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Pour un monde meilleur

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Paul Jorion.
Published : August 11th, 2009
846 words - Reading time : 2 - 3 minutes
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Category : Editorials





Ce texte est un « article presslib’ » (*)



Rendons d’abord à Jean Baby la paternité de ce titre, donné à un livre écrit en 1973 aux édition Maspéro, et qui s’efforçait, avec générosité mais non sans une candeur certaine, à décrire le nouveau monde et la société généreuse et solidaire pour lequel il a lutté en vain.

De quel monde pouvons-nous tenter de parler, non sans à notre tour nous permettre un brin de naïveté et d’utiliser notre part de rêve, quelque trente six ans après ?

Nous vivons une période assez surprenante : la crise financière et économique dans laquelle nous sommes plongés a largement dévoilé les mécanismes d’un système qui a implosé de lui-même et cherche à repartir, sans que cela lui soit garanti. La question se trouve ainsi ouvertement posée de sa finalité, de ses moyens, de son objet même. Il n’est donc pas interdit d’essayer d’y apporter une réponse, de réfléchir à une alternative, profitant de ces circonstances.

Une des descriptions possible de ce système est d’en faire une sorte de machine à fabriquer de l’insolvabilité, donc du crédit son corollaire. Afin de justifier son rôle social et ses profits (qui le sont moins), en contrepartie d’un « coût du risque » qu’il est censé assumer, mais devant lequel il se défausse. Vis à vis des particuliers (dénommés consommateurs), des entreprises (chargées de la production des biens et des services) ainsi que des collectivités et des Etats (responsables de la gestion des précédents). Nous parlons là des agents de ce qu’il est désormais convenu de dénommer « l’économie réelle », le reste ne l’étant donc pas !

Le jeu auquel nous sommes depuis peu instamment conviés, après des décennies de triomphes qui ont depuis tourné court, est de remettre sur ces pieds ce système, vu son rôle toujours présenté comme irremplaçable. Un vrai paradoxe, celui-ci n’ayant pas d’évidence fait ses preuves.

Mais, puisque nous savons désormais démonter son mécanisme, pourquoi le pas tenter de le remonter à l’endroit, puisqu’il apparaît que le monde marche avec lui sur la tête ? En partant tout simplement de ce qu’il a besoin. Le monde, pas le système !

Le monde a besoin de consommateurs, soit. Pourquoi ne pas assurer à ceux-ci une part correspondant à leur contribution dans la distribution des revenus provenant de la production, les dispensant de faire appel au crédit pour satisfaire à leur besoins élémentaires socialement reconnus ?

Le monde a besoin d’entreprises, entendu. Pourquoi ne pas doter celles-ci des fonds propres nécessaires à leur fonctionnement, sans entacher ceux-ci d’exigences de rentabilité qu’elles ne peuvent satisfaire ?

Le monde a besoin d’expressions élues de la collectivité, pourquoi alors diminuer leurs moyens régaliens, impôts et création monétaire ?

Quel nom pourrait bien porter une société gérée selon ces principes encore très généraux ? Qu’importe, car il n’y a pas de fétichisme à avoir dans ce domaine. De quels moyens celle-ci disposerait-elle pour accomplir ses missions ?

D’une fiscalité, aujourd’hui de tous les instruments de l’Etat le plus opaque et le plus injuste, et qui devrait être remise sur ses pieds.

D’une défense du patrimoine et des revenus de la rente financière, qui n’a pas d’autre finalité que de reproduire et accroître les inégalités sociales, et pourrait être reconsidérée.

D’une répartition des gains de productivités (de la « plus-value ») privilégiant sans autre raison que le rapport de force social le capital au détriment du travail, et qui devrait être revue.

Et, enfin, de transferts sociaux qui actuellement s’arrêtent en chemin et dont les critères d’attribution devraient être élargis au fur et à mesure que le travail salarié cesse de jouer un rôle social prédominant.

Enfin, l’histoire de l’usure se perdant dans la nuit des temps, celle de son interdiction est mieux connue. Pourquoi, en s’en inspirant, ne pas plafonner la rentabilité du capital, assortissant l’affectation de son revenu d’une réglementation favorable au développement économique, culturel et social ?

Les philosophes s’interrogent sur ce à quoi sert la philosophie et répondent : à tout, à condition d’en sortir ! Les financiers pourraient s’en inspirer


*Billet rédigé par François Leclerc


               

Paul Jorion

pauljorion.com


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(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.


Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).



Les vues présentées par Paul Jorion sont les siennes et peuvent évoluer sans qu’il soit nécessaire de faire une mise à jour.   Les articles présentés ne constituent en rien une invitation à réaliser un quelconque investissement.  . Tous droits réservés.




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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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