle de tout sauf du coût que cachent les échanges de toute nature que
nous menons, vous et moi, et que permet de connaître l'"économie
autrichienne".
Le plus souvent, dans les approches non autrichiennes de l'économie, l'acte
d'échange est cannibalisé par la production, résultat de l'acte de
production, et tout ce qui est associé à celle-ci (fonction de production,
productivité, coût de production, compétitivité, etc.).
Dans cette perspective, exemplaire est la fameuse théorie de l'équilibre
économique général qui a connu des firmaments d'intérêt au XXè siècle, dans la décennie 1930 ou après 1960.
Elle ignore la notion de coût de l'équilibre et celle du coût des échanges
qui y conduisent!
On parle d'équilibre, mais on est muet sur ses coûts.
L'équilibre économique n'aurait-il pas de coût et se ferait-il
sans coût de l'échange?
Alors que l'équilibre économique n'est jamais qu'une transposition de la
machine simple de la physique qu'est la "mécanique" et que la
physique en question a pour principe la "loi de l'économie",
autre façon de parler de la diminution perpétuelle du coût de l'échange de la
nature, la théorie de l'équilibre ne dit rien sur la notion.
Cela est pour le moins étonnant.
En vérité, elle identifie "échange" et "production", en
ne distinguant pas acte de vous et moi et résultat de l'acte, et met
l'accent sur la production, résultat, de façon absurde.
Sa méthode dite de l'équilibre, essentiellement mathématique, est à
critiquer au plus haut point.
2. Coût de l'échange et coût de transaction.
Parfois, la notion de coût de l'échange est confondue tout simplement,
volontairement ou non, avec celle de "coût de transaction" qui
n'est jamais qu'un anglicisme récent de l'économie dominante et dénaturé
en français.
En toute rigueur, en français, la transaction est un moment de l'échange,
celui du débat entre les parties. Elle passe après la rencontre des
parties et avant leur éventuel accord qui, en particulier, donnera lieu au
taux d'échange convenu, c'est-à-dire à un prix.
Le champ de bataille de la notion mérite attention (cf. texte de Allen, 1998,
par exemple).
3. "Difficultés" et "obstacles", la mauvaise
rhétorique.
Malgré cela, la place lui reste prise, depuis des lustres, par la fausse
notion de "difficulté" (ou son opposé, celle de
"facilité") et autres "obstacles" à on ne sait qui ou
quoi...
Ce ne sont que des jugements de valeur à l'emporte-pièce qui situent dans la
mauvaise rhétorique et non pas dans la science qu'est l'économie politique et
que refusent beaucoup, à commencer par des économistes.
4. Le deus ex machina.
Plus grave peut-être, il s'avère que l'ignorance que traduit la situation
ouvre la voie à un prétendu deus ex machina, à savoir les hommes de
l'Etat, pour créer des réglementations plus absurdes les unes que les autres,
jusqu'à ce qu'ils les abrogent... un beau jour, comme si de rien n'était.
Aucun homme de l'Etat ne saurait être omniscient.
Il n'est ni plus ni moins ignorant que vous ou moi.
Malheureusement, il dispose de la force violente contre toute chose (dont
vous et moi), au moins l'espère-t-il.
Et cette force violente porte sur les réglementations qu'ils peuvent
imposer... un temps.
Soit dit en passant, les mêmes feront confiance à des théories économiques
qui mettent de côté les règles de droit ou bien à des économistes qui
s'abreuvent aux théories précédentes.
Ils ne sont pas à une incohérence près.
5. Innovation et réglementation.
Le phénomène de l'innovation à quoi donne lieu, de temps à
autre, l'intelligence de vous ou moi, a réussi progressivement à
s'extirper de l'ignorance pour donner lieu à des connaissances.
Ce qu'on a dénommé "monnaie" était l'une d'elles.
Elle n'avait rien à voir avec les hommes de l'Etat (cf. ce texte de
Mises).
La démarche est allée de pair avec la diminution du coût
économique, en général, et avec celle du coût de l'échange, en
particulier.
Et le tout s'est accumulé pour le plus grand bien de chacun jusqu'au début du
XXè siècle.
A l'opposé, tel ou tel phénomène de réglementation, c'est-à-dire
de déformation ou de dénaturation des règles de droit, a été créé
un beau jour par les hommes de l'Etat, puis détruit un suivant, plus ou moins
éloigné, moyennant de grosses pertes extraordinaires entre temps supportées
par vous et moi, ou par nos ancêtres.
Et, au XXè siècle, la réglementation s'est
jetée sur la monnaie pour, sinon la détruire, au moins la dénaturer, moyennant
les pertes supportées par chacun, dont personne ne parle (cf. par exemple ce texte d'octobre 2010 ou celui-ci de septembre 2012).
6. Un dernier mot.
Rien ne justifie d'évoquer aujourd'hui "la monnaie" comme on
pouvait le faire au début du XXè siècle.
Un autre terme devrait être trouvé à moins qu'on redécouvre d'ici là ce
qu'est la vraie monnaie, à savoir un marché libre de la monnaie, une
concurrence entre les monnaies, bref des monnaies affranchies des méfaits des
réglementations des hommes de l'Etat.